L’Hermite devient propriétaire et déménage

Le rêve que caressaient depuis longtemps les copropriétaires de la microbrasserie L’Hermite du centre-ville de Victoriaville se concrétisera. Geneviève Bouffard, Marc Lefebvre et William Hébert viennent d’acquérir l’édifice Piroli pour y déménager leur resto-pub dans les anciens locaux de La Bonbonnière.

Leur vaste projet nécessite des investissements de l’ordre de 1,1 million de dollars. L’Hermite agrandira considérablement la superficie de son plancher, mais aussi triplera la capacité de sa terrasse. À la terrasse aménagée sur la rue Notre-Dame Est, le resto-pub proposera une autre terrasse sur le toit du Marché d’Antan, ce dernier qui demeure bien en place comme locataire tout comme L’Atelier d’Art.

De plus, un nouveau commerce le Lewis Café, spécialisé en café, vin nature et vin d’importation privée, s’y implantera, tout comme l’entreprise d’architecture et de construction Kevlar à qui on a confié les travaux de rénovation et d’aménagement. L’Hermite ajoutera un étage à son resto-pub avec une salle à manger et une salle de réception. On pourra dorénavant y accueillir les familles avec les personnes d’âge mineur.

En nouveauté, le resto-pub cultivera ses légumes biologiques dans une serre aménagée au sous-sol.

À l’étage, dans la partie avant, occupée autrefois par le journal La Nouvelle Union, les gens de l’Hermite tenteront de la louer, par exemple, à des professionnels désireux d’y installer leurs bureaux. Sinon, ces espaces seront reconvertis en logements. Les travaux permettront au resto-bar de tripler la superficie en terrasse pour une capacité d’environ 100 places extérieures. Quant au resto-pub, il doublera ou triplera sa superficie de plancher. «Mais notre but n’est pas nécessairement d’accueillir trois fois plus de monde. On veut que les gens soient plus confortables», fait savoir Geneviève Bouffard.

Avec ce projet, l’Hermite créera de nombreux emplois. «La pandémie nous a touchés comme tout le monde avec une baisse d’environ 35% de notre chiffre d’affaires. Il me reste 7 des 20 employés. Avec notre déménagement, nous aurons besoin d’au moins 40 ou 50 employés», avance-t-elle. La pandémie affecte surtout la restauration, parce que le volet distribution fonctionne très bien pour l’Hermite, dont les produits se retrouvent partout au Québec dans quelque 170 points de vente.

Cependant, les propriétaires n’envisagent pas grossir leur usine de fabrication. «On a encore la possibilité d’augmenter un peu le volume, mais une fois nos objectifs atteints, on n’a pas d’autres projets en vue. Nous voulons être une entreprise respectable, privilégiant une philosophie d’économie locale. Ce que nous voulions, c’est d’avoir un pub plus inclusif, plus grand afin de mieux répondre à la demande locale», fait valoir Geneviève Bouffard.

Le commencement

La petite histoire de la microbrasserie L’Hermite remonte à 2013. Les fondateurs aménagent leur resto-pub au centre-ville de Victoriaville, de même qu’une petite usine de fabrication à Kingsey Falls. «On a commencé avec peu de moyens, en louant un petit local au centre-ville et une usine à Kingsey Falls parce qu’on a pu profiter d’une subvention. Ce n’était pas trop cher. Nous tenions à faire preuve de prudence pour commencer, car, à ce moment, il n’y avait pas encore de microbrasserie en ville et on ne savait pas trop quelle serait la réponse des citoyens», explique Geneviève Bouffard.

Mais dès le départ, assure-t-elle, les trois partenaires d’affaires avaient bien en tête l’idée d’agrandir leur usine de fabrication afin d’assurer la mise en marché de leurs produits en canettes, tout en souhaitant aussi un agrandissement de leur resto-pub pour le rendre plus grand, plus confortable et plus inclusif. Ne disposant pas de moyens financiers illimités, le trio décide, en premier lieu, d’investir dans son usine qu’il déménage en 2018 dans des locaux du boulevard Labbé Nord à Victoriaville. Le projet a nécessité un investissement de 750 000 $. «Le rêve de mettre nos produits en canettes voyait ainsi le jour», se réjouit Geneviève Bouffard.

Restait maintenant, pour les gens de l’Hermite, à concrétiser leur autre objectif, celui de revitaliser le resto-pub pour le rendre à la hauteur de leurs attentes. «Il y a différents aspects qu’on n’aime pas dans le local actuel. Il n’est pas très inclusif. On a peu de places pour répondre à la demande, surtout depuis l’arrivée du Carré 150. On n’a pas assez de places pour un permis restaurant bar pour accueillir les familles, sans compter notre très petite terrasse», fait-elle valoir.

«On voulait vraiment déménager et agrandir, notre bail venant à échéance en 2022. On regarde les locaux et le marché depuis un an», note-t-elle.

Geneviève Bouffard l’avait vu en vente l’édifice Piroli, mais ne pensait pas qu’il pouvait répondre à leurs besoins. «Dans ma tête, je ne croyais pas qu’on pouvait aménager une terrasse sur le toit, raconte-t-elle. Moi, je tenais à avoir une grande terrasse. L’été, on attire des touristes. Mon ambition, c’était de doubler, voire tripler la superficie de la terrasse, car en saison estivale, on ne fournit pas à la demande.»

C’est le courtier immobilier Daniel Roy qui lui a fait savoir que ce projet de terrasse sur le toit était tout à fait possible. «On est venu visiter, on a fait  notre demande et on a obtenu notre financement», souligne Geneviève Bouffard qui considère l’édifice «comme une bâtisse tombée du ciel».

Parce que l’immeuble a bien failli être vendu à un autre acheteur. «La bâtisse était à vendre depuis environ 15 mois. On l’avait vendue à la fin de l’été ou à l’automne (2020). C’était un acheteur sérieux, mais après trois ou quatre mois, le projet a avorté. Mais c’est lui qui m’a refilé le nom de Geneviève», a confié Daniel Roy.

«On avait commencé à en parler à des personnes-clés qui connaissent ce qui se passe au centre-ville. Ces gens voulaient nous garder. Ils ne voulaient pas qu’on quitte le centre-ville», mentionne Geneviève Bouffard.

Oui, pour les gens de L’Hermite, il était pertinent de demeurer au centre-ville. «Mais il fallait quand même bien trouver une bâtisse qui nous convenait. Nous étions ouverts à l’idée de délaisser le centre-ville pour réaliser le projet de notre choix. Et nous avons trouvé cet édifice convenant à nos besoins et à très bon prix. Quand on dit qu’il faut faire confiance à la vie», exprime-t-elle avec philosophie.

Tout est arrivé à point, constate-t-elle. «Le timing était bon. Il aurait fallu, de toute façon, investir dans notre local actuel, mais on n’aurait pas réglé nos inconvénients. Ici, nous investissons dans un projet comme on le veut, selon nos ambitions.»

Achat local et environnement

«Je suis une écologiste dans l’âme», reconnaît Geneviève Bouffard qui vient d’ailleurs de lancer un comité environnement à l’Association des microbrasseries du Québec en plus de siéger au comité environnement de la Ville de Victoriaville. Certes, on modernisera la façade de l’immeuble, mais à l’arrière, on installera un mur solaire. L’Hermite va privilégier aussi, lors des travaux, des matériaux durables et recyclés. «On s’approvisionnera aussi en produits locaux, ça demeure dans nos valeurs, l’achat local, les produits du terroir. On conserve cette même philosophie», note-t-elle.

Si l’Hermite, une entreprise presque zéro déchet, continuera bien sûr le compostage, l’entreprise ajoute une nouvelle corde à son arc : une serre intérieure au sous-sol. «Avec notre nouveau gérant, Félix, diplômé en agriculture biologique, nous cultiverons nos tomates, concombres, fines herbes, les légumes qu’on utilise dans notre cuisine», souligne-t-elle.

De plus, la chaleur générée par la serre permettra de chauffer une partie des locaux.

Les travaux, en principe, débuteront dans un mois environ. L’Hermite espère pouvoir effectuer son déménagement en décembre. «Mais, selon le constructeur, en raison de la pénurie de matériaux, il se peut que ce soit plus long. Mais j’aime mieux ouvrir un mois ou deux plus tard et que ce soit comme on le souhaite. On a donc du temps pour bien réfléchir, bien penser le projet, de choisir nos décorations et matériaux. On ne sera pas dans l’urgence», conclut-elle.