Débat : les candidats s’expriment devant les étudiants

Cinq candidats à l’élection fédérale dans la circonscription de Richmond-Arthabaska ont pu s’exprimer, mercredi, devant de nombreux étudiants à l’occasion d’un débat organisé au Cégep de Victoriaville par les Mercredis des sciences humaines et animé par Jade Bourque et Thomas Vigneault.

Les candidats Alain Rayes du Parti conservateur, Olivier Nolin du Bloc québécois, Marc Patry du Parti libéral, Laura Horth-Lepage du Parti vert et Jean Landry du Parti populaire du Canada ont d’abord, à tour de rôle, après leur présentation d’ouverture, répondu aux cinq questions formulées par des étudiants.

Le débat a commencé par les questions des étudiants. (Photo www.lanouvelle.net)

Ils ont pu faire valoir leur position sur des questions d’environnement et de réduction des gaz à effet de serre, de sécurité sur les données personnelles, sur des mesures pour faciliter la relève et le transfert d’entreprises agricoles, sur la laïcité et sa contestation et sur la question de l’avortement.

Les candidats et la candidate ont tous affirmé que la question du droit des femmes à l’avortement n’allait pas être rouverte. «Les gens ont droit à leur opinion personnelle, mais notre chef (Andrew Scheer), malgré sa foi, a pris un engagement catégorique : on ne rouvrira pas le dossier. Ce sont nos adversaires qui ont décidé de faire un enjeu de cette question», a plaidé le candidat conservateur Alain Rayes.

«On n’en serait pas là, et on pourrait parler des véritables enjeux, si les conservateurs n’étaient pas demeurés de marbre au printemps lorsque le Bloc québécois a déposé une motion réitérant le libre-choix des femmes à la suite des événements aux États-Unis. Pourtant, tous les autres partis l’ont appuyée», a rétorqué Olivier Nolin.

Débat en cours (Photo www.lanouvelle.net)

Au sujet de la loi québécoise sur la laïcité, le libéral Marc Patry, considérant les propos du premier ministre Justin Trudeau et la porte qu’il laisse ouverte à une contestation, a reconnu qu’il était «le plus à risque» avant d’y aller d’une explication. «Le premier ministre doit faire appliquer la loi. Mais dans ce dossier, avant qu’il y ait des décisions, il peut s’écouler de trois à cinq ans. Le premier ministre doit d’abord laisser le travail légal se faire», a-t-il soutenu.

La réplique du conservateur Alain Rayes ne s’est pas fait attendre. «Si les libéraux sont élus, il y aura contestation judiciaire alors que le Parti conservateur, qui respecte les champs de compétence des provinces, ne contestera jamais la loi», a indiqué le député sortant de Richmond-Arthabaska.

Débat ouvert

En deuxième partie, un débat ouvert a permis aux candidats de se questionner entre eux sur différents sujets, comme la marque de véhicule, et même les pancartes électorales, s’est étonné Alain Rayes sur cette question de Jean Landry.

Le candidat Alain Rayes du Parti conservateur (Photo www.lanouvelle.net)

Le candidat conservateur s’est montré particulièrement incisif envers son adversaire libéral. «Comment se sent-on de se présenter pour un parti dont le premier ministre est le seul dans l’histoire du Canada à avoir été reconnu coupable, à deux reprises, d’avoir violé la loi sur l’éthique et les conflits d’intérêts?»

Le libéral a admis qu’il s’agissait d’une «très bonne question», ce qui a déclenché le rire dans l’assistance.  «Avec ma franchise, pas de ligne de parti. Le premier ministre doit respecter les lois, les règles. Je ne me sens pas bien par rapport à ça, a-t-il confessé. Mais il y a tellement d’autres choses qui me rendent heureux dans le programme et qui conviennent à mes valeurs.»

Marc Patry, le candidat libéral (Photo www.lanouvelle.net)

Un peu plus tard, le candidat conservateur a rappliqué en interpellant, de nouveau, le libéral, en lui demandant comment il se sentait de faire partie d’une formation politique qui a généré d’importants déficits et qui endette les générations futures. «Je me sens très bien, a répondu Marc Patry, cette fois-ci, suscitant de nouveaux rires dans la salle. Ce qu’il faut clarifier, c’est que les déficits annuels représentent environ 1% du produit intérieur brut (PIB). Selon les économistes, c’est une bonne façon de restructurer le système du gouvernement, de modifier les programmes dont nos citoyens ont besoin. Et puis, la dette totale représente environ 30% du PIB. Il s’agit de la meilleure performance du G7, à peu près équivalent avec l’Allemagne. Encore là, les économistes soutiennent qu’il ne s’agit pas d’un problème quand on décide de restructurer l’économie».

La représentante du Parti vert, Laura Horth-Lepage (Photo www.lanouvelle.net)

De son côté, la candidate du Parti vert, Laura Horth-Lepage a interpellé Alain Rayes, «le mathématicien», pour connaître l’objectif «chiffré» du Parti conservateur pour la réduction des GES. «Et considérant que vous voulez annuler la taxe carbone, comment allez-vous l’atteindre?», a-t-elle questionné.

Le candidat Rayes n’a pu fournir une réponse exacte. «Mais nous avons des mesures concrètes, comme l’aide à la rénovation pour des maisons plus vertes, car environ 9% des GES sont générés par les résidences énergivores. De plus, plutôt que de taxer les gens, on veut les soutenir en regard des véhicules électriques», a-t-il fait valoir.

Quelques minutes plus tard, la candidate Horth-Lepage l’a relancé. «Je n’ai pas eu ma réponse, je veux un chiffre. C’est quoi  le chiffre, la cible de réduction des GES des conservateurs?», a repris la candidate applaudie par plusieurs étudiants.

«L’objectif est simple, a répondu Alain Rayes. C’est l’accord de Paris et la plateforme qu’on a déposée avec des actions.»

Jean Landry représente le Parti populaire du Canada (Photo www.lanouvelle.net)

Dans un autre ordre d’idées, Jean Landry du Parti populaire du Canada a remis en question la pertinence du Bloc québécois. «J’ai été député du Bloc québécois. Je n’y suis plus parce qu’on ne peut rien faire, on ne peut rien faire bouger, on ne peut que bloquer. Ce n’est pas de cette façon qu’une société avance», a-t-il soutenu.

«On voit que vous êtes vraiment amer, a constaté le candidat bloquiste Olivier Nolin. Mais ce n’est pas vrai que le Bloc québécois n’a servi à rien. Il tire sa force du fait qu’il représente vraiment le Québec, que le Québec. Il a une influence politique, une influence sur les décisions. Il est utile. On lui doit notamment la reconnaissance du déséquilibre fiscal, un siège à l’UNESCO et la reconnaissance du Québec comme nation.»

Olivier Nolin, candidat du Bloc québécois (Photo www.lanouvelle.net)

Conclusion

Pour terminer la rencontre, les candidats ont pu s’adresser aux étudiants.

Laura Horth-Lepage du Parti vert a souligné qu’en matière d’environnement, les cibles de Paris étaient aussi celles des conservateurs et des libéraux. «Un plan voué à l’échec et au réchauffement de la planète de 3 degrés Celsius, ce n’est pas la voie à suivre. Si on ne réagit pas maintenant, ce sera pas mal moins rentable économiquement», a-t-elle exprimé.

Olivier Nolin, lui, a fourni aux étudiants plusieurs raisons, selon lui, pour voter pour le Bloc québécois. «Si vous croyez que le territoire du Québec, c’est chez nous et qu’on ne devrait pas se faire imposer un pipeline, si vous croyez que le droit des femmes à l’avortement en est un inaliénable, si vous croyez qu’on doit accueillir des réfugiés de façon digne, par les voies régulières et dans un temps raisonnable, et si vous croyez qu’on doit faire plus en environnement pour un avenir meilleur, plus vert et prospère, votez Bloc québécois», a-t-il énuméré.

Le libéral Marc Patry a invité les jeunes à réfléchir sur le meilleur candidat pour représenter la circonscription. «Depuis plus de 25 ans, la région se trouve dans l’opposition. Notre région souffre d’une représentation inadéquate à la table des décisions à Ottawa», a-t-il dit en précisant qu’en quatre ans, le gouvernement Trudeau avait initié une multitude d’actions pour améliorer la qualité de vie des familles de la classe moyenne.

De nombreux étudiants ont assisté à la rencontre. (Photo www.lanouvelle.net)

Quant à Jean Landry du Parti populaire du Canada, sans Maxime Bernier, il aurait annulé son vote. «Je suis avec Maxime Bernier, avec un nouveau parti et de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire. Je suis un gars du peuple, je serai présent sur le terrain avec vous et je travaillerai fort pour faire avancer vos dossiers», a-t-il assuré.

Enfin, Alain Rayes du Parti conservateur a invité les étudiants à voter tout en insistant sur l’importance de cet exercice démocratique. «Peu importe vos opinions, que vous votiez pour un parti, pour un chef ou pour une personne, il est essentiel que vous vous fassiez entendre. Les politiciens élaborent les plateformes et mettent en place des mesures pour répondre aux besoins des gens qui les interpellent. Le jour où les jeunes vont voter, s’impliquer et s’intéresser à la politique, vous pouvez être assurés que vous aurez toute votre place dans les décisions», a-t-il conclu.