Elle donne une deuxième vie aux manteaux de fourrure

Aimer les animaux et traiter leur fourrure pour faire des accessoires et des vêtements, est-ce contradictoire? Pas pour la designer de mode Danny Bergeron qui travaille la fourrure recyclée et donne une deuxième vie aux manteaux de fourrure qui dorment dans les vieux garde-robes.

Tuque, cache-oreilles, cache-cou, manteau, foulard, pompon, nœud papillon, barrette, bijou, bracelet, bague, collier, boucle d’oreille, jeté, coussin, etc. Ce ne sont que quelques créations de DeciBelles Créations, l’entreprise de Danny Bergeron, situé sur la rue Manville Ouest à Asbestos.

«J’ai déjà fait un siège de side-by-side en fourrure, lance celle qui a eu la piqûre pour la fourrure lors d’un stage. La dame est arrivée avec son siège et son manteau de fourrure. Ç’a été un pas pire défi!»

Mme Bergeron ne traite que la fourrure recyclée. Elle récupère donc les manteaux de fourrure des gens pour se fournir en matière première.

«Je rencontre des gens dans les salons de métiers d’art qui ont des manteaux qui dorment dans leur garde-robe, indique-t-elle. J’en trouve dans les friperies aussi. Ç’a été vraiment populaire, la génération de nos grands-parents avait minimum un manteau de fourrure par foyer si ce n’est pas plus. C’était une marque de prestige. C’est tellement une matière durable. Si elle a été bien entretenue, ça peut durer minimum 50 ans ou même plus longtemps.»

Valeurs écologiques

Mme Bergeron estime que traiter de la fourrure recyclée s’inscrit parfaitement dans ses valeurs écologiques.

«Je suis la première défenderesse des animaux, de la nature et de faire attention à notre consommation. Il y a toujours deux côtés à une médaille. Avec la fourrure, c’est clair qu’on se dit qu’on tue un animal alors qu’avec la technologie on a plus besoin de le faire, mais en même temps il y a quand même une mode fourrure et la fourrure synthétique est plus ou moins écologique parce qu’elle est faite à partir de pétrole.»

La traite des fourrures est aussi partie importante de notre histoire, selon elle.

«Si les premiers colons n’avaient pas eu les autochtones pour les vêtir, pas certaine qu’ils auraient vécu longtemps.»

Réglementation

À l’instar de la chasse, l’industrie de la fourrure neuve est très réglementée au Québec.

«Toutes les peaux sont tracées pour éviter les abus», explique Danny Bergeron qui n’a fait qu’un seul manteau à partir de fourrure neuve dans sa carrière et c’est lorsqu’elle travaillait pour quelqu’un d’autre. «La nature fournit toujours un peu plus d’animaux qu’elle peut en contenir de toute façon.»

En raison de problèmes éthiques évidents, la fourrure ne jouit plus non plus d’une grande popularité en ce moment, du moins pour les manteaux.

«Avec la technologie, on est capable d’avoir des manteaux d’hiver chaud et léger, ajoute Danny Bergeron. La fourrure c’est chaud, mais c’est lourd et c’est de l’entretien.»

«Je sais que ce n’est pas une matière infinie et qu’éventuellement je n’aurai plus de matière première pour faire mes créations, résume Danny Bergeron qui a lancé son entreprise en 2015. Mais pour l’instant, j’ai tellement de matière que je suis bonne pour faire ça pendant encore 5-10 ans.»

La Tribune