Surestimons-nous le nombre de personnes qui meurent de la COVID-19 au Canada?

Chaque jour, les Canadiens sont informés du nombre de nouveaux décès attribués à la COVID-19 lors de points de presse. Une nouvelle publication lancée par l’Institut économique de Montréal soulève des questions quant à l’exactitude des statistiques qui sont véhiculées.

Peter St. Onge, chercheur associé senior à l’IEDM, explique que les données quant à la prévalence du virus au sein de la population sont essentielles afin d’identifier le nombre de décès qu’il cause. «Un conseiller de la NHS en Grande-Bretagne, le Dr John Lee, redoutait d’ailleurs que le nombre de décès dans son pays soit surestimé, faute de données pertinentes. Le même risque existe au Canada», fait valoir M. St. Onge.

Au début du mois du mai, les cas connus de COVID-19 au pays représentaient 0,2% de la population totale. Le Angus Reid Institute, pour sa part, a publié une étude épidémiologique estimant qu’entre 1% et 8% des ménages canadiens avaient été infectés. «Un nombre de personnes déjà infectées plus élevé est en soi une bonne chose, car cela indiquerait que le virus est moins mortel qu’anticipé», déclare le chercheur.

«La prévalence nous permet de déterminer combien de gens sont morts « avec la COVID » plutôt que « de la COVID »», fait valoir M. St. Onge. «Après tout, on peut attraper le coronavirus, mais décéder plutôt d’un malaise cardiaque lié à une condition antérieure», ajoute-t-il.

Gaël Campan, coauteur de la publication, souligne que l’étude du Angus Reid Institute a des implications intéressantes. «Un taux de prévalence de 1% laisse entendre que la COVID-19 pourrait être accessoire dans 10% des décès répertoriés», affirme M. Campan. La tranche supérieure identifiée par Angus Reid, soit 8%, pourrait signifier que le coronavirus soit accessoire dans jusqu’à 80% des cas.

Les données sur la prévalence permettent également de quantifier le taux de mortalité du coronavirus de façon plus exacte. «Avec un taux de prévalence de 1%, le taux de mortalité de la COVID-19 se chiffrerait à 1,1%. C’est bien moins que ce qui était estimé à l’origine», maintient M. Campan.

Or, avec une prévalence dans la population de 8%, le taux de mortalité chuterait à 0,13%. «Ce scénario, qui est possible selon Angus Reid, voudrait dire que le coronavirus aurait sensiblement le même taux de mortalité que celui de la grippe saisonnière», fait valoir Gaël Campan.

Dans tous les cas, selon les chercheurs, des données fiables concernant le taux de prévalence du virus au sein de la population canadienne sont nécessaires afin de bien comprendre la situation à laquelle nous faisons face.

Le Point intitulé «Surestimons-nous le nombre de Canadiens qui meurent de la COVID-19?» est signé par Peter St. Onge, chercheur associé senior à l’IEDM, en collaboration avec Gaël Campan, économiste senior à l’IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.

L’Institut économique de Montréal est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications, ses apparitions dans les médias et ses services consultatifs aux décideurs politiques, l’IEDM stimule les débats et les réformes des politiques publiques en se basant sur les principes établis de l’économie de marché et sur l’entrepreneuriat.