Oser l’abstrait à l’Hôtel des postes

En ce début d’année, le musée de l’Hôtel des postes de Victoriaville propose une toute nouvelle exposition qui met en vedette le courant artistique abstrait et qui s’intitule «Pure abstraction».

En tout, ce sont 43 œuvres (de 1959 à 2014), toutes tirées de la collection du Musée Laurier, qui sont proposées pour l’occasion. Elles sont variées et démontrent ainsi aux visiteurs les différentes formes d’abstraction qui existent. C’est à la suggestion de la médiatrice culturelle des lieux, Sara Legault, que le sujet a été retenu. «Nous cherchions une thématique pour l’hiver. Je trouvais que c’était quand même audacieux en cette période de l’année où c’est davantage le public de la région qui vient nous voir», a expliqué la directrice générale et conservatrice du musée, Jocelyne Fortin.

On peut notamment voir trois oeuvres de Mario Merola dans cette exposition. (Photo www.lanouvelle.net)

Tout de même, toute l’équipe est allée de l’avant avec le thème qui permet, en plus, de présenter des œuvres de la collection qui n’ont jamais été montrées. «Notre objectif est de faire au moins une exposition par année avec ces œuvres pour permettre à la population de voir la richesse de cette collection, s’approprier leur musée et en être fière», ajoute Mme Fortin. Cette exposition, d’ailleurs, n’a rien à envier à celles des grands musées du Québec.

Il faut donc oser franchir les portes de l’Hôtel des postes et venir découvrir les artistes de l’abstraction, même si cela peut, à priori, faire un peu peur. «C’est tellement personnel à chacun la perception qu’on a devant l’abstraction. On peut tomber en amour sans savoir pourquoi. Il faut laisser aller l’intuition», note Sara. Si certaines œuvres sont plus difficiles à aborder, d’autres stimulent rapidement l’imaginaire. Chacun y trouvera quelque chose qui retiendra son attention. Certains tableaux sont plus figuratifs, d’autres sont davantage abstraits dans un premier temps, mais laissent découvrir des formes lorsqu’on s’y attarde.

Marcel Barbeau, Louis Belzile, Armand Vaillancourt, Jordi Bonet et Frère Jérôme sont quelques noms qu’on peut voir lors de l’exposition qui propose notamment de l’abstraction géométrique et du travail calligraphique (pour ne nommer que ceux-là). Des couleurs intenses, d’autres plus tendres, sont à l’honneur tout comme des médiums et des techniques qui offrent une belle variété. «Il faut se laisser porter par ce qu’on regarde», insiste Jocelyne.

La collection dispose d’un grand nombre d’œuvres de ce courant artistique, ce qui a demandé des choix difficiles. «On tenait aussi à avoir une palette d’artistes qui représente un peu notre histoire de l’art» note Mme Fortin.

À l’étage, on a voulu montrer aux visiteurs des techniques variées ce qui permet à des artistes, de carrière plus régionale, d’en côtoyer d’autres, davantage connus. Papier de riz, empâtement, techniques mixtes, encre, dentelle même sont inclus. L’équipe n’a pas hésité à mélanger les genres et les artistes. «Nous avons essayé de présenter différents styles, différents matériaux pour que les gens voient la richesse de l’abstraction qui peut prendre différentes formes», insiste la directrice et conservatrice.

Et quand on dit qu’il y en a pour tous les goûts, l’exposition inclut aussi du dessin technique, pour les plus cartésiens, ou même des œuvres se rapprochant du paysage, pour plaire à d’autres. «On ne voulait pas mettre de l’avant de gros noms, en particulier. On travaille, au musée, à la démocratisation de l’art. Nous avons beaucoup d’artistes qui font le dynamisme de nos régions au Québec qui viennent exposer. Tout cohabite», ajoute-t-elle.

Parfois le titre de l’œuvre viendra semer une idée dans l’esprit de celui qui visite alors que d’autres, il faudra y regarder à deux fois avant de ressentir quelque chose. «L’abstraction permet de rester attentif plus longtemps, on essaye de comprendre, on se questionne», ajoute Sara. Les groupes scolaires ou autres sont invités à venir découvrir cette exposition. Il suffit de téléphoner et Sara se fera un plaisir de faire visiter. «Je fonctionne beaucoup avec la conversation, l’interaction et les questions. L’important, c’est que les gens sortent avec plus de compréhension», indique-t-elle.

«Pure abstraction» est une exposition à venir découvrir, notamment le premier dimanche du mois où l’entrée est gratuite.