Le volume d’activités va augmenter en santé

La pandémie ayant forcé le ralentissement des activités,  les chirurgies, les examens et rendez-vous médicaux augmenteront graduellement, passant de 40% à 70% dans la région Mauricie-Centre-du-Québec.

La présidente-directrice générale adjointe (PDGA) du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), Nathalie Boisvert, l’a confirmé, vendredi matin, lors d’un entretien téléphonique avec les journalistes.

«Il nous fallait déposer un plan pour la reprise des activités, plan que devait entériner le Ministère. Et nous avons reçu l’autorisation selon le niveau que nous avons estimé possible», a-t-elle confié, tout en précisant que l’on considérait les réalités territoriales pour déterminer le pourcentage de reprise.

Ainsi, à Victoriaville, compte tenu du nombre peu élevé de cas de COVID-19 dans la communauté, la reprise des activités au bloc opératoire ira jusqu’à 70%. À Drummondville, en raison d’une éclosion importante à l’hôpital et de la mise en place de plusieurs mesures, le CIUSSS MCQ autorise une reprise à 55% qui pourra cependant être revue à la hausse jusqu’à 70% dans les prochaines semaines.

Les limites de la reprise, a expliqué Mme Boisvert, sont notamment liées avec la disponibilité du personnel. «C’est plus difficile de reprendre les activités, a-t-elle souligné. Quand on les réduit, le personnel est alors attitré à d’autres fonctions pour nous permettre de travailler dans un contexte de pandémie.» Les locaux où la distanciation sociale doit être respectée, comme les salles d’attente, font aussi en sorte de limiter la reprise des activités.

En attente

Pour les MRC d’Arthabaska et de L’Érable, il y a pas moins de 779 chirurgies en attente, a fait savoir la PDGA du CIUSSS MCQ. Elle estime aussi à 900 le nombre de demandes de chirurgie qu’on aurait dû recevoir entre le 15 mars et le 15 mai. Ce qui signifie qu’il y aurait donc environ 1600 patients en attente à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

Il en faudra du temps pour rattraper tout ce retard. «Ça va prendre des mois pour récupérer le retard accumulé», a indiqué Nathalie Boisvert tout en ajoutant que bien des variables demeurent inconnues. «Y aura-t-il une deuxième vague? De quel ordre? Nos mesures de déconfinement vont-elles bien se passer? Pour le moment, ça semble bien aller, mais on en est au tout début.»

Concernant les  chirurgies, un algorithme décisionnel  est proposé, a expliqué la PDGA. Les autorités responsables ont à porter un regard critique sur les types de chirurgie à privilégier. «Évidemment, nous allons favoriser les chirurgies qui ont des effets importants sur le quotidien des usagers, qui affectent leur capacité d’être fonctionnels et de pouvoir travailler», a-t-elle signalé.

Nathalie Boisvert reconnaît que certains cas peuvent être plus difficiles à évaluer. «Mais l’objectif est de favoriser l’utilisation des plateaux techniques pour des chirurgies ayant des impacts plus grands chez les patients.» Jusqu’ici, le personnel a traité des pathologies importantes, comme le cancer, par exemple. Les activités des cliniques spécialisées augmentent aussi la cadence jusqu’à 70% partout sur le territoire. «Les cliniques externes, les rendez-vous pour les cliniques spécialisées, les rendez-vous pour voir, par exemple, un urologue ou un chirurgien, toutes ces activités passent à 70%», a confié Mme Boisvert.

Mais pour parvenir éventuellement à un taux de 100%, les intervenants devront faire preuve de grande ingéniosité. «On ne sait pas comment on va y arriver», a-t-elle dit. La mesure de distanciation sociale pose problème dans les établissements, notamment dans les salles d’attente, ce qui commandera une certaine façon de faire. On invitera les gens à se présenter seuls à leur rendez-vous, à y arriver cinq minutes à l’avance. «On évalue aussi toutes sortes d’éléments de technologie qui nous permettront vraiment de respecter la distanciation sociale», a continué la PDGA qui en appelle à l’honnêteté des gens dans leurs réponses aux questions qu’on leur posera. «Il faut agir de façon responsable, s’assurer qu’ils n’ont pas de symptômes. On se doit de protéger notre réseau pour pouvoir être en mesure d’augmenter notre offre de services. On souhaite que les gens obtiennent les traitements auxquels ils ont droit. Mais il faut s’assurer que ce soit bien fait», a-t-elle plaidé, ajoutant que ce serait «d’une grande tristesse» si on devait revenir en arrière et tout arrêter.

Le post-COVID nous amènera à vivre différemment et à repenser nos établissements de santé, a-t-elle fait valoir. «On pense qu’avec 70% et plusieurs mesures qu’on met en place, ça ira bien. Pour le reste, cela exigera une grande réflexion.»

Impossible, donc, de prévoir le moment de l’atteinte du 100%. «Cela peut prendre plusieurs mois dans certains éléments, peut-être moins dans d’autres», a-t-elle mentionné, suggérant que certaines activités pourraient peut-être même se faire ailleurs que dans le milieu hospitalier. «Tout est sur la table. La réflexion est amorcée. Mais ce qu’on veut, en ce moment, c’est que ça se passe bien et atteindre notre 70% pour tous les services. On y met tous nos efforts partout sur le territoire. Mais à Victoriaville, c’est bien, tout sera à 70%.»

Deuxième vague

Interrogée à savoir si les autorités sont prêtes à affronter une deuxième vague du coronavirus, Nathalie Boisvert se fait rassurante, tout en confiant qu’il faudra apprendre à vivre avec le virus. «On en a tiré des apprentissages. Tous les jours, on devient meilleur pour faire face à cette crise sanitaire. Assurément, s’il y a une deuxième vague, on sera meilleur. On sait quoi faire, comment faire et comment faire mieux. Oui, nous sommes prêts», a-t-elle exprimé.

«L’enjeu, a-t-elle ajouté, c’est qu’on souhaite ne pas devoir tout arrêter et être capable de passer cette deuxième vague en espérant qu’elle soit beaucoup moins importante.»