Carré 150 : cinq oeuvres à l’affiche des Séries branchées sur la culture Hydro-Québec

Au Carré 150, ce n’est pas la pandémie qui aura freiné la qualité et la diversité de la programmation. Au contraire, elle aura donné l’occasion aux artistes et producteurs d’imaginer ou d’adapter certaines productions dans des mises en scène épurées, laissant toute la place au charisme des interprètes.

Présentées devant des jauges limitées, les spectateurs en retirent même une expérience beaucoup plus intime, en communion avec l’action se déroulant sur scène. Bonne nouvelle : d’ici juin, les Séries branchées sur la culture Hydro-Québec offrent encore cinq occasions de «communier» au fil des différentes œuvres théâtrales ou chorégraphiques à l’affiche.

31 mars, 19 h | KING DAVE (COMPAGNIE JEAN DUCEPPE) , avec Anglesh Major

Une rencontre improbable dans un party, un premier vol, une altercation dans un bar, un incendie dans un parc. Une peine d’amour, une trahison. En quelques jours, presque par accident, la vie de Dave bascule. Submergé par la peine, la colère et la peur, le jeune homme enchaîne les mauvaises décisions, se prend le bras dans l’engrenage de la violence et plonge dans une rapide descente aux enfers. Où se terminera sa chute? Ce solo percutant expose dans une langue puissante et crue une réalité peu portée au théâtre : celle des rues sombres de Montréal, des quartiers populaires, de la délinquance ordinaire, porté par le jeu intense d’Anglesh Major, dans une mise en scène de Christian Fortin. La pièce a été présentée à guichets fermés à La Licorne en 2005 et a valu à Alexandre Goyette le Masque du texte original et celui de l’interprétation masculine. Elle fut également l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par Podz en 2016.

Bien qu’il soit toujours aussi pertinent et actuel, le texte a été entièrement réécrit par son auteur, Alexandre Goyette, et le jeune acteur qui personnifie Dave en 2020, Anglesh Major. Cette nouvelle mouture de l’œuvre s’en trouve enrichie notamment de questions liées à l’identité et à l’appartenance, et les récentes manifestations mondiales dénonçant le racisme systémique l’éclairent d’un angle neuf.

15 avril, 19 h | OLEANNA (PRODUCTIONS JEAN-BERNARD HÉBERT), avec Raymond Cloutier et Catherine De Léan

Convaincu qu’il a de grandes chances d’être nommé doyen, Jean, professeur à la faculté de l’éducation d’une grande université, est sur le point d’acquérir une superbe maison. Tandis qu’il négocie au téléphone, une de ses étudiantes, Carole, venue sans prévenir s’enquérir de la note qu’il a attribuée à son récent travail, attend qu’il lui porte attention. S’ensuit un duel féroce sur les droits de vie et de mort des enseignants sur les étudiants, sur le paternalisme et le machisme de Jean, que toutes les filles voudraient dénoncer, et pire encore… Un combat sans pitié entre une révoltée et un entêté! Cette pièce est un drame en trois actes, écrit en 1992 par David Mamet. Sa mise en scène a été confiée à Raymond Cloutier.

12 mai 2021, 19 h | L’AVALÉE DES AVALÉS (THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE), avec Sarah Laurendeau, Louise Marleau et Benoît Landry

Bérénice Einberg, précocement revêche, rêveuse et ravagée, est ballotée entre un père juif et absent, et une mère catholique, alcoolique et affectivement distraite. Elle n’a de foi qu’en l’amour éperdu et absolu qu’elle porte à son frère Christian. Sa mère oscille envers sa fille entre le froid distant et la chaleur étouffante. Son père ne voit en elle qu’une dévergondée que seuls les orthodoxes de New York et d’Israël, où il la catapulte successivement, pourraient redresser. Mais rien n’y fait : pour Bérénice, seul compte la quête d’amour absolu.

Proposée par le Théâtre du Nouveau Monde, cette pièce adaptée du roman de Réjean Ducharme doit sa mise en scène à Lorraine Pintal.

18 mai 2021, 19 h | LOVE ME TENDER (CAS PUBLIC) , sous la direction artistique d’Hélène Blackburn

Conjurant le sort, Hélène Blackburn tente le pari d’une première œuvre in situ se déclinant en plusieurs versions : à ciel ouvert ou en intérieur, en diurne comme en nocturne. Décor urbain, éclairages low-tech astucieux et énergie contagieuse : Love Me Tender a du panache! Réalisé avec une économie de moyens, cet hymne à la résilience renvoie l’écho nostalgique d’une innocence perdue et d’un temps révolu. Vive et précise, la danse toujours virtuose se déploie en une succession de duos et de solos évoluant en trios, quatuors et ensembles. Les interprètes deviennent tour à tour spectateurs, éclairagistes ou participants. Se jouant des codes et des genres, cette aventure impromptue met en exergue ombres, reflets et lumières pour dire le rapport à l’autre et à l’espace, et surtout l’impression d’un bonheur retrouvé, celui du vivre-ensemble.

Sur des musiques signées Martin Tétreault, Alexandre Désilets et Dear Criminals, ponctuées d’extraits de chansons de crooners au charme suranné, une création dans l’air du temps dont émane un souffle de liberté revigorant.

11 juin 2021, 19 h | DES CAILLOUX PLEIN LES POCHES (MONARQUE), avec André Robitaille et Jean-Michel Anctil

Monarque revisitera, dans une version adaptée pour le Québec et mise en scène par Normand Chouinard, Des cailloux plein les poches, adaptation de Stones in His Pocket de Marie Jones, un énorme succès britannique qui s’est notamment mérité le prestigieux Laurence Olivier Award.

Foudroyant pied de nez à la culture du cinéma international, la pièce trouvera ici un public au fait des injustices qui habitent le monde cinématographique. Un défi à la hauteur des ambitions de Monarque, donc, que de faire vivre une quinzaine de personnages grâce à deux acteurs, quelques accessoires et des effets sonores dans une pièce où le sarcasme, l’ironie et l’humour noir donnent le ton au drame comme au comique.