Prendre soin de soi?

Chaque année, de nouvelles expressions s’ajoutent à notre vocabulaire habituel pour l’enrichir d’une nouvelle couleur grammaticale. Au cours des dernières décennies, nous avons vu l’expression «prendre soin de soi» ravir les champs de la publicité, de la pop-psychologie et même de nos expressions quotidiennes. Mais que voulons-nous dire par cette formule? Et qu’est-ce que l’autre comprend lorsque vous le dites?

Prendre soin de soi, ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air! Ces quelques mots tout simples peuvent signifier beaucoup de choses pour certains et, pour d’autres, ne rien signifier du tout. La capacité de prendre soin de soi implique d’avoir un sentiment de l’existence de soi et de sa propre valeur. Pour une personne n’ayant pas le sentiment d’avoir une certaine valeur aux yeux des autres, prendre soin de soi ne signifie rien de concret.

L’estime de soi se construit dans le lien d’attachement avec les parents. La perception de soi et l’importance de prendre soin de soi sont d’abord reflétées par le regard du parent. Les mots et les gestes des parents envers leurs enfants leur donnent un reflet qui influence la perception qu’ils auront de leur corps, de leur personnalité, de leur intelligence, et cela teintera même leur manière d’être en relation. Pour une personne qui n’a pas acquis les habiletés de prendre soin d’elle, la formule «prendre soin de soi» peut tout simplement lui faire ressentir de la culpabilité, de l’impuissance et du découragement. Vous n’êtes pas fautif de ne pas savoir comment prendre soin de vous, mais il est possible de l’apprendre.

De plus, se faire du bien est souvent associé à de fausses croyances élaborées dans certains milieux où nous nous développons. Les connotations associées à cette formule peuvent être nombreuses : impression de faiblesse, culpabilité ou, au contraire, impression de «tout m’est dû».

D’abord, sachez que de savoir se prodiguer des soins n’est pas une faiblesse, mais une habileté qui peut se développer. Vous n’êtes donc pas coupable de répondre à vos besoins, mais vous êtes responsable de faire ce qui est bon pour vous. Prendre soin de soi, ce n’est pas une exigence du monde externe, mais bien une réponse à son propre monde interne. Justement, personne n’a l’obligation de s’occuper d’un autre adulte autonome, parce que nous sommes tous responsables individuellement de nous occuper de nous.

Afin de développer son habileté à s’occuper de soi, le premier pas est de reconnaître ses signaux internes. D’abord, reconnaître les manifestations biologiques comme la faim, la fatigue ou les douleurs. Puis, écouter ses nombreux signaux émotifs ou cognitifs tels que l’irritabilité, l’anxiété et les pertes de mémoire ou de concentration. Commencez par un signal à la fois pour éviter de vous mettre de la pression.

Alors, comment prendre soin de soi? Il n’y a pas qu’une seule manière de se faire du bien mais, chaque fois, il faut entendre ses signaux. Pour chaque personne, la réponse sera unique. Par exemple, «prendre soin de soi» peut consister à améliorer son alimentation en instaurant une discipline alimentaire. Mais pour une autre personne, ce sera de s’autoriser un morceau de gâteau au chocolat. Chaque besoin est unique et, donc, chaque réponse est unique.

Voici quelques suggestions pour vous aider à prendre soin de vous :

  • D’abord, écoutez et identifiez vos signaux internes (physiologiques, cognitifs, émotifs ou relationnels).
  • Ne vous en demandez pas trop à la fois. Entreprendre une telle démarche peut susciter des émotions de toutes sortes (culpabilité, tristesse, gêne, désarroi, etc.).
  • Accueillez ces émotions avec bienveillance.
  • Demandez-vous ce que vous feriez pour vos proches dans une telle situation. Cela peut vous aider à trouver ce qui est bon pour vous.
  • Faites attention aux pensées qui peuvent entraver votre démarche (je n’ai pas le temps, je ne le mérite pas, je suis faible d’avoir ce besoin, ça ne donne rien, etc.).
  • Planifiez des moments où vous vous occuperez de vous dans votre agenda.
  • Allez consulter si vous n’y arrivez pas seul.
  • Souvenez-vous que faire un seul geste conscient et savouré est plus profitable que plusieurs gestes sans résonance.
  • Et n’oubliez pas d’être fier et bienveillant pour les efforts que vous faites.