Apprendre et se familiariser à une nouvelle réalité

Les autorités de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) ont récemment annoncé qu’elles mettaient leurs activités sur pause jusqu’au 3 janvier. Bien que prévisible, cette nouvelle a reçu un accueil mitigé dans le giron des Tigres de Victoriaville. En effet, les joueurs sont tiraillés par leur désir de jouer des matchs, mais aussi de profiter de temps avec leur famille.

«Je m’y en attendais un peu honnêtement. Avec Noël qui arrive, nous savions que les gars des Maritimes devaient quitter leur ville dès le 10 décembre pour respecter l’isolement en revenant au Québec. Depuis le début de la saison, nous ne savons pas ce qui va survenir d’une semaine à l’autre. J’ai été déçu par l’annonce de cette pause, je ne le cacherai pas», a confié l’attaquant de 18 ans Nicolas Daigle.

Limités dans leurs sorties et dans leurs fréquentations, les joueurs des Tigres ont dû faire des efforts considérables pour conserver leur motivation sans pouvoir jouer de véritables matchs, ce qu’ils considèrent habituellement comme leur récompense. Une fois leur session scolaire terminée, ils quitteront les Bois-Francs pour retrouver leur nid familial avant de retrouver l’environnement des Tigres à compter du 3 janvier. «Avec tout ce qui s’est passé depuis le début de la saison, ça va nous faire du bien d’être de retour avec nos familles. Cette saison n’est évidemment pas comme les autres. Nous n’avons pas nos partisans, nous ne pouvons pas aller au restaurant et nous ne pouvons pas voir nos amis», a mentionné avec résignation le gardien Fabio Iacobo, lui qui n’a pas vu sa famille depuis le décès de son grand-père en début de saison.

En théorie, l’ensemble des équipes de la LHJMQ devrait reprendre ses activités au cours du mois de janvier. Les dirigeants du circuit Courteau aimeraient que la pandémie se soit résorbée afin que les clubs puissent se déplacer d’une ville à l’autre. Si ce scénario apparait fort peu probable, l’option de mettre sur pied d’autres bulles s’avère plausible. Les joueurs se disent d’ailleurs à l’aise à l’idée de répéter ce scénario. «Pourvu que je puisse jouer des matchs, je vais être d’accord. L’idée d’une bulle est bonne. Nous l’avons vécu à Québec et c’était organisé à merveille. Je n’ai rien à redire sur ça. Nous avions même nos périodes d’études, car la ligue y tient. Je suis donc prêt à retourner dans une bulle dès qu’il le faudra», a souligné Nicolas Daigle.

«L’idée de retourner dans une bulle me plait. Si je peux jouer au hockey, je vais être heureux. Dans une bulle ou non, ça ne me dérange pas du tout», a ajouté le vétéran de 20 ans Alex DeGagné.

Pas facile de rester motivé

Avant de quitter Victoriaville, ils devront donner un dernier effort jusqu’au dernier entraînement de l’équipe prévue le 10 décembre. Certes, c’est prouvé, les pratiques permettent de progresser, mais encore faut-il pouvoir mettre en application cette progression en situation de match. «On joue ce jeu pour gagner. Nous comprenons que nous devons pratiquer, mais nous avons également plusieurs joueurs qui veulent gagner des parties. Toujours pratiquer, c’est bien, mais tu veux voir des résultats. C’est dans les rencontres que tu constates la progression», a dit Iacobo.

Ainsi, pratiquer sans savoir quand le prochain match sera tenu devient difficile sur le plan de la motivation. «Si l’équipe a décidé de nous garder à Victoriaville jusqu’au 10 décembre, c’est parce qu’elle a un plan en tête et qu’elle croit en nous, a avancé Daigle. C’est pour nous et pour le bien de l’équipe. Il m’arrive parfois de perdre ma motivation. Ce n’est pas facile. Il y a toujours quelque chose pour te remotiver et continuer d’avancer.»

Le vétéran DeGagné fait notamment valoir que, comme le reste du monde, les hockeyeurs doivent s’adapter à la nouvelle réalité qu’amène la COVID-19. Si c’est par là qu’il faut passer pour voir des améliorations, il se dit prêt à le faire. «Oui, c’est difficile de toujours pratiquer et de ne pas savoir quand nous pourrons jouer, mais à la fin, nous sommes à Victoriaville pour jouer au hockey. Nous savons que nos efforts vont finir par être récompensés. En séries, c’est là que tous ces entraînements vont payer.»

Ces longues pauses sans vrai match posent cependant problème lorsque c’est le temps de prendre son erre d’aller, concèdent les joueurs. En effet, au cours d’une saison normale, plus les parties passent, plus les joueurs sont en mesure de trouver leurs repères. Avec ces longues pauses suivies de parties concentrées sur une courte période, il est difficile pour les joueurs de trouver, puis de garder un rythme pour progresser convenablement. «Nous devons gérer ça. C’est à nous de prendre notre rythme dans les entraînements. C’est plus facile pour certains que d’autres. C’est une question d’être prêt quand ce sera le temps», a concédé Iacobo.

«Cette situation est plus difficile du point de vue mental. C’est une première et ça demande de l’adaptation pour tout le monde. Il faut toujours être prêt», a conclu Daigle.