Un an de pandémie, d’adaptation et de résilience

Le 11 mars marquait le premier anniversaire de la pandémie de COVID-19. Un entretien avec Nathalie Boisvert, la présidente-directrice générale adjointe (PDGA) du Centre intégré de santé et de services sociaux Mauricie-Centre-du-Québec (CIUSSSMCQ), a permis de découvrir que, pour elle, deux mots résument ces 12 mois : adaptation et résilience.

Pour elle également, le 11 mars rappelle une année d’efforts intenses de la part des intervenants qui ont été dédiés à maintenir une offre de services pendant cette crise, mais aussi aux familles. «Toutes nos pensées se tournent vers les familles qui ont  perdu des proches et ont été durement éprouvées», a-t-elle commencé.

C’est donc entre la tristesse des événements vécus et un sentiment de fierté des équipes qui se sont adaptées à la situation et qui sont encore là pour répondre aux besoins de la population, malgré une grande fatigue, que son cœur vacille.

D’ailleurs, la capacité d’adaptation ainsi que la résilience sont des termes qui, pour elle, représentent bien l’année qui vient de se terminer. «Autant pour la population que pour les intervenants qui ont eu à composer avec un virus inconnu qui aura frappé où on ne s’y attendait pas. Ça aura été une année d’ajustements presque quotidiens», résume-t-elle.

Centre-du-Québec

Au Centre-du-Québec, les deux vagues de cette pandémie auront été bien différentes, comme l’explique Mme Boisvert. «Lors de la première vague, ce sont les CHSLD qui ont été touchés, mais pas au Centre-du-Québec. En deuxième vague, ce sont davantage les résidences pour personnes âgées qui ont été affectées et particulièrement dans les MRC d’Arthabaska et de L’Érable», a-t-elle évoqué. En effet, si on regarde les chiffres, ce sont environ 400 personnes qui ont été affectées par la COVID-19 dans la région 17 lors de la première vague alors que pour la deuxième, on dépasse les 6000 cas.

Dans les CHSLD, ayant beaucoup appris de la première vague, la région a été en mesure d’ériger un barrage qui a bien tenu le coup. Mais au niveau des RPA, ça a été plus difficile. «Quand le virus entre dans les RPA, c’est une clientèle différente que celle des CHSLD qui est atteinte et l’impact est plus grand sur le réseau. On a eu deux vagues totalement différentes qui ont demandé de s’adapter parce que le virus entre là où les failles sont», note-t-elle.

Vaccination

Actuellement, Mme Boisvert n’est pas en mesure de dire si la région va éviter une troisième vague, mais estime que la vaccination représente la lumière au bout du tunnel. «C’est la planche de salut pour s’en sortir même s’il reste plusieurs étapes à franchir», encourage-t-elle. La PDGA a tenu à mentionner de nouveau toute la résilience et la capacité d’adaptation dont la population a fait preuve et qui est toujours au rendez-vous. D’ailleurs, elle insiste pour rappeler qu’il est important de maintenir les mesures jusqu’à ce qu’elles soient levées de façon sécuritaire.

Elle estime que c’est une course contre la montre que cette vaccination qui pourra peut-être éviter, justement, une nouvelle vague de cas. «Il faut vacciner, de façon efficace, une grande quantité d’individus, selon l’arrivée des vaccins et dans le plus court laps de temps», résume-t-elle. Un défi pour lequel le CIUSSS MCQ est bien préparé, selon Nathalie Boisvert.

Parlant de vaccination, la PDGA se dit satisfaite de la réponse du personnel soignant qui a accepté en grand nombre de recevoir le vaccin. «Évidemment, comme pour la population en général, certains ont des appréhensions. Mais on est très contents de la réponse du personnel. Ce sont des gens qui sont aussi porteurs de messages alors quand ils sont présents pour se faire vacciner, cela amène une crédibilité et aura sûrement un effet positif sur la population.» Au CIUSS MCQ, on estimait à 12 000 le groupe prioritaire (intervenants de la santé) à vacciner et l’opération se déroule avec satisfaction puisque l’objectif de 75% est déjà dépassé.

HDA

Du côté de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, n’ayant pas abrité d’unité COVID, l’établissement a été passablement épargné au cours de la dernière année. En effet, les patients atteints de la COVID-19 étaient rapidement transférés à Drummondville ou à Trois-Rivières. «Cela a aussi permis de limiter la propagation du virus tant auprès du personnel que du reste de la clientèle. Par conséquent, un peu moins de délestage donc une protection un peu plus grande de l’offre de services. Quoi que lors des éclosions très importantes dans les RPA du territoire, on a eu à déplacer du personnel pour venir en renfort aux équipes. D’ailleurs, j’en profite pour souligner l’exceptionnel engagement des équipes de première ligne sur le plan médical et de leurs équipes soignantes qui ont été tous les jours auprès des différentes résidences touchées», insiste-t-elle.

Malgré cela, comme on s’en doute, le personnel, de façon générale, est fatigué. «Bien qu’il soit toujours engagé au travail, on sent une certaine lassitude, comme dans la population en général, les intervenants ont hâte de revenir à une situation plus normale», ajoute Mme Boisvert.

Pour les accompagner le mieux possible, des services spécifiques ont été mis en place (ligne de soutien, programme d’aide aux employés bonifiés, intervenants psychosociaux sur place, etc.). «Une fois la crise passée, c’est possible qu’on ait des retombées sur notre personnel. On est à déployer des plans encore plus accentués pour répondre aux différents besoins de nos équipes. On met beaucoup d’énergie à protéger notre personnel et aussi à le soutenir dans cette crise-là», dit-elle.

Le manque de main-d’oeuvre était déjà un problème bien avant la crise de la COVID-19 et depuis il a fallu faire preuve de beaucoup de créativité afin  de mettre en place des façons de faire différentes qui demandent moins de personnel et qui sont aussi efficaces. «Il y a aussi eu le programme de formation accélérée de préposés aux bénéficiaires, un très bon coup du ministère de la Santé, qui nous a permis d’amener 450 nouveaux préposés qui ont intégré nos installations. Aussi, via la plateforme «Je contribue», ce sont 6000 personnes qui sont venues prêter main-forte au CIUSSS MCQ», rappelle-t-elle.

Du côté des nouveaux préposés, il y a déjà eu trois cohortes pour la formation accélérée. À la suite des deux premières, 414 personnes sont à l’emploi du CIUSSS. À ce nombre, il faut en ajouter  56 qui complèteront leur formation le 21 mai, donc un total de 470 personnes. Pour ce qui est des abandons, on en compte 115, dont plusieurs en cours de formation.

La pénurie de main-d’œuvre demeure toutefois un défi important pour le réseau, mais à la suite d’une crise comme celle qui sévit actuellement, il faut aller puiser dans les nouvelles façons de faire pour aider y répondre.

Une année en poste

Cela fera bientôt une année que Nathalie Boisvert est entrée dans ses fonctions actuelles au CIUSSS MCQ. «Je suis encore dans l’apprentissage accéléré d’une nouvelle fonction afin de mettre toutes mes compétences et tout mon engagement dans le soutien des équipes et du PDG dans cette crise», retient-elle. Mais sa formation d’infirmière en salle d’urgence et toute son expérience lui servent bien dans la situation actuelle.

Le plus difficile pour elle, depuis le début de son mandat, aura été de voir des gens isolés, privés de leurs proches, malheureusement mourir seuls. L’infirmière en elle a toujours à cœur le service aux patients et aux familles, qui pendant quelques semaines n’ont pu être présentes dans une étape difficile. «Je salue les intervenants de la santé qui ont dû se substituer à ce rôle et qui l’ont fait de façon engagée», retient-elle.

Nathalie Boisvert insiste sur l’importance de tirer des apprentissages de chaque événement afin d’améliorer les façons de faire. Elle retient aussi de cette année tous les efforts des humains vers un même objectif qui ont permis malgré tout de réaliser de grandes choses, dont un vaccin en neuf mois.