Pandémie : Technofil diversifie sa production

L’entreprise Technofil de Laurierville fait partie d’un groupe d’une vingtaine de manufacturiers partenaires de l’entreprise johannaise Logistik Unicorp qui a récemment signé une entente avec le gouvernement du Canada pour approvisionner le réseau canadien de la santé en blouses médicales.

Le contrat prévoit la production de plus de 11 millions de blousons de protection pour protéger les travailleurs qui oeuvrent en première ligne.

«Nous sommes évidemment fiers de participer à cet effort et de faire une différence pour nos travailleurs de première ligne», a fait savoir le propriétaire de Technofil, Alain Bergeron, qui est également copropriétaire de l’entreprise Confections Troy à Weedon. «Cet important contrat nous assure de l’ouvrage pour les six prochains mois.»

Adaptation

L’entreprise lauriervilloise, qui se spécialise dans la confection de pantalons d’uniformes pour la Défense nationale, avait dû fermer ses portes durant quatre semaines en raison de la pandémie au nouveau coronavirus en mars.

Elle avait été autorisée à rouvrir ses portes le 20 avril dernier pour réaliser un contrat en sous-traitance (avec l’usine de Weedon) d’une entreprise du Saguenay pour la fabrication de 25 000 pantalons destinés à du personnel infirmier dans les CIUSSS, contrat qui est en voie d’être complété.

La pandémie offre effectivement de nouvelles perspectives d’emplois pour l’entreprise de Laurierville qui tourne un chiffre d’affaires de 3 millions $ par année. «C’est du jamais vu. Nous pourrions, avec les sous-contrats actuels, doubler le nombre de nos employés et fonctionner sur trois quarts de travail», affirme M. Bergeron mentionnant que ses deux entreprises ont obtenu d’autres sous-contrats pour la fabrication de blouses et pantalons pour du personnel de la santé ainsi que pour la confection de masques. «Nous en avons refusé d’autres pour nous garder une certaine marge de manœuvre s’il y a une reprise dans notre spécialité.»

Il va de soi que la fermeture de l’entreprise pendant quatre semaines combinée à l’ajout des mesures sanitaires et l’adaptation de nouvelles méthodes de travail pour la confection des nouveaux vêtements entraînent des coûts pour son propriétaire. «Avec la subvention salariale du gouvernement et les contrats en sous-traitance que nous avons obtenus, nous devrions cependant être en mesure de nous rattraper d’ici la fin de l’année», estime celui-ci.

La subvention salariale du gouvernement a permis à son entreprise d’obtenir 100 000 $ en deux mois. «Nous nous en sommes également servis pour augmenter le salaire de nos employés jusqu’à 17 $ de l’heure. «Nous avions d’ailleurs pris l’initiative d’augmenter les salaires avant même la mise en place du programme. Nous espérons qu’il sera prolongé.»

Une industrie précaire

Pour M. Bergeron, il est maintenant important que le gouvernement encourage les usines québécoises lorsqu’il a à donner des contrats, comme il demande aux gens d’acheter Québécois.

«Nos deux gouvernements devront aussi se parler pour que les usines du textile en arrivent à offrir des salaires décents à leurs employés. Au cours de la dernière année, nous avons dû supporter 9% d’augmentation, à cause de l’ajout de congés de maladie et de la hausse du salaire minimum par le gouvernement du Québec alors que le gouvernement fédéral nous a offert une augmentation de 2,4% pour s’approvisionner chez nous. Il devient de plus en plus difficile d’assurer la pérennité de nos entreprises devant une telle situation.»

Fier de ses employés

En terminant, M. Bergeron se dit fier de l’engagement de son groupe de 35 employés (et tout autant à Weedon) qui ont répondu à l’appel pour rentrer au travail. «C’est très apprécié de ma part.»

Conscient que la PCU (Prestation canadienne d’urgence) et la PCUÉ (Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants) n’aident pas les PME à recruter, il lance tout de même l’invitation à tous ceux et celles qui voudraient venir travailler à l’usine ou à partir de la maison. «Nous avons de l’ouvrage pour eux.»

Alain Bergeron est l’actuel propriétaire de Technofil depuis 2007. Il travaille dans l’entreprise, qui a été fondée en 1978, depuis 1984. Il est aussi copropriétaire de Confections Troy à Weedon depuis sept ans.