«Un moment historique» pour la Ville de Victoriaville

Il n’emploie ces mots que très rarement pour ne pas les galvauder inutilement, mais cette fois, le maire de Victoriaville, André Bellavance, parle «d’un moment historique» pour qualifier le lancement des importants travaux de réfection du réservoir Beaudet.

«C’est un moment très important dans la vie de la Ville de Victoriaville», a-t-il dit, d’entrée de jeu, en conférence de presse, lundi avant-midi.

Un aperçu du projet (Photo gracieuseté)

Les élus se devaient d’agir pour restaurer la principale source d’eau potable de la ville en place depuis 1977. «À l’époque, Victoriaville comptait 25 000 habitants. Depuis, la population a doublé et la nature a fait son œuvre. De façon naturelle, la rivière Bulstrode charrie des sédiments qui remplissent le réservoir. Le temps est venu, a-t-il soutenu, de débuter les travaux de restauration qui assureront la pérennité de l’alimentation en eau potable et la capacité de traitement des eaux usées pour la population et les industries.»

Pour le conseil municipal, ne rien faire n’était pas une option. «À mon arrivée en poste, on me disait qu’on en avait encore pour sept ans. Si on ne faisait rien, on allait se retrouver avec un marais, ce qui ne constitue pas le meilleur endroit pour puiser l’eau potable», a-t-il observé.

Ce vaste projet, a fait valoir le maire Bellavance, comporte des enjeux de santé publique avec la question de l’eau potable, mais aussi d’économie. «Si le réservoir alimente environ la moitié de la population, il faut savoir que 95% des industries s’alimentent en eau par le réservoir», a-t-il confié.

Le premier magistrat signale aussi l’enjeu de sécurité puisque le réservoir  Beaudet assure une disponibilité en eau pour les pompiers en cas d’incendie.

Et puis cet enjeu de loisirs et de tourisme cher aux élus désireux que la population puisse continuer de profiter, comme l’a noté le maire, de «ce magnifique lieu de rassemblement».

Plus cher que prévu

Le temps est venu, a dit le maire André Bellavance, de débuter les travaux de restauration qui assureront la pérennité de l’alimentation en eau (Photo www.lanouvelle.net)

Les travaux, évalués initialement à 40 millions de dollars, coûteront assurément plus cher, en raison de la hausse importante des coûts de matériaux de construction en lien avec la pandémie, a fait remarquer le maire.

C’est pourquoi la Ville procédera à un règlement d’emprunt de 50 millions de dollars. «Nous allons toutefois demander une compensation aux gouvernements pour cette hausse de coûts», a assuré le maire Bellavance.

À ce jour, seul le fédéral, en août 2019, a confirmé sa participation financière à la hauteur de 16 M $. L’annonce de l’aide du gouvernement du Québec se fait toujours attendre, mais cela n’inquiète pas le maire de Victoriaville. «On est en train de travailler sur l’arrimage entre les deux ordres de gouvernement. Le dossier n’a jamais bloqué, il a toujours avancé. On est confiant, mais on a hâte», a souligné le maire.

En séance extraordinaire, en fin de journée, les élus ont confié les travaux à des firmes de la région. Le Groupe Gagné Construction obtient le mandat pour la réserve d’eau brute et les travaux connexes au coût de plus de 22,6 M $.  L’entreprise Constructions Pépin et Fortin décroche un contrat de près de 16,5 M $ pour les travaux de l’usine de déshydratation, le poste de suppression et la conduite de refoulement des sédiments.

Quant à la firme Services EXP, elle se chargera, au coût de quelque 1 130 000 $, de la surveillance des travaux et du contrôle qualitatif des matériaux.
Enfin, les services professionnels d’architecture sont confiés à Artefac Architecture, une facture de 77 000 $.

Les travaux

Les travaux entraîneront un détour de la piste cyclable. (Photo gracieuseté)

Les travaux prendront leur envol vers la mi-mai et se poursuivront jusqu’à l’été 2022.

Directeur adjoint du Service de l’environnement et responsable du projet, Joël Lambert a résumé les travaux. Les citoyens verront d’abord l’installation d’un rideau de turbidité visant à protéger le reste du réservoir et la prise d’eau des sédiments, tout en agissant aussi comme clôture de chantier pour éviter que les adeptes sur l’eau ne s’aventurent trop loin.

On construira aussi une digue qui traversera le réservoir, du stationnement du pavillon de service jusqu’à l’usine Lactantia. Par la suite, on assèchera toute la partie longeant la route de la Grande-Ligne. «Et on y construira deux zones : l’une pour le dépôt des sédiments et l’autre pour une réserve d’eau qui se veut notre petit lac dans le réservoir, une réserve qui sera indépendante du réservoir Beaudet et qu’on alimentera avec des postes de pompage», a-t-il expliqué.

Les travaux des prochains mois mèneront au premier dragage en 2022. «Différentes zones de dragage ont été définies. On en draguera une par année. C’est un bateau qui viendra draguer chaque été, entre la mi-juillet et la mi-septembre, à l’extérieur des périodes de fraie du poisson et de la saison des oies», a précisé le responsable.

Le bateau, tel un aspirateur, viendra aspirer un mélange de sédiments et d’eau dans une conduite flottante laquelle se connectera à un poste de surpression qui poussera le mélange vers une autre conduite afin de l’acheminer à l’usine de déshydratation des sédiments qu’on bâtira sur la rue de l’Artisan dans le parc industriel. «Un procédé permettra d’y séparer l’eau et les sédiments. L’eau retournera au réservoir Beaudet tandis qu’on transportera les sédiments par camion jusqu’à la zone de dépôt des sédiments», a indiqué Joël Lambert.

Le maire Bellavance et Joël Lambert, en virtuel (Photo www.lanouvelle.net)

Une fois cette zone de dépôt de sédiments remplie d’ici cinq à sept ans, la Ville en fera une vaste zone récréative, l’équivalent en superficie de deux terrains de football. «D’ici là, des consultations seront tenues pour savoir ce que les citoyens souhaitent pour cet emplacement», a indiqué Joël Lambert

En raison du chantier, le stationnement du réservoir Beaudet devra être fermé, mais la Ville aménagera un stationnement temporaire sur le site où se trouve le bassin qu’utilise l’organisation du Grand défi pour son triathlon. On y accédera par une entrée sur la route de la Grande-Ligne.

Les travaux nécessiteront aussi un détour de la piste cyclable et piétonnière et la fermeture d’une section. On détournera le parcours à la hauteur du boulevard des Bois-Francs Nord pour lui faire emprunter la rue Rubin, puis la Promenade des Aînés. Un feu piétonnier permettra de traverser le boulevard Pierre-Roux pour le longer ensuite sur une courte distance avant de circuler sur un lien cyclable à proximité de la rue St-Cyr, derrière le nouveau St-Hubert Express.

Le pavillon du service du réservoir  Beaudet, de même que les modules et les jeux d’eau demeureront accessibles pendant les travaux.

La Ville profitera de ces travaux pour améliorer la piste cyclable longeant la route de la Grande-Ligne. On l’élargira pour ainsi éloigner la route et la glissière de sécurité tout en végétalisant les lieux avec des arbres, notamment. On procédera à une ouverture dans la glissière de sécurité afin d’y aménager une traverse permanente pour permettre ainsi un accès au dépanneur et aux restaurants.

Le piste en bordure de la Grande-Ligne affichera une tout autre allure. (Photo gracieuseté)

Par ailleurs, on pourra circuler sur la digue qui traversera le réservoir, délimitée par des bordures en béton, avec des barrières végétales et petits arbustes et conifères. Au milieu de la digue se dressera aussi une tour d’observation de deux étages à l’endroit où l’on retrouvera également une station de pompage avec un aménagement extérieur attrayant pour la population.

Une fois tous les aménagements terminés, dès 2022, ce seront essentiellement des travaux de dragage qui se feront annuellement. «On aura un dragage plus important au départ pour obtenir le volume d’eau dont on a besoin. Puis, par la suite, chaque année, il s’agira d’un dragage récurrent pour retirer les sédiments arrivés de l’année précédente», a fait savoir Joël Lambert.

Cette façon de faire se poursuivra jusqu’à ce que la Ville puisse avoir recours à une autre technologie. «Pour l’instant, il n’y a pas d’autre alternative.  C’est ce qu’il faut faire. Tout a été regardé», a soutenu le premier magistrat.

En conclusion, le maire André Bellavance a salué toutes les équipes de la Ville, tous les intervenants extérieurs aussi ayant collaboré au projet, mais il a remercié chaleureusement le retraité Serge Cyr, ex-directeur du Service de l’environnement. «Il a été à l’emploi de la Ville pendant plus de 30 ans. Il vient de prendre sa retraite, mais il a été au cœur de toutes les démarches depuis les débuts. Au conseil municipal, il réussissait à vulgariser l’ampleur de ces projets, à nous expliquer et à nous rassurer», a-t-il exprimé.

Les intéressés peuvent obtenir les informations sur les travaux, et même visionner une modélisation 3D, au vic.to/masource.