Au-delà de la pédagogie, une expérience humaine

Un partenariat innovant entre le Cégep de Victoriaville et la Villa Saint-Georges a permis à 43 finissantes et finissants du programme Techniques d’éducation spécialisée de côtoyer, pendant 15 semaines, les aînés de la résidence. Et l’expérience a été couronnée de succès, tant pour les étudiants que pour les résidents.

À raison de trois heures par semaine, les finissants du cours Intervenir auprès des personnes aînées en perte d’autonomie et problématiques associées ont réalisé différentes animations auprès des résidents, tant chez les personnes autonomes que chez les aînés en perte d’autonomie. Les étudiants ont notamment animé des activités de réminiscence, de discussions, de chant, de danse et de conditionnement physique visant le développement ou le maintien d’aspects affectif, cognitif, social, physique ou spirituel.

L’enseignante Krystell Perreault et Émilie Lévesque, coordonnatrice des loisirs à la Villa Saint-Georges (Photo www.lanouvelle.net)

Ce projet constitue la réalisation d’un rêve pour Krystell Pereault, enseignante en éducation spécialisée. «Mon travail consiste à former les futurs éducateurs spécialisés, à leur enseigner à devenir la meilleure version d’eux-mêmes. Mais 45 heures pour enseigner comment intervenir auprès d’une clientèle en perte d’autonomie, cela relève du défi. Il n’existe pas de mode d’emploi dictant les actions à poser ou à éviter», a-t-elle exposé.
Son projet, elle l’a proposé à Émilie Lévesque, coordonnatrice des loisirs à la Villa Saint-Georges, qui a été emballée sur-le-champ. «Krystell cherche toujours ce qu’elle peut faire de mieux pour enrichir son enseignement. Moi, je travaille à sortir les résidents de la monotonie et à trouver quelque chose de différent», a confié Mme Lévesque.

Pour elle, il était significatif d’offrir le cours à la Villa Saint-Georges. «Pour les résidents, le contact avec les jeunes adultes offre de beaux échanges intergénérationnels qui permettent de laisser tomber des barrières de part et d’autre, a exprimé la coordonnatrice des loisirs. Et ici, les résidents n’hésitent pas à embarquer. Ils sont ouverts aux nouvelles choses.»

Cette «pédagogie expérientielle», comme l’appelle Krystell Perreault, procure de nombreux bienfaits. «Elle vise le développement de compétences concrètes et ancrées chez les étudiants. Ce type d’approche aide à mieux connaître la clientèle des personnes aînées, à comprendre l’importance d’adapter les approches aux particularités de chacun et à mettre en pratique des interventions empreintes de respect et de finesse», a expliqué l’enseignante, tout en ajoutant que de telles interventions exigeaient une entière et une sincère disponibilité, de même qu’une grande sensibilité et une capacité d’écoute sentie.

L’intervention auprès des aînés, a poursuivi Mme Perreault, regorge de subtilités. Ainsi, certaines choses ne s’apprennent pas dans les livres. «Comme parler suffisamment fort sans que les appareils bourdonnent, apporter un vent de fraîcheur sans trop changer les habitudes et être à l’écoute de la sagesse de l’expérience», a-t-elle exemplifié.

France Vincent, directrice des services aux résidents, en compagnie, à droite, d’une résidente, Christiane Levasseur, qui a bien apprécié la visite des élèves. (Photo www.lanouvelle.net)

L’enseignante estime que, par ce projet, en côtoyant les aînés, les élèves ont pu échanger en toute simplicité, partager des moments de qualité et se sentir profondément impliqués.

Témoignages

Résidente de la Villa Saint-Georges, Christiane Levasseur dit avoir adoré le contact avec les étudiants. «J’ai aimé le partage d’information d’un côté comme de l’autre. Les jeux ont été très agréables. On a chanté, on a dansé, on a joué avec des pictogrammes. L’expérience m’a permis plus de contacts avec différentes personnes. Ça fait autre chose, on voit d’autres gens», a-t-elle commenté, tout en formulant avoir apprécié la venue des gens de l’extérieur.

«Ça change le quotidien, le rythme habituel des activités qu’on a. J’aimerais que ça recommence», a-t-elle souligné.

Deux des finissants, Mégane Michel et Marc-Antoine Bouchard, ont témoigné de leur expérience qu’ils qualifient «d’extraordinaire», mais aussi de «très significative». «Les résidents nous ont accueillis, non seulement dans leur milieu de vie, mais aussi dans leur cœur», a exprimé Marc-Antoine.

«Merci aux résidents, a mentionné Mégane. Nos discussions avec eux nous ont appris tellement de choses, que ce soit des anecdotes sur leur enfance, des connaissances partagées. Ce fut un réel plaisir d’apprendre auprès d’eux.»

«Ils ont su nous montrer, a poursuivi Marc-Antoine Bouchard,  que l’âge physique est gage de connaissances et de savoir, mais ne ressemble en aucun cas à l’âge du cœur. Ces hommes et ces femmes sont jeunes de cœur et ils ont su nous partager leurs souvenirs d’une époque pas si lointaine, mais dont nous avons la fâcheuse habitude d’oublier. Grâce à eux, et à la formidable équipe de la Villa Saint-Georges, nous avons pu nous enrichir et trouver notre couleur comme futurs intervenants.»

Directrice adjointe des études au Cégep, Mariannick Paris estime qu’ils sont chanceux ces finissants d’avoir pu vivre cette expérience de 15 semaines. «Comme situation d’apprentissage, c’est une occasion imbattable et inspirante, a-t-elle affirmé. Grand merci à la Villa Saint-Georges d’avoir ouvert ses portes aux étudiants qui ont pu découvrir ce qu’est le travail avec les aînés, clientèle à laquelle ils n’auraient peut-être pas songé puisque, quand il est question d’éducation spécialisée, on réfère bien souvent, par exemple, à la déficience intellectuelle, physique ou au trouble du spectre de l’autisme.»

Mariannick Paris, directrice adjointe des études au Cégep de Victoriaville (Photo www.lanouvelle.net)

Qualifiant d’enrichissante cette collaboration tant pour les intervenants que pour les aînés, Mme Paris a exprimé le souhait que cette expérience, «ce projet très porteur», puisse se poursuivre.

«On se dit à l’an prochain», a confirmé France Vincent, directrice des services aux résidents de la Villa Saint-Georges. «Ç’a été un oui automatique dès le départ. On a été très honoré de participer à cette belle aventure. Merci aux résidents d’avoir permis aux élèves d’interagir dans leur milieu de vie, de leur avoir ouvert les bras deux fois par semaine. Et merci aux élèves qui ont fait de ce cours une belle expérience pour les aînés.»

Le programme

Le programme Techniques d’éducation spécialisée s’échelonne sur trois ans. Il regroupe, au total, quelque 170 étudiantes et étudiants.

Le cours «Intervenir auprès des personnes aînées en perte d’autonomie et problématiques associées», d’une durée de 45 heures, fait partie du programme.

Comme dans bien d’autres domaines, le besoin de main-d’œuvre, a-t-on fait remarquer, est important en éducation spécialisée. Il est même question d’un manque criant dans la région.