Fonds Écoleader : les entreprises invitées à passer à l’action

Québec et divers partenaires mettent à la disposition des entreprises un nouveau fonds, le Fonds Écoleader, pour les inciter à adopter des pratiques écoresponsables et des technologies propres.

Doté d’une enveloppe de 18,5 M $, ce fonds vise à rejoindre, d’ici mars 2023, pas moins de 50 000 entreprises au Québec.

Pour la région du Centre-du-Québec, le coup d’envoi du Fonds Écoleader a été donné, mardi après-midi, en présence de nombreux intervenants réunis à la microbrasserie L’Hermite du centre-ville de Victoriaville.

Christian Héon, président de la Corporation de développement durable (Photo www.lanouvelle.net)

Au Centre-du-Québec, la Corporation de développement durable (CDD) a été choisie comme organisme porteur de ce projet, ce qui rend fier son président Christian Héon. «Nous avons longtemps travaillé dans l’ombre. Nous sommes heureux d’émerger publiquement avec un si beau projet qui s’insère parfaitement dans notre mission de sensibiliser, de mobiliser et d’outiller les organisations régionales pour qu’elles passent à l’action en développement durable. Quoi de mieux pour faire progresser notre mission, a-t-il fait valoir, que de soutenir concrètement les entreprises du Centre-du-Québec avec une orientation claire en matière d’expertise et de financement des pratiques écoresponsables et d’adoption de technologies propres.»

Christian Héon fonde beaucoup d’espoir envers le Fonds Écoleader. «Avec cette incontestable urgence climatique et environnementale, je suis confiant que c’est ce type d’action qui nous permettra d’avoir un avenir durable», a-t-il exprimé.

Au Québec, le fonds repose sur un réseau de 18 agents régionaux, dont Christiane Bérubé, recrutée au début de l’été par la CDD pour remplir cette fonction en sol centricois.

Personnellement, l’agente régionale souhaite faciliter la vie des entreprises qui décident d’entreprendre des démarches en développement durable. «Je me fixe comme objectifs d’informer, de sensibiliser et d’inciter le plus grand nombre possible d’entreprises de passer à l’action pour ensuite les orienter vers les sources de financements, mais aussi vers les experts pouvant leur fournir un diagnostic, une analyse et de l’accompagnement», a expliqué Christiane Bérubé.

Les origines

L’idée d’un tel fonds mijote depuis un bon moment, selon Marie-Christine Roy, conseillère en développement durable au ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI). «On y travaille depuis quelques années. S’il a été créé, c’est pour répondre aux besoins exprimés par les entreprises», a-t-elle souligné, tout en précisant qu’une consultation menée en 2017 a confirmé que le manque d’argent, de temps et de ressources à l’interne constituaient un frein à l’adoption de pratiques écoresponsables et de technologies propres.

Marie-Christine Roy, conseillère en développement durable au ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI). Derrière, Éric Caya, adjoint exécutif au MEI pour le Centre-du-Québec (Photo www.lanouvelle.net)

Mme Roy croit que le fonds répondra aux besoins et qu’il sera utile aux entreprises pour l’atteinte de leurs objectifs.

De son côté, Éric Caya, adjoint exécutif au MEI pour le Centre-du-Québec, assure que le ministère apportera son soutien au Fonds Écoleader en faisant sa promotion, en encourageant les entreprises, en écoutant leurs projets et en appuyant la CDD.

Dans leurs démarches, les entreprises seules ou en cohortes peuvent obtenir des dizaines de milliers de dollars. «Une entreprise en pratiques écoresponsables pour toucher jusqu’à 30 000 $, montant qui peut grimper jusqu’à 50 000 $ pour les technologies propres. Ces sommes peuvent être décuplées pour les cohortes et leurs projets à grand déploiement», a fait savoir Amélie St-Laurent-Samuel du Fonds d’action québécois sur le développement durable. «Des études, des diagnostics, des plans d’action et de l’accompagnement, voilà ce qui est financé», a-t-elle précisé.

Emprunter le virage vert génère des bénéfices pour les entreprises, affirme Nicolas Gagnon, directeur général du Centre québécois de développement durable, qui fait notamment état de la réduction des coûts de production et de l’augmentation de la productivité.

Il existe trois «bonnes raisons», selon lui, pour passer à l’action, dont l’attente croissante des consommateurs de plus en plus nombreux et prêts à payer plus cher pour des produits écoresponsables. «L’attente aussi des grands acheteurs, des grands donneurs d’ordre de plus en plus nombreux à intégrer des critères de développement durable dans le choix de leurs fournisseurs ou de leurs produits», a-t-il ajouté.

De plus, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, la nouvelle génération étant plus sensible aux questions environnementales, les entreprises qui se montrent sensibles à l’environnement ont plus de facilité, a-t-il soutenu, à attirer de jeunes talents.

Et les exemples d’initiatives écoresponsables sont nombreuses et variées, a-t-il signifié, donnant en exemple des mesures en efficacité énergétique, la réduction du volume des emballages, la diminution de la consommation d’eau en milieu agricole ou encore la mise en place, en construction, d’un plan de gestion des matières résiduelles pour réduire la quantité de résidus vers les sites d’enfouissement. «Les opportunités sont nombreuses, a plaidé M. Gagnon. Et il n’est pas nécessaire de révolutionner son modèle d’affaires pour passer à l’action.»

Témoignage

Geneviève Bouffard de la microbrasserie L’Hermite

Actionnaire de la microbrasserie L’Hermite, Geneviève Bouffard a, depuis son enfance, la valeur environnementale bien ancrée en elle. «C’est une question d’éducation, a-t-elle exposé. J’ai été élevée dans une famille ayant cette valeur bien implantée. Avec L’Hermite, j’ai voulu faire le plus possible pour l’environnement en faisant appel à des fournisseurs locaux, en instaurant le compostage. On a réussi à réduire nos déchets de 90%. En quittant ce monde, je voudrais avoir fait tout mon possible pour les générations futures. On en est rendu là. Il faut le faire.»

Geneviève Bouffard se dit bien consciente d’imposer en quelque sorte ses façons de faire. «Mais les employés embarquent avec nous et comprennent le bien-fondé. Chez eux, ils font des efforts. Ainsi, ça se répand», a-t-elle observé.

La jeune femme voit enfin d’un très bon œil l’arrivée du Fonds Écoleader qui comblera des lacunes qui empêchent des entreprises d’avancer étant confrontées à un manque de temps et de ressources.