L’art minimaliste de Barbara Claus

Le Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger présente «Le gris de l’aube», une installation in situ par Barbara Claus, jusqu’au 8 mai. 

Devant la vulnérabilité de notre planète qui croule sous la masse des productions humaines, Barbara Claus prend le parti radical du dépouillement. Un texte de l’artiste, sobrement affiché dans la galerie, pose des questions essentielles : «Comment créer du sens avec peu, sinon quelques gestes dans l’espace ? Sommes-nous prêts à repenser le monde, à nous orienter vers un développement plus durable, équitable et solidaire ?»

Lorsque vous entrerez dans la galerie, Barbara Claus y aura passé une semaine à observer et s’approprier l’espace par les gestes subtils qui caractérisent sa manière d’être et de travailler. L’artiste transporte peu d’œuvres avec elle; elle travaille principalement in situ lors de résidences de création, plus ou moins longues, en divers lieux. Elle y recrée les conditions de l’atelier – son silence et son temps ralenti –  afin d’accueillir le processus de création tel une respiration dans le moment présent, pour reprendre ses propres mots.

Barbara Claus est originaire de Belgique et réside au Québec depuis 1987. Elle a réalisé plus de vingt expositions individuelles et autant de résidences nationales et internationales. Depuis de nombreuses années, elle  s’intéresse à la fragilité et à la précarité des constructions humaines en abordant des thèmes tels que le deuil, les rituels et la mémoire.

Barbara Claus fait œuvre philosophique. Inquiète de la course effrénée du néolibéralisme, de la culture de masse et de l’épuisement des ressources desquels découle un épuisement moral insidieux, Barbara Claus choisit d’intervenir avec peu de matériaux, peu d’objets : des lignes de craie bleue et des revues d’art découpées en bandelettes délimitent l’espace,  quelques mots sont dessinés au graphite à même les murs, des livres d’art sont déposés en offrande, une touche de feuille d’or recouvre de simples crayons de bois…  Ses interventions minimalistes et souvent fugaces échapperont à l’œil pressé puisqu’elles appellent un regard attentif et curieux. Le gris de l’aube s’offre au visiteur tel un nid – un sanctuaire accueillant la contemplation et la réflexion – au milieu des bruissements de la ville.

Au lieu d’un vernissage, l’artiste invite le public à la fin de l’exposition pour participer à son démantèlement. Cette rencontre-échange avec l’artiste aura lieu le 8 mai de 14 h 30 à 17 h.

L’exposition «Le gris de l’aube» est présentée jusqu’au 8 mai, du mercredi au vendredi de 12 h à 17 h, le samedi de 13 h à 17 h ainsi que les soirs de spectacles. L’entrée est gratuite.