COVID-19 : quand le racisme s’invite

En raison de la pandémie de la COVID-19, la population québécoise doit respecter des mesures contraignantes afin de limiter la propagation du virus. Le quotidien de chacun est chamboulé. Encore plus difficile pour une famille de Victoriaville qui, depuis le début de la crise, est victime de racisme, et ce, parce que le paternel est originaire de la Thaïlande.

Sa conjointe, Evelyne Cantin, une Victoriavilloise d’origine, tenait à dénoncer la situation afin, entre autres, de sensibiliser les gens à leur triste réalité. Après de nombreuses années dans la région de Montréal, elle décide, il y a deux ans, de revenir s’établir à Victoriaville. Elle apprécie tout ce que la ville a à offrir aux familles. Elle vit toutefois une certaine déception, constatant le racisme subi par son mari en raison de sa nationalité.

Et c’est encore pire depuis le début de la crise liée au coronavirus. Depuis quelques semaines, on le pointe du doigt, on l’accuse d’être responsable de la pandémie. Les propos malfaisants se multiplient. «À chaque sortie, il se passe un incident. Pourtant, mon mari est arrivé au Québec à l’âge de 10 ans. Les gens doivent se calmer. Les commentaires désobligeants sont nombreux et ma fille de 7 ans en a récemment été témoin. Elle est à un âge où elle comprend ce qui se passe», a raconté Mme Cantin.

Un récent incident, survenu au supermarché, l’a particulièrement marquée. Alors qu’elle attendait avec son mari et sa fille dans la file pour se rendre à la caisse, une femme s’est retournée. Puis, quelques secondes plus tard, elle s’est retournée de nouveau et, d’un ton accusateur, elle a invité le père de famille à reculer, à prendre ses distances afin de respecter la consigne de distanciation sociale.

«Nous étions pourtant à une distance appréciable, comme recommandé. Elle ne m’a pas regardé moi, mais bien mon mari. Et le ton qu’elle a utilisé. Pourtant, elle-même ne respectait pas la distance requise avec la femme blanche qui se trouvait devant elle.»

Comme si son mari, parce qu’il est originaire d’Asie, était porteur du virus et dangereux pour la société. Mme Cantin espère simplement que cessent les chuchotements, les regards accusateurs, les propos déplacés, le mépris envers son conjoint, afin que sa famille se sente respectée et que sa fille puisse grandir sans avoir de préjugés.

«Ce n’est évidemment pas la majorité des gens qui agissent de la sorte, mais chaque incident laisse des traces, a-t-elle laissé entendre. C’est bien souvent simplement de l’ignorance. Il faut néanmoins que ça cesse.»