Des recruteurs analysent de jeunes espoirs de la région

Lors du repêchage 2020 de la Ligue nationale de hockey (LNH), présenté à Montréal, trois patineurs de la région, Mavrik Bourque, Shawn Element et Miguël Tourigny, ont des chances légitimes d’enfiler l’uniforme de l’une des équipes de la meilleure ligue au monde. Le gardien des Tigres de Victoriaville, Fabio Iacobo, devrait également devenir la propriété d’une équipe de la LNH.

À quatre mois de la tenue de l’encan annuel de la LNH, le www.lanouvelle.net a consulté quatre recruteurs de différentes équipes afin de connaître leur analyse des forces et faiblesses des quatre espoirs.

Mavrik Bourque, centre, Cataractes de Shawinigan, 5’11’’, 171 livres

Après une saison recrue prometteuse, le Plessisvillois a poursuivi sa fulgurante progression cette saison. Avant de se blesser à la main, il se maintenait parmi les cinq ou six meilleurs pointeurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Féroce compétiteur qui aime contrôler le jeu en zone offensive, Bourque est perçu par plusieurs comme un potentiel choix de fin de première ronde ou de début de deuxième tour.

Recruteur 1 : «C’est clair qu’il a une grosse saison. Il démontre qu’il a le potentiel pour être un choix en fin de première ronde ou en début de deuxième malgré un bon repêchage. Il fait partie de cette cuvée. La rondelle colle après lui. Il est toujours dans l’action. C’est lui qui crée l’action. C’est ce que j’aime de lui. Il est toujours en train de préparer un jeu. Là, il est en train d’améliorer son lancer. Tout ce qui lui manque, c’est d’améliorer sa vitesse. Il doit travailler sur ça.»

Recruteur 2 : «Sa fiche peut paraitre surprenante d’autant plus qu’il n’évolue pas avec des 19 et 20 ans dominants ce qui lui permettrait d’amasser des points plus facilement. C’est lui qui prend commande sur son trio à Shawinigan. Avant de se blesser, il était le cinquième meilleur pointeur de la ligue, ce qui est franchement impressionnant. Il est talentueux, mais il n’est pas dans la même classe que les ultras doués comme les membres du top 15 cette année. C’est un joueur qui n’est pas nécessairement à l’aise de transporter la rondelle de la zone défensive à la zone neutre ou de la zone neutre à la zone offensive. Une fois dans la zone offensive, ses lectures et ses habiletés naturelles sont élites. Il est plus à l’aise dans cet espace. Son patin est correct, mais ce n’est pas une force. C’est plus une question de manque de force physique, donc aucun doute qu’il progressera à ce niveau. […]. Le plus tôt qu’il pourrait sortir, à mon avis, c’est vers le rang 20 ou en début de deuxième ronde au pire des cas.»

Recruteur 3 : «Mavrik connait une bonne saison, il ne faut pas se le cacher. Dans l’ensemble, il a été assez constant. Ce n’est pas un gros gabarit. Son patinage est correct. Il a un certain niveau de caractère et c’est un gars qui a de belles habiletés offensives. Il voit bien le jeu, il bouge bien la rondelle. Physiquement, il a un peu de rattrapage à faire, ce qui est normal à 17 ans. Il va grossir et il va se renforcir. Il doit améliorer d’autres éléments, mais côté physique, il va devoir se concentrer sur ça. Je projette aussi qu’il va améliorer son patin. Il doit être plus explosif pour sa grandeur et plus rapide dans les zones restreintes.»

Recruteur 4 : «C’est un joueur dynamique. C’est un meneur qui se présente à tous les matchs. Son jeu s’est amélioré beaucoup. C’est tout un joueur. Il y a toujours la question de la taille, mais la LNH d’aujourd’hui regarde un peu moins ça, bien qu’on en parle quand même. C’est un gars de la fin de la première ronde ou du début de la deuxième assurément. Il est complet et il sera capable de jouer au centre ou à l’aile. Mavrik est un gars des grands moments. Il se présente toujours et quand le match est serré, c’est lui qui fait la différence. Il n’est pas super vite, mais il l’est assez. Son sens de la compétition est énorme. Il gagne ses batailles individuelles.»

Shawn Element, ailier gauche, Eagles du Cap-Breton, 6’00’’, 187 livres

Il voulait amener une touche plus offensive à son jeu et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y est parvenu. Au moment d’écrire ces lignes, Element totalisait pas moins de 56 points, dont 35 buts, en 54 parties seulement. Il a été mis dans des dispositions pour réussir et il a pris les choses en main. Physique et combatif au possible, le Victoriavillois n’a rien perdu de sa hargne qui le caractérise si bien.

Recruteur 1 : «Invité, c’est une certitude. Repêché, c’est possible. Ce qu’il faut me poser comme question, c’est ce que je n’aime pas. Ce sont ses pieds et sa vitesse. Même s’il a amélioré ça, il lui en manque encore. Il est plus explosif que jadis, mais il doit aller chercher une autre coche. Pour être un gars d’énergie quelque part, il doit encore améliorer ça. Sa progression est constante. Dans son cas, il a le plus haut niveau de compétition que j’ai vu depuis longtemps. Il est prêt à tout pour l’équipe. Il y en a de moins en moins des comme lui. […] À Bathurst, il avait des responsabilités qu’il n’aura probablement plus. Ça l’a mis en confiance. Avant, il précipitait ses gestes et son jeu avec la rondelle. À Baie-Comeau, il ne la voulait pas la rondelle. Aujourd’hui, il faut être en mesure de jouer. Pourrait-il faire quelque chose comme Noel Acciari? C’est possible. Acciari s’est fracturé le sternum en bloquant un lancer. Shawn ferait la même chose. Cette qualité (esprit de sacrifice) est recherchée. Il y a déjà des équipes qui sont après lui. Si tu veux l’avoir, tu devras le repêcher.»

Recruteur 2 : «Oui, c’est vrai qu’il a une progression statistiquement parlant. Il profite d’occasions pas mal différentes du temps où il était à Baie-Comeau. […] Malgré sa fiche, je ne crois pas que c’est un marqueur naturel. Les points qu’il amasse, c’est par le travail et l’acharnement. C’est un jeune qui est prêt à remplir tous les aspects d’un guerrier du hockey. Dans sa chaise, soit celle où un joueur allie jeu physique et habiletés, il est probablement l’un des trois meilleurs joueurs dans la LHJMQ. Il est tellement respecté qu’il a un certain rayon d’immunité, ce qui lui permet d’agir plus facilement près du filet. Ça, il va le perdre un petit bout de temps dans les rangs professionnels avant de se faire un nom. Je le compare un petit peu à Jeffrey Truchon-Viel. […] Je ne repêcherais pas Element, mais peut-être qu’une équipe pourrait tenter sa chance avec lui en 7e ronde. Dans le pire des cas, il va se retrouver avec un contrat de la Ligue américaine après un bon camp d’entraînement. Il doit améliorer sa vitesse et ses lectures de jeu.»

Recruteur 3 : «Il faut faire attention. Oui, je regarde les statistiques, mais ce n’est pas tout. Dans l’ensemble, il a une belle carrière. Il faut mettre en contexte, quand tu as trois années d’expérience dans la ligue et que tu as moindrement des habiletés offensives, c’est normal que tu aies de bonnes statistiques. Il ne faut oublier ce qu’il a fait avant. C’est un gars qui amène de l’énergie, qui travaille lors de chaque match. Oui, au niveau statistique, ça a débloqué, mais il avait un certain impact auparavant. Je ne suis pas surpris par ce qu’il fait offensivement. […] Ce qui le démarque des autres, c’est son éthique de travail. Son coup de patin est à améliorer, c’est une certitude. J’ai vu une progression à ce chapitre dans les dernières années. C’est bon signe.»

Recruteur 4 : «Cette année, il va y avoir beaucoup de surprises au repêchage. […] Je crois en ses chances d’être repêché. Je crois vraiment en ses chances d’être invité à un camp et de jouer chez les professionnels ensuite. Je ne crois pas qu’on le verra dans la LHJMQ l’an prochain. Il est rude, il amène un style de papier sablé et il peut se battre. Shawn est également en mesure de créer des jeux et de marquer des buts en plus de jouer en désavantage numérique. Il a amélioré son coup de patin, il est plus explosif. Il est intense et il gagne ses batailles. C’est un joueur professionnel. Il va jouer dans la Ligue américaine et il pourrait jouer des parties dans la LNH dans un rôle d’énergie.»

Fabio Iacobo, gardien, Tigres de Victoriaville, 6’01’’, 189 livres

Contraint d’évoluer derrière Tristan Côté-Cazenave pendant une année et demie, Fabio Iacobo s’est retrouvé avec le champ libre lorsque le vétéran de 20 ans a été échangé aux Remparts de Québec. Ne ratant pas la chance qui se présentait à lui, Iacobo a depuis livré la marchandise en tant que cerbère numéro un. Certes, il lui reste à améliorer les séquences de deux parties en autant de soirs, mais la technique, l’aspect mental et sa lecture du jeu attirent les recruteurs.

Recruteur 1 : «Dans la réalité d’aujourd’hui, il est petit. Il faut remarquer qu’il est prêt. Dans notre cas, nous visons 6’02’’. Nous l’avions vu un petit peu l’an passé, mais il avait peu joué. Il y a cependant une énorme amélioration techniquement parlant. Il est calme et plus en contrôle. Sa lecture du jeu est meilleure et il a l’air plus en possession de ses moyens. Il sera dans les premiers gardiens. Selon quelques recruteurs, c’est certain qu’il sera repêché. Il n’y en a pas de gardiens cette année. C’est ça le problème. À un moment, nous sommes coincés. […]  Il sera repêché, au même titre qu’un gardien comme Colten Ellis, soit dans le coin de la 3e ou de la 4e ronde.»

Recruteur 2 : «Je crois qu’il va être repêché. Il a bien fait la transition de gardien numéro deux à numéro un. Il est aussi solide depuis, sinon plus. Victoriaville va très bien depuis un moment et il en fait partie. Il a des chances de sortir à partir de la 5e ronde, mais je crois que c’est plutôt un choix de 6e ou 7e ronde. Le fait qu’il a 18 ans, je vois ça comme un avantage, car tu sais que tu peux le laisser encore deux ans dans le junior majeur avant de le faire monter chez les professionnels. […] C’est un jeune sérieux qui veut progresser. Il est en constante évolution.»

Recruteur 3 : «Il connait une belle progression. Il a connu des hauts et des bas. Fabio a une bonne attitude. C’est un gros bonhomme qui prend beaucoup de place dans son filet. Il se déplace bien devant sa cage. Techniquement, il est solide, mais il lui reste à mettre de la constance dans ses parties. Pour les gardiens, il faut regarder le concept de l’équipe. Victoriaville est une jeune formation avec une défensive inexpérimentée. Ça place parfois les gardiens dans des situations peu évidentes. En le mettant avec Sherbrooke ou Rimouski, ses chiffres pourraient être différents. Fabio a quand même des chiffres intéressants. Fabio a bien réagi au fait d’avoir la position de tête.»

Recruteur 4 : «C’est un bon gardien qui se présente à chaque partie. Il a une bonne anticipation et il est assez rapide. Il est petit un peu pour un gardien. C’est une position où la grandeur compte le plus dans la LNH. Cela dit, c’est un gars qui sera repêché. […] Un peu comme Jaroslav Halak, Juuse Saros ou Jonathan Bernier, c’est un gardien qui va apprendre son rôle dans les mineurs.»

Miguël Tourigny, défenseur, Armada de Blainville-Boisbriand, 5’07’’, 165 livres

Partout où il est passé, Miguël Tourigny a dû convaincre les hommes de hockey de faire fi de son petit gabarit. La LNH ne devrait pas faire exception alors que le gabarit du Victoriavillois est souvent mis en cause. Les recruteurs aiment sa hargne, son coup de patin et ses aptitudes de manière générale, mais il semble avoir le pied sur le frein lorsqu’il est question du dynamique défenseur.

Recruteur 1 : «Ce défenseur a du chien. La dernière fois je l’ai vu, il en avait même trop (trois pénalités mineures). Est-ce que c’est un candidat pour le professionnel? Je crois que ça va lui arriver, mais ça ne sera pas pour la LNH. Ce n’est pas seulement qu’il est petit, mais ça prend une plus grande dominance avec la rondelle. Il n’est pas encore là à mon avis. Il pourrait être invité. Il me fait penser à Hubert Labrie. Ils sont de gros compétiteur, limite avec leur gabarit et pas les plus grandes habiletés offensives, mais en mesure de contribuer. Ils sont bons partout sans dominer un aspect. Ça explique qu’Hubert joue encore aujourd’hui. Ils savent se rendre utiles.»

Recruteur 2 : «C’est un superbe défenseur junior, mais il n’est pas seulement petit, il est très petit. Dans le jargon, à 5’09’’ ou 5’10’’, ils disent que c’est un petit défenseur. Lui, il est à 5’07. Je n’oserais pas prononcer son nom devant mes patrons. […] Il va faire de 60 à 70 points à 19 et 20 ans, j’en suis persuadé. Sa route va passer par les universités canadiennes et espérer ensuite avoir un bon contrat en Europe. Je ne dis pas qu’il n’aura pas un essai dans la LNH. De là, il devra faire sa route à partir de la Ligue de la Côte-Est pour remonter les échelons pour faire son chemin comme a dû le faire un Francis Bouillon. Cela dit, Bouillon était très fort physiquement au même âge, ce qui n’est pas le cas de Miguël. Cela dit, je l’adore comme joueur, car il rendra de précieux services à l’Armada pendant cinq ans.»

Recruteur 3 : «Je n’ai pas de misère avec les petits défenseurs ou les petits attaquants. Un élément très important qu’ils doivent avoir, c’est des habiletés de patinage. Tous les petits défenseurs dans la LNH sont des patineurs exceptionnels. Est-ce que c’est un patineur exceptionnel présentement? La réponse est non. C’est un bon patineur qui se déplace bien. Est-ce qu’il peut en devenir un? Peut-être. Il a une bonne base. Il bataille, mais il y a les lois de la physique qu’il faut respecter. Quand tu te bats contre un gars de 6’02’’, il faut que tu utilises d’autres moyens que la force physique pour ressortir avec la rondelle. Avec sa finesse, il réussit à gagner ses batailles. Il est à regarder. La grandeur, c’est juste un chiffre. Il y a beaucoup plus de places pour les petits gabarits.»

Recruteur 4 : «C’est un joueur énergique qui se présente tous les soirs. Il a une bonne vision du jeu, une bonne offensive et un bon jeu de transition, mais il manque de grandeur, de force. Je le vois plus comme un joueur invité. Il ne sera peut-être pas repêché, mais nous allons toujours garder un œil sur lui, sur sa progression. Il y a plusieurs petits joueurs comme lui qui ne sont pas repêchés et qui parviennent à monter quand même. Il passe sous les radars possiblement.»