Départ de Bill Morneau : Justin Trudeau dédit la presse et l’opposition

Le bureau du premier ministre a publié une déclaration pour contester l’information selon laquelle le ministre des Finances allait bientôt être remercié.

«Bien entendu, le premier ministre fait entièrement confiance au ministre Morneau et toute déclaration contraire est fausse», a-t-il démenti. Selon le texte, le premier ministre salue «le rôle majeur» du ministre Morneau dans «la création de la PCU, de la subvention salariale et de nombreuses autres mesures visant à soutenir les Canadiens et les entreprises en ces temps difficiles et il poursuit aujourd’hui ces efforts importants» dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.

Le chef du Parti conservateur s’est adressé à la presse mardi peu après la publication des informations du quotidien The Globe and Mail selon lesquelles Bill Morneau pourrait être remercié à la tête du ministère des Finances.

La short list du quotidien révèle quelques noms comme ceux de la vice-première ministre Chrystia Freeland, du ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne, du président du Conseil du Trésor Jean-Yves Duclos et de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney. Ce dernier, présenté comme étant le favori de la course, fut aussi gouverneur de la Banque de l’Angleterre pendant la crise du Brexit. Il officie en qualité de conseiller spécial auprès du premier ministre pour la préparation de la relance économique.

 Le départ de Morneau ne changera rien

«Que M. Morneau soit muté à un autre poste ou qu’il démissionne ne changera rien», a lancé le chef du Parti conservateur Andrew Scheer en conférence de presse. Ses critiques étaient particulièrement orientées vers le premier ministre canadien.

«Justin Trudeau avait l’occasion de démontrer qu’il ne tolère pas les comportements scandaleux il y a des semaines et il ne l’a pas fait. De toute façon, il ne pouvait pas le faire parce qu’il ne peut imposer des normes d’éthique à Bill Morneau qu’il n’est même pas lui-même en mesure de respecter. Il ne peut pas congédier Bill Morneau pour les mêmes choses qu’il a lui-même faites», a-t-il expliqué.

Le premier ministre et son ministre des Finances ont été plusieurs fois interpellés dans l’affaire UNIS (We Charity en anglais), l’organisme qui a été sélectionné par Ottawa pour la gestion d’un programme de bourses de bénévolat étudiant de plus de 900 millions de dollars. Bien qu’il soit resté critique sur le bilan de Bill Morneau, le leader conservateur a insisté pour expliquer que les problèmes d’éthique qui accablent le gouvernement fédéral ne pourront pas être résolus par le seul changement du ministre des Finances.

«Je crois que Bill Morneau a un bilan désastreux en tant que ministre des Finances. Il a contribué à affaiblir l’économie canadienne avant même que la pandémie frappe à cause des déficits monstrueux. Le Canada était à la traîne par rapport aux autres pays du G7 en matière de croissance économique. Alors ça importe peu qui est ministre des Finances tant et aussi longtemps que Justin Trudeau est premier ministre», a-t-il ajouté.

Les partis d’opposition réclament la démission de Bill Morneau et de Justin Trudeau depuis que cette affaire UNIS a éclaté. Le commissaire à l’éthique et aux conflits d’intérêts Mario Dion a ouvert une enquête sur les conditions de l’attribution sans appel d’offres du contrat à l’organisme de bienfaisance. Le Comité permanent de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique va entendre tour à tour la ministre de la Jeunesse, Bardish Chagger, la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough, et Ian Shugart, greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet.

Il avait été révélé que les membres de la famille du premier ministre avaient été rémunérés par cette organisation. Il en est de même pour l’une des filles du ministre Morneau qu’UNIS a employée.

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