Le parcours atypique de Marco Cavalleri

Si on avait dit à Marco Cavalleri qu’il évoluerait chez les professionnels en Suisse et qu’il serait sur le point de signer un contrat avec une équipe de la Ligue nationale A un peu plus d’un an après avoir été retranché par les Tigres de Victoriaville, le principal intéressé ne l’aurait pas cru.

«Non, je ne pense pas que j’y aurais cru», a-t-il reconnu. C’est toutefois bel et bien le cas. Présentement à l’essai avec le Hockey Club Biasca Ticino Rockets dans la Ligue nationale B, Cavalleri pourrait bientôt signer un contrat en bonne et due forme avec le Lugano HC au cours des prochaines semaines, cette formation ayant démontré de l’intérêt à son endroit. «Je ne crois pas que c’est tout le monde qui aurait continué après cette coupure chez les Tigres. Il y a beaucoup d’heures et d’acharnement qui ont été nécessaires pour arriver là où je suis en ce moment. Mon but ultime est de signer un contrat dans la Ligue A avec l’option de jouer dans les deux circuits. L’équipe qui démontre de l’intérêt à mon endroit, c’est Lugano. Si ça se concrétise, la direction me ferait jouer avec Biasca, soit le club-école de Lugano, dans la Ligue nationale B. Ce circuit est grandement sous-estimé. Il y a plusieurs bons jeunes joueurs. Si je peux arriver à devenir un bon joueur dans ce circuit pour ensuite percer dans la Ligue A, ce serait un rêve. C’est toutefois loin d’être gagné dans mon cas. Le jour où je vais signer, je vais continuer. Je n’arrêterai pas de travailler», a relaté Cavalleri lorsque joint par le www.lanouvelle.net.

Lorsqu’il a appris le 26 août 2018 que l’organisation victoriavilloise le retranchait, le patineur natif de Genève a vécu un coup dur. Il avait pourtant passé la dernière campagne avec l’équipe (5 points en 37 parties) et il avait même pris part au Championnat mondial junior des moins de 20 ans avec l’équipe nationale suisse. Cependant, son jeu lors du camp d’entraînement n’avait pas su convaincre l’organisation de lui redonner sa place. «Oui, ça a été difficile de demeurer motivé. Je ne crois pas que c’est tout le monde qui aurait continué après ça. Cependant, depuis que je suis jeune que je suis dans l’univers du hockey, je rêve de devenir un joueur de la Ligue nationale (LNH). Quand j’étais un petit enfant et que je voyais la ligue professionnelle suisse, c’était mon rêve. Maintenant, je suis à ses portes. Je veux mettre toutes les chances de mon côté. Il n’y aura pas toujours du positif, car il y a des jours où ça ira moins bien. Il faut amener de l’énergie positive. Oui, j’ai été déçu, mais le but demeure d’arriver au prochain niveau.»

Un détour par Zoug et Granby

Après avoir digéré la nouvelle annoncée par les Tigres, Cavalleri a dû se retrousser les manches. Il a ainsi mis le cap sur la Suisse afin de se joindre à l’organisation l’Eissportverein dans la ville de Zoug. L’attaquant de 5’11’’ et 168 livres avait alors partagé son temps entre la Ligue nationale B et les rangs juniors U20. «Sur le coup, je l’ai eu sur le cœur, mais après deux jours, je me suis remis au travail. J’ai eu une opportunité afin de jouer en Suisse. Je me suis amené à Zoug pour un essai. Comme c’est un monde différent, j’ai dû m’adapter. J’aurais aimé que ça se passe mieux, mais rien n’arrive pour rien. Je suis redescendu jouer junior en Suisse et après ma blessure, soit après les fêtes, ça a été mieux.»

N’ayant pas su convaincre l’Eissportverein de renouveler son contrat, Cavalleri a donc dû revenir au Canada, où il a passé l’été à s’entraîner en prévision du nouveau défi qui l’attendait chez les Inouk de Granby dans la Ligue de hockey junior AAA du Québec (LHJAAAQ). Après six rencontres, où il a inscrit 13 points, dont six buts, le Suisse a reçu l’offre pour son essai professionnel, chance qu’il ne pouvait laisser passer. Il a d’ailleurs bien fait de la saisir, car Lugano lui fait maintenant de l’œil pour un contrat.

Un premier but mémorable

Ayant maintenant disputé ses trois premiers matchs avec les Rockets cette saison, Cavalleri a amassé deux points, dont son premier but chez les professionnels. Le Genevois s’est d’ailleurs assuré de rendre le tout encore plus mémorable en marquant à l’aide d’une manœuvre spectaculaire rappelant une technique des joueurs de crosse. «C’est un but qui a fait du bien. Ça m’a enlevé un poids sur les épaules. J’avais toujours rêvé de marquer ainsi. J’ai vu beaucoup de vidéos comme ça sur les réseaux sociaux et c’était également un jeu que je pratique souvent à la fin des entraînements. C’est beau à voir. Quand tu as la chance de le faire dans un match, c’est encore mieux.»

Globetrotteur depuis le début de sa carrière

Fils d’un père travaillant dans le milieu bancaire, Cavalleri et sa famille avaient immigré au Canada en 2011. Depuis ce moment, le patineur de 20 ans a joué au hockey aux États-Unis pendant deux ans, à Gatineau pendant un an, à Victoriaville pendant un an, à Zoug pendant un an et il se dirige maintenant pour une deuxième année consécutive dans son pays d’origine. En fait, depuis les sept dernières saisons, Cavalleri en a passé une seule à la maison, soit en 2016-2017, alors qu’il évoluait pour les Gaulois de Saint-Hyacinthe.

«C’est spécial de vivre ça. Depuis que j’ai 14 ans, je voyage beaucoup pour le hockey. C’est différent de vivre loin de la maison, car ta famille te manque beaucoup. En Suisse cependant, je suis très bien encadré et les gens sont très sympathiques. J’ai également de la famille à Genève. Quand le temps me le permet, je peux lui rendre visite.»