Les Canadiens veulent qu’on oblige les réseaux sociaux à supprimer les contenus racistes et haineux

Près de 80% des Canadiens se sont déclarés favorables à une réglementation qui obligerait les entreprises de médias sociaux à retirer de leurs plateformes les contenus haineux ou racistes dans les 24 heures suivant leur publication, selon un sondage de la Fondation canadienne des relations raciales (FCRR).

L’étude menée par la firme Abacus Data pour le compte de la FCRR révèle précisément qu’au moins 60% des Canadiens pensent que le gouvernement fédéral a l’obligation de proposer une réglementation pour empêcher la diffusion de discours et de comportements haineux et racistes en ligne. 23% restent incertains, mais seulement 17% préféreraient que le gouvernement n’intervienne pas.

«Les discours haineux et le racisme sont des choses qui ont toujours existé, mais les plateformes de médias sociaux permettent de les diffuser sous le voile de l’anonymat à un public beaucoup plus large», a déclaré Mohammed Hashim, directeur exécutif de FCRR. Il a soutenu que le résultat de ce sondage est une raison de plus pour que «le gouvernement fasse de la réglementation des discours haineux en ligne une priorité politique».

Selon la Fondation canadienne des relations raciales, les récents événements aux États-Unis ont alerté leurs voisins canadiens sur la montée de l’extrémisme et des discours haineux sur les plateformes telles que Facebook, Twitter et YouTube. M. Hashim a estimé que cette préoccupation avérée est «aussi la preuve que le Canada est loin d’être à l’abri des expressions de haine et de racisme en ligne». En effet, 93% des Canadiens estiment que les discours haineux et le racisme en ligne constituent un problème et 49% qui pensent qu’ils sont des problèmes très graves.

1 Canadien sur 5 est victime de la haine en ligne

 L’enquête a également révélé que les couches sociales les plus vulnérables à la haine en ligne sont les groupes racialisés, qui représentent près de 20% de la population canadienne. Ils sont trois fois plus susceptibles d’en avoir été victimes que leurs homologues non racialisés alors que les crimes haineux ont augmenté de 7% au Canada en 2020, selon la police.

Les internautes de 18 à 29 ans sont «plus susceptibles que les plus âgés d’avoir directement reçu ou été témoins d’injures offensantes, de commentaires racistes, sexistes et homophobes, d’incitations à la violence, de harcèlement sexuel et de menaces physiques en ligne».

L’étude tend à démontrer que la restriction des libertés est moins préoccupante que le sort des victimes. La firme Abacus data a établi que «les Canadiens sont bien plus préoccupés par l’impact des discours haineux en ligne sur leurs concitoyens que par la limitation de la liberté d’expression ou les restrictions à la vie privée». Quatre Canadiens sur cinq seraient favorables à l’adoption des mesures législatives selon lesquelles ceux qui publient des contenus haineux ou racistes seront tenus responsables de leurs actes.

«Alors qu’il existe une législation sur la haine dans le monde réel, le cyberespace n’a pas reçu le même niveau de diligence législative», a déclaré M. Hashim.

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