Les hauts et les bas de Tommy Veilleux

De 15 à 18 ans, Tommy Veilleux est passé d’un joueur qui évoluait dans le midget espoir à un espoir des Predators de Nashville. Puis, entre 18 et 20 ans, il est passé d’aspirant à la Ligue nationale de hockey (LNH) à joueur évoluant dans le junior AAA. Au cours de ses cinq années dans les rangs juniors, le Beauceron est passé par toute la gamme des émotions. Désormais âgé de 25 ans, l’ancien attaquant des Tigres de Victoriaville est en paix avec son passé.

L’aventure junior du natif de Saint-Georges-de-Beauce s’est amorcée avec une véritable surprise. À son année de 15 ans, Veilleux avait évolué avec les Élites de Beauce-Amiante au niveau midget espoir en compagnie de son frère jumeau Steven. «Ça coûtait vraiment cher le midget AAA, donc mon père ne pouvait pas vraiment me faire jouer à ce niveau. J’avais donc décidé de retourner dans le midget espoir, mais j’avais disputé une dizaine de parties avec les Commandeurs», s’est remémoré Veilleux.

Bien qu’il n’avait pas joué majoritairement dans le midget AAA, il en avait semble-t-il montré assez pour convaincre les Tigres de Victoriaville de le réclamer au 14e rang du repêchage 2011 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

L’attaquant n’en était toutefois qu’au début du manège. Dès l’automne suivant, les Tigres décident de le garder avec eux pour l’entièreté de la saison. Veilleux dispute 38 parties et il prend même part au Défi mondial des moins de 17 ans avec l’équipe du Québec dans un rôle de soutien. Lors de cette campagne 2011-2012, Victoriaville misait sur une excellente formation avec des joueurs comme Yanni Gourde, Brandon Hynes, Philippe Maillet, Philippe Halley et Phillip Danault.

S’il était fort heureux d’avoir pu se tailler une place au sein de ce club, Veilleux se dit qu’avec le recul, il lui aurait été assurément préférable de retourner dans le midget AAA. «Aujourd’hui, si je pouvais refaire les choses, je crois que pour mon développement, j’aurais dû redescendre dans le midget AAA. Cette année-là, les Tigres étaient vraiment forts, donc je ne jouais pas toutes les parties et je ne jouais pas beaucoup. Je partais du midget espoir à une équipe top 3 dans la LHJMQ. J’ai beaucoup appris, mais la situation a fait en sorte que la confiance était moins là. Je crois que ça a eu des répercussions dans les années suivantes.»

Les répercussions ne se sont toutefois pas fait sentir dès la saison suivante. En effet, Veilleux a connu une saison honnête de 28 points et de 129 minutes de pénalité en 66 parties, ce qui lui vaut d’être repêché au 6e tour du repêchage de la LNH par les Predators de Nashville. «C’est le fait le plus marquant de ma carrière. J’ai vécu plusieurs émotions cette journée-là. Je ne m’attendais pas à ça!»

Début de la descente à 18 ans

Tommy Veilleux passe les mois suivant sa sélection à s’entraîner pour arriver fin prêt pour le camp d’entraînement. Il se sent alors en pleine possession de ses moyens, mais à la fin d’une rencontre préparatoire, une mise en échec banale lui cause une fracture de la clavicule. Après trois mois de convalescence, il revient au jeu. Dès le septième match suivant son retour, l’attaquant de 6 pieds et 202 livres se fracture la clavicule au même endroit. «Des fois, le timing… La première fois qu’elle s’est brisée, il ne restait que six secondes à la partie et je me suis fait frapper bien normalement dans le coin de la glace. Ma clavicule s’est fracturée à ce moment. J’ai perdu mon année en quelque sorte.»

Lors de la campagne suivante, un changement d’air devient inévitable et Veilleux est cédé à Gatineau avec les Olympiques. Là-bas, le Beauceron connait de bons moments avec notamment 16 points en 29 parties. Sa double fracture de la clavicule, pour un joueur qui frappe et qui amène de l’énergie, a cependant des répercussions. «Je regarde ça aujourd’hui et je crois que mon style avait un peu changé. J’étais un grinder. Quand tu te fais briser la clavicule deux fois, il y a des choses qui changent. Je m’étais déjà fait coller l’étiquette d’un bagarreur en quelque sorte. Quand tu l’as, ça devient difficile de te la faire enlever. C’est ce que j’ai moins aimé du junior, ces fameuses étiquettes.»

Le junior AAA pour être heureux

À 20 ans, voyant que sa relation avec l’entraîneur-chef et directeur général Benoît Groulx est tumultueuse, Veilleux décide de quitter le junior majeur pour évoluer dans le junior AAA avec les Cobras de Terrebonne, où son frère jumeau Steven est gardien de but. Tommy concède que Groulx a été le meilleur entraîneur de hockey qu’il a eu, mais sur le plan humain, ça ne fonctionnait pas du tout. «Je me sentais comme une vidange. J’ai décidé que je ne me ferais plus jamais parler comme ça. Il me disait qu’il voulait m’échanger, mais que personne ne me voulait. Je n’en pouvais plus. Il m’a dit que si je faisais ça, ma carrière serait terminée. J’ai pris cette décision pour être heureux. Ça faisait quatre ans que je me taisais et que je me disais que j’allais réussir. L’entonnoir s’est refermé et je n’avais plus le plaisir de jouer. Oui, j’ai mis mon rêve de côté, mais c’était le choix logique.»

À Terrebonne, Veilleux connait beaucoup de succès offensif avec 64 points en 30 parties seulement. «Oui, ce n’était peut-être pas le même calibre, mais quand tu joues, que l’entraîneur te fait confiance malgré tes erreurs ici et là, ça aide. Je me suis demandé pourquoi j’avais attendu tout ce temps pour faire ce choix.»

Considérant que le style de jeu robuste qu’il pratiquait l’a étiqueté à un rôle de 3e ou de 4e trio dans le junior majeur, Veilleux est d’avis que cela a joué quelque peu en sa défaveur sur le long terme, car il était cantonné à un rôle qui ne lui plaisait pas vraiment. Lors de son passage à Victoriaville, sa relation avec l’entraîneur-chef Yanick Jean n’a pas toujours été au beau fixe non plus, loin de là. «J’étais dédié à la cause de mon équipe, mais quand tu en donnes et que tu n’es pas récompensé, ça devient difficile. Il venait me voir pour que j’agite les choses, donc j’y allais. Je voulais qu’il m’en donne ensuite… mais ça n’arrivait pas. J’ai l’impression de m’être fait jouer un tour.»

L’ancien attaquant des Tigres n’est toutefois pas dupe, il sait que son coup de patin posait problème. «Le junior majeur est une belle école de vie. J’ai vécu un rêve en faisant tout ça. Je ne le voyais peut-être pas jadis, mais aujourd’hui, je vois que je n’aurais possiblement pas joué dans la LNH en raison de mon coup de patin. J’avais les outils pour réussir, mais il me manquait le plus gros outil.»

Devenu charpentier-menuisier et résidant aujourd’hui à Scott avec sa copine des dix dernières années, Veilleux continue de jouer au hockey avec le Métal Pless de Plessisville dans le senior AAA et de temps à autre avec le Cool FM de Saint-Georges-de-Beauce dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH). Il espère notamment pouvoir se servir de son expérience pour enseigner aux jeunes joueurs plus tard. «Je suis serein avec ma carrière. Oui, j’ai des déceptions par rapport à certaines choses. J’aurais dû plus parler. J’ai rencontré du monde exceptionnel, notamment ma famille de pension avec Patrick Garneau et Annie Normand. Ce sont vraiment eux qui m’ont aidé à traverser ces épreuves.»