Zec La Croche : un 2e roman noir signé Maureen Martineau

L’écrivaine tingwickoise Maureen Martineau se prépare à lancer son septième livre. Il s’agit d’un roman noir, son deuxième dans cette catégorie, qui s’intitule Zec La Croche.

En entrevue, Maureen a expliqué que le genre lui permet une belle liberté. «Ça me change de l’univers de Judith Allison», souligne celle qui a, à son actif, quatre titres qui mettent en vedette cette enquêtrice du service de police régional d’Arthabaska.

Ce nouveau roman lui a permis d’explorer la Haute-Maurice, secteur qu’elle apprécie particulièrement pour ses forêts et ses lacs. «À l’été 2018, j’y suis allée avec ma fille pour visiter les pourvoiries», explique-t-elle. Maureen s’est inspirée du meurtre d’une femme, partie en trekking seule aux États-Unis il y a quelques années, et déplore le fait que les femmes ont encore peur de se promener seules en forêt. «Je voulais affronter cette peur à travers la fiction», note-t-elle.

Elle souhaitait trouver un coin de nature où une femme dans la cinquantaine serait susceptible de venir camper. La Zec La Croche répondait à ses critères. C’est donc dans cette région qu’elle a planté son histoire qui met des femmes en vedette avec, en filigrane, les tensions liées à l’occupation du territoire. Tout cela avec, comme c’est souvent son habitude, un fond social.

Elle a même voulu inclure une ourse dans son roman, ce qui lui permet d’amener un autre regard sur la situation. Si ce sont des femmes qui sont en vedette, c’est sur un territoire de chasse que l’on retrouve les personnages. Un lieu traditionnellement réservé aux hommes. «J’ai dû me documenter sur la chasse», ajoute l’écrivaine.

Elle s’est aussi inspirée de l’enquête réalisée à Val-d’Or, sur les abus faits envers les femmes autochtones, et revient avec cette question dans son livre, mais autrement. Les lecteurs découvriront donc l’histoire de deux femmes atikamekw qui entraîneront, dans leur chasse, la jeune Lorie, venue en Haute-Mauricie se recueillir sur le site où sa mère a été tuée. Un paradis naturel, certes, mais aussi un lieu où rôdent des prédateurs.

Lancement

Le roman noir sera disponible dès le 18 mars et lancé officiellement au Salon du livre de Trois-Rivières le 28 mars à 17 h 30. D’ailleurs, Maureen Martineau figure parmi les six invités d’honneur de ce salon littéraire. «Je serai très heureuse de représenter le Centre-du-Québec», a-t-elle exprimé.

Et puis elle participera aussi au Salon du livre de Québec avec ce nouveau roman publié chez Héliotrope. Cette même maison d’édition, qui avait publié «Une église pour les oiseaux», a décidé de le rééditer, mais en version de poche, ce mois-ci.

Une bourse  pour un roman de type «Nurse Crime»

Maureen était également très heureuse d’annoncer qu’elle venait d’obtenir une bourse de 20 000 $ du Conseil des arts du Canada pour son prochain projet littéraire. Elle lui permettra notamment de faire sa recherche du côté de l’Alberta et de l’Ontario pour la rédaction de «La sélection», cinquième enquête de Judith Allison. D’ailleurs, elle encourage les autres écrivains du coin à faire de même. «On ne les demande pas assez ces bourses-là», estime-t-elle.

Le polar traitera de l’eugénisme au Canada et elle souhaite faire valider ses données par des experts, comme Erika Dyck, historienne médicale et collaboratrice au projet «Archives vivantes sur l’eugénisme dans l’Ouest canadien».

L’action se tiendra dans un hôpital fictif de Hull (d’où Maureen est originaire) et l’intrigue pourrait s’échafauder autour de deux histoires criminelles interreliées. «Je me sens interpellée par les éprouvantes conditions de pratique qui sévissent dans le réseau québécois de la santé. Le manque d’effectifs et les heures supplémentaires imposées entraînent une dégradation des soins et mettent en péril l’équilibre psychologique des professionnels de la santé», explique-t-elle.

À l’ère de la peur de l’immigration, des modifications génétiques, elle espère provoquer une réflexion sur la sélection des humains qui méritent ou non de procréer ou encore de ceux dont la mort mérite ou non d’être provoquée.

Des nouvelles

Une autre sortie est prévue pour Maureen en 2020. À l’automne, elle publiera en duo avec Ariane Gélinas un recueil de 12 nouvelles portant sur différentes périodes de chasse et de pêche. «Il ne se passera rien en ville. Et les nouvelles mettront en vedette des femmes criminelles», ajoute-t-elle. En plus de l’écriture, Maureen Martineau est bien active dans son Tingwick, notamment pour des projets environnementaux. «Ça me sort de l’écriture et m’apporte un équilibre», apprécie-t-elle.