Centre-ville : quand les citoyens échangent sur la sécurité

Une quinzaine de citoyens ont participé, mercredi soir au Carré 150, à une consultation publique au sujet du «Projet 40 km/h» visant à sécuriser les déplacements dans le secteur du centre-ville.

La conseillère municipale Chantal Moreau (Photo www.lanouvelle.net)

D’entrée de jeu, la conseillère municipale Chantal Moreau a remercié les citoyens de leur présence. «Le succès d’un tel projet repose sur votre participation, car vous vivez dans le secteur. Vous êtes les mieux placés pour nous partager les différentes problématiques que vous rencontrez en matière de transport actif et automobile», a-t-elle souligné.

Elle a rappelé l’implantation, depuis 2018, de deux projets de modération de la circulation par l’intégration d’aménagements physiques et par la réduction de la limite de vitesse à 40 km/h dans les secteurs Colonial et Amitié. «Avec des résultats plus que positifs, a-t-elle noté. Il est donc important que tous puissent se sentir en sécurité dans leurs déplacements. On doit agir en amont et prévenir par des moyens concrets les risques de blessures pour nos citoyens.»

Jean-François Morissette, directeur du Service de la gestion du territoire (Photo www.lanouvelle.net)

En matière de sécurité, «il n’y a pas de solutions idéales», a observé, pour sa part, le directeur du Service de la gestion du territoire, Jean-François Morissette. «Nous sommes souvent dans les dilemmes et les compromis. Cela touche plusieurs aspects du comportement des gens. Ça doit toucher le sentiment de sécurité, la perception de l’environnement chez les conducteurs pour les amener à réduire leur vitesse et à rendre ainsi les quartiers plus sécuritaires», a-t-il exposé.

Le secteur centre-ville

Avant que les citoyens ne discutent entre eux autour d’une table animée par des intervenants de la Ville, le conseiller en mobilité, Jean Christophe Morin, a défini les caractéristiques et les limites du secteur du centre-ville.

Afin de sécuriser les quartiers, la Ville, a-t-il expliqué, a dressé 23 zones en fonction des artères. «Évidemment, a-t-il dit, il était impossible de tenir 23 assemblées de consultation en 2 ans. On a donc défini huit secteurs en fonction du type de quartier, de résidence, d’activité pour un total de huit consultations.»

En 2020, outre le centre-ville, la Ville tiendra des consultations dans les secteurs du golf, de la Grande-Place et de Sainte-Victoire.

Pour l’actuel projet en cause, le secteur centre-ville est délimité par les rues Notre-Dame Est et De Bigarré et par les boulevards Labbé et Jutras Est.

Façon de faire

Des observations du secteur par le conseiller en mobilité a précédé le début des échanges.

Des relevés de vitesse des dernières années, a fait savoir Jean Christophe Morin, démontrent que la limite de vitesse a peu d’incidence sur le comportement des gens. «Les automobilistes, a-t-il souligné, ont tendance à rouler plus vite lorsque le chemin est confortable en présentant un champ visuel vaste, une largeur de la voie, un trajet en ligne droite et un confort au roulement. Et l’inverse est aussi vrai. Lorsque le chemin est moins confortable, la vitesse se voit diminuée.»

Le conseiller en mobilité durable Jean Christophe Morin (Photo www.lanouvelle.net)

Pour optimiser les impacts sur les comportements, a-t-il expliqué, on mise sur l’approche dite des «3 S» : sensibilisation, sanction et structure.

Ainsi, une simple signalisation, comme l’implantation d’un arrêt obligatoire, ou une limite de vitesse réduite ne suffit pas. Des aménagements physiques s’avèrent nécessaires. Et ceux-ci sont de divers ordres : chicane, dos d’âne, dos d’âne allongé, étranglement, îlot circulaire, intersection surélevée et réduction du rayon de virage.

Le conseiller a cité en exemple le cas de la rue Boily où les usagers roulent moins vite sans même l’abaissement de la limite de la vitesse. «Jamais je n’aurais osé le faire, mais les citoyens eux-mêmes ont proposé l’aménagement de trois dos d’âne sur une courte distance de quelque 300 mètres. Les gens nous proposent ce qu’ils sont prêts à vivre», a fait valoir M. Morin.

Et ça a marché. À la satisfaction des résidents de la rue, l’achalandage de véhicules a chuté de 35,3%, tout comme la vitesse réduite à quelque 40 km/h.

Les citoyens de cette rue ont également demandé que les véhicules, circulant sur le boulevard Pierre-Roux, ne puissent effectuer un virage à droite au feu rouge pour emprunter la rue Boily. Ce dossier est toujours à l’étude au ministère des Transports du Québec.

Problématiques

Les échanges entre les participants ont permis de soulever diverses problématiques.

On a relevé les nombreux véhicules stationnés dans le secteur du Cégep sur les rues Robert, Boulanger et Sacré-Cœur, ce qui génère des nuisances, des déchets, des problèmes de déneigement et de collecte des bacs d’ordures et de récupération.

Des citoyens ont observé aussi que les traverses piétonnières sur la rue Notre-Dame Est sont peu utilisées, notamment par les étudiants qui traversent n’importe où.

La cohabitation s’avère difficile, a-t-on fait remarquer, à l’intersection des rues De Bigarré et Perreault, près de la bibliothèque.

Difficile aussi de s’engager sur la rue de Versailles en provenance de De Bigarré en raison du flot de véhicules.

Les citoyens étaient invités à échanger sur les problèmes liés à la sécurité et à identifier des pistes de solution. (Photo www.lanouvelle.net)

On a évoqué, par ailleurs, la large rue Roy servant de transit et amenant, pour certains, une cohabitation pas toujours évidente avec les étudiants.

Inquiétudes quant à la sécurité à certaines intersections (Comeau-De Bigarré, Roy-De Bigarré, Notre-Dame-De Bigarré) et un problème de vitesse sur le boulevard Labbé font aussi partie des observations exprimées.

Après avoir exposé les difficultés, les citoyens ont réfléchi, toujours en équipe, sur de possibles solutions.

Il a été notamment question d’un trottoir sur une portion de la rue De Bigarré, d’aménager des dos d’âne sur la rue Roy, d’utiliser le terrain vacant de la rue Sacré-Cœur pour y aménager un stationnement et même d’interdire le stationnement sur au moins un côté des rues Boulanger et Robert pour assurer une meilleure visibilité.

L’amélioration de l’éclairage et de la signalisation à la traverse piétonnière, au coin Onil et des Bois-Francs Nord, a été proposée, tout comme la possibilité d’un îlot central sur la rue Roy et d’une campagne de sensibilisation au sujet des traverses pour piétons sur la rue Notre-Dame Est.
Quant à l’intersection de Versailles et De Bigarré, on a exprimé l’idée d’implanter une zone de dégagement (comme la zone hachurée au Tim Hortons du boulevard des Bois-Francs Sud près du boulevard Arthabaska) où on ne peut s’immobiliser.

La suite

Avec tous les commentaires, toutes les propositions et suggestions reçues, la Ville procédera à une analyse des différents scénarios. «Ce qui ressort d’une telle consultation publique nous oriente à savoir comment intervenir, ce qu’on doit prioriser en premier, car si les besoins sont illimités, les ressources, elles, ne le sont pas», a confié Jean Christophe Morin.

Dès le printemps, les employés de la Ville procéderont à certains aménagements temporaires, suivis à l’automne d’un sondage en ligne sur la satisfaction des citoyens. «Quant aux aménagements permanents, on se coordonne avec les services d’ingénierie et de la voirie pour les faire concorder avec les travaux prévus», a expliqué le conseiller en mobilité qui, en terminant, a lui aussi remercié les participants. «On apprécie l’expertise que vous nous avez apportée ce soir. C’est grâce à votre implication qu’on pourra sécuriser votre secteur», a-t-il conclu.