Vaccination : «C’est la meilleure arme que nous avons…»

Comme tout le monde, le Dr Lossany Touré, chirurgien général à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, a vu, depuis plus d’un an, sa vie chamboulée par la pandémie. Tant sa vie personnelle que professionnelle. Mais il assure que la vaccination constitue «la meilleure arme que nous avons pour sortir de la pandémie et revenir à une vie, ne serait-ce que de façon graduelle, à celle qu’on avait avant».

Il ne s’est donc pas fait prier pour joindre les rangs du nouveau groupe des ambassadeurs de la vaccination en Mauricie-Centre-du-Québec. «Je suis quelqu’un d’engagé dans ma communauté. J’ai donc été partant immédiatement. J’ai d’ailleurs été vacciné quand ce fut mon tour. Pour moi, c’est important aussi de véhiculer le message. C’est ainsi que nous retournerons à une vie un peu plus adéquate que celle que nous avons présentement», souligne-t-il en entrevue téléphonique avec le www.lanouvelle.net.

Comme tout le monde, le Dr Touré a été stupéfait de l’ampleur de la pandémie qui a bouleversé les habitudes de vie, les relations avec la famille, les amis.

Comme tout le monde, le chirurgien exprime sa hâte d’en sortir de cette pandémie. «J’ai hâte, moi, que mon fils né en janvier puisse se retrouver dans les bras de ses grands-parents. C’est pour ça, notamment, que je suis allé me faire vacciner. C’est pour ça que j’encourage les gens autour de moi et la population à faire de même, pour qu’on puisse retrouver notre famille, nos amis, pour qu’on puisse se côtoyer et se voir autrement que virtuellement», confie-t-il.

Du côté professionnel, la vaccination représente aussi, note le Dr Touré, la meilleure façon pour assurer un retour un peu plus à la normale des activités médicales. «Si, par exemple, vous attendez pour une chirurgie de la hanche, chirurgie retardée en raison du délestage, la meilleure façon qu’on a de vous opérer plus rapidement, c’est que le plus grand nombre possible de gens se fasse vacciner», plaide-t-il, assurant de l’efficacité de la vaccination qui diminue clairement les hospitalisations et la mortalité.

Le délestage a certes causé beaucoup de retard dans les chirurgies, particulièrement au début de la pandémie. «On a observé ensuite une certaine accalmie entre les différentes vagues, ce qui nous a permis d’accélérer un peu plus la reprise des activités. On est une des régions chanceuses, fait-il remarquer. On a été en mesure de revenir à un niveau d’activités entre les vagues qui nous permettait d’éviter d’aggraver les choses.»

Néanmoins, il faudra des mois, voire quelques années, pour reprendre tout le retard accumulé.

Lossany Touré tient, ici, à faire une importante mise au point : le personnel médical s’est toujours assuré de voir et de traiter les patients ayant besoin d’une intervention de façon urgente ou rapide. «Un patient souffrant de cancer, par exemple, et qu’il fallait opérer immédiatement, on s’est toujours assuré que le délestage n’entraîne pas de conséquences graves chez ces patients», précise-t-il.

Il admet que la pandémie a mené à certains changements dans le fonctionnement. «Oui, c’est plus long pour préparer le patient, plus long pour l’opérer. Mais on a toujours fait en sorte qu’un patient nécessitant des soins urgents ne soit pas laissé pour compte», explique-t-il.

La pandémie, observe aussi le chirurgien, a des impacts importants pour des patients qui ne nécessitent pas des soins urgents. «Mais ils ne sont pas moins importants, exprime-t-il. Pour eux, le retard entraîne certains problèmes, des douleurs, de l’absentéisme au travail, des conséquences sur leur capacité de jouir de leur vie.»

L’hôpital, un endroit sécuritaire

Autre impact de la pandémie, la crainte pour bien des gens de se présenter à l’hôpital malgré des symptômes pouvant être sérieux. «Cette peur d’attraper le virus à l’hôpital, on peut la comprendre. Mais les mesures prises sont très strictes. Elles permettent d’éviter le plus possible de contracter la COVID. Je l’ai toujours répété à mes patients : je me sens plus en sécurité à l’hôpital qu’à l’épicerie», indique le Dr Touré.

Le fait de consulter tardivement peut voir des conséquences sérieuses. «Je l’ai vu dans ma pratique et je le vois encore. C’est regrettable, déplore-t-il. Si vous avez des symptômes pour lesquels vous devez vous présenter à l’urgence, allez-y pour subir une évaluation. N’attendez pas que les symptômes s’aggravent et qu’ils aient des effets délétères sur votre santé à long terme.»

Cette baisse des consultations dans les urgences a été plus importante en début de pandémie, mais elle s’observe encore aujourd’hui, malheureusement. Et cette situation, on la constate à la grandeur de la Mauricie et du Centre-du-Québec, mentionne Kellie Forand, agente d’information au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ).

Les bénéfices surpassent les risques

Les risques associés au vaccin AstraZeneca, particulièrement, a fait abondamment les manchettes. «La crainte suscitée, il faut la comprendre, l’entendre, l’écouter, mais il faut l’expliquer», fait valoir le Dr Touré, tout en signalant que le risque zéro n’existe nulle part.

«Il faut toujours balancer le risque avec les bénéfices. Avec la vaccination, le risque (de complications) est très très faible, affirme-t-il. Les avantages de la vaccination surpassent largement les risques. Il faut l’expliquer aux personnes réfractaires à l’idée.»

Questionné sur le pourcentage à atteindre pour obtenir l’immunité collective, le Dr Touré répond vitement qu’il n’est pas spécialiste en santé publique. «Ce que je comprends toutefois, c’est qu’on va pouvoir atteindre une immunité collective lorsqu’une bonne proportion de la population sera vaccinée», dit-il.

Le chirurgien insiste sur l’effort de chacun. «Cette immunité, on l’atteindra si, individuellement, on se fait vacciner. La seule manière de l’atteindre, c’est que tous prennent l’engagement de le faire. On est plus près de la sortie de cette pandémie que du début. On va la gagner cette bataille, cette guerre contre ce virus. Et la seule façon de réussir, c’est avec l’arme de la vaccination», conclut-il, tout en rappelant l’importance du maintien jusqu’à nouvel ordre des autres mesures, comme la distanciation, le port du masque et l’hygiène des mains.

D’autres ambassadeurs

Stéphanie Allard, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Bois-Francs-Érable, fait partie des ambassadeurs de la vaccination. (Photo Karine Verville)

En plus du Dr Touré, elles sont nombreuses ces personnalités qui ont accepté ce rôle d’ambassadeur pour la campagne de vaccination.

On en dénombre une quarantaine en territoires centricois et mauricien, notamment dans les Bois-Francs avec la pharmacienne Isabelle Provencher, les députés Eric Lefebvre et Sébastien Schneeberger, le maire de Victoriaville, André Bellavance et la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Bois-Francs-Érable, Stéphanie Allard.

«La vaccination, c’est la clé si on veut retrouver une vie normale. La pandémie nous fait perdre un temps précieux avec nos familles, nos proches. On a aussi besoin de retrouver un climat de travail. C’est bien beau le télétravail, mais on a besoin de contacts avec les gens», fait-elle valoir.

Stéphanie Allard a accepté volontiers de participer à la campagne. «Ça en prend des gens qui se font vacciner pour contrebalancer ceux qui ne le feront pas», souligne-t-elle, ajoutant qu’elle compte promouvoir la vaccination à titre personnel sur ses propres réseaux sociaux.