Féminicides : plus de 80 personnes pressent le gouvernement d’agir

«C’est le temps d’agir, et il faut le faire maintenant. La patience tue!» Voilà, en substance, le message lancé au gouvernement Legault par 85 personnes, femmes, hommes et enfants, qui se sont regroupés vers 13 h, vendredi, devant le bureau du député d’Arthabaska, Eric Lefebvre, sur la rue de la Gare à Victoriaville.

Une mobilisation pour exprimer le ras-le-bol collectif en solidarité avec les femmes victimes de violence conjugale, une occasion qui a permis de lancer comme message : «Pas une de plus!»

Cette action «éclair», initiée par la Maison des femmes des Bois-Francs à la suite de la demande de citoyennes et de la Collective féministe d’Arthabaska en mouvement, visait à dénoncer, comme on l’a fait ailleurs au Québec, les 13 féminicides survenus depuis mars 2020 au Québec, dont huit femmes qui, depuis le mois de janvier, ont perdu la vie en l’espace de huit semaines.

La Maison des femmes a également été soutenue, dans son initiative, par la maison d’hébergement La Volte-Face, le CALACS Unies-Vers-Elles et la Table de concertation du mouvement des femmes du Centre-du-Québec.

En mémoire de toutes ces femmes tuées, un moment de silence a été observé et chacun des noms de ces femmes a été épinglé sur une corde.
(Photo www.lanouvelle.net)

En mémoire de toutes ces femmes tuées, un moment de silence a été observé et chacun des noms de ces femmes a été épinglé sur une corde.

«Nous ne pouvons laisser passer sous silence ces décès. Il y a urgence d’agir. La violence conjugale, c’est assez! Les groupes de femmes et la population s’indignent et se mobilisent pour la sécurité des femmes et des enfants. C’est notre affaire à toutes et à tous», a lancé, munie de son porte-voix, Sylvie Pinard de la Maison des femmes.

Le privé est politique, a-t-elle ajouté, expliquant que la violence conjugale, bien qu’elle se passe entre quatre murs, fait partie d’un enjeu de société global. «Nous voulons tisser un filet de sécurité solide autour des femmes et des enfants victimes de violence conjugale pour sauver des vies. Pour ce faire, a-t-elle souligné, il importe de sensibiliser la population à reconnaître les signes précoces de la violence conjugale.»

Les groupes de femmes, déçus du récent budget provincial, réclament un financement adéquat. «S’il est entendu que la solution au problème de violence conjugale et de féminicides est un changement sociétal, la réponse gouvernementale est largement insuffisante. Après un budget décevant, nous rappelons au gouvernement qu’il est essentiel de financer à la hauteur des besoins les services en violence conjugale, a exposé Sylvie Pinard. Le gouvernement mentionne qu’il est prêt à investir davantage au besoin. C’est le moment et il faut le faire rapidement, il faut le faire maintenant.»

Pour ces groupes, le financement doit aussi s’accompagner de mesures structurantes pour l’accompagnement adéquat des victimes tout au long du continuum de services. «Nous demandons que le gouvernement se mette en action dès maintenant pour implanter les 190 mesures recommandées par le comité des experts sur l’accompagnement des victimes de violence conjugale et d’agressions sexuelles et des 28 recommandations du comité d’examen des décès liés à la violence conjugale.

«Face à l’urgence de la situation et devant l’ampleur des mesures à mettre en place, nous étions mobilisés, aujourd’hui 2 avril, comme bien d’autres régions au Québec pour faire entendre nos voix. Tant que toutes les femmes ne seront pas en sécurité, nous ne pourrons pas crier victoire. On a demandé aux femmes d’être patientes, mais vous savez, la patience tue. C’est le temps d’agir! En espérant une réponse de votre part, acceptez nos salutations, M. Lefebvre», a conclu Mme Pinard.

Les groupes de femmes n’ont pu remettre leur lettre au député d’Arthabaska, absent. Ses bureaux étaient fermés.