Une détermination à toute épreuve

La Victoriavilloise d’adoption Jessy Lacourse a commencé à un jeune âge à courir de petits cross-country qui étaient organisés au mont Arthabaska. Initiée à la course à pied par l’entraîneur Jacques Hince, elle a fait son entrée dans l’équipe de cross-country des Vicas de Victoriaville. Une dizaine d’années plus tard, elle rêve maintenant aux Jeux olympiques.

«Comme disait Jacques à l’époque, j’étais bien ordinaire, mais j’avais beaucoup de vouloir. C’est comme ça que ça a commencé. Je n’étais pas vraiment bonne à l’époque en secondaire 1 et 2. En secondaire 1, j’ai notamment fait les Championnats régionaux sans me rendre aux provinciaux. L’année suivante, j’ai gagné les régionaux, mais j’ai terminé 64e sur la scène provinciale. En secondaire 3, j’ai terminé 13e des Championnats provinciaux. Ça a été l’un de mes plus gros objectifs. Je me suis dit que quand j’allais revenir, j’allais terminer sur le podium.»

S’entraînant pendant toute l’année et faisant son entrée dans le sport-études de cross-country de la polyvalente Le boisé, Lacourse a pris son envol à partir de ce moment. «Non seulement j’ai terminé sur le podium, mais j’ai également remporté cette course. C’était la première fois que je remportais le championnat provincial. En deux ans, je suis donc passée de la 64e place à la 1ère. Ça a été mon premier gros accomplissement. J’ai vraiment aimé ce sentiment de fierté. C’est ce qui m’a fait accrocher de plus en plus.»

Une fois cet objectif atteint, son entraîneur lui a suggéré de commencer à lorgner du côté de l’athlétisme, chose que la sympathique jeune femme ne connaissait pas du tout jusqu’à ce moment. «Je n’avais aucune idée de ce que c’était l’athlétisme. Je ne savais pas que ça rassemblait plusieurs sports. On m’aurait parlé de ça en secondaire 4 et j’aurais été complètement perdue.»

Amassant de plus en plus de médailles, Lacourse a fini par se qualifier pour les Jeux du Canada, pratiquement par hasard. «Nous nous disions que j’allais tenter ma chance aux sélections pour le plaisir. Au 5000 m, j’ai pris le 2e rang. Je devais faire un temps sous la barre des 18 minutes, mais j’ai malheureusement fait 18 minutes bien pile. Comme j’avais manqué mon coup au 5000 m, je me suis tournée vers le 2000 m steeple-chase la semaine suivante.»

Il faut cependant savoir que c’était la toute première fois que Lacourse prenait part à une épreuve de cette discipline. «Ça faisait deux ou trois semaines que je m’entraînais au saut à la haie. Je n’avais jamais sauté la rivière. Je savais que le standard était de moins de 7:22 et qu’il fallait terminer dans les deux premières positions. Tout allait bien jusqu’à un certain point. Puisque c’était la première fois que je courais avec des souliers à clous, je me suis accroché les pieds dans le petit tapis et j’ai frappé la haie de plein fouet avec mon torse. J’étais cependant déterminée et j’ai poursuivi ma route. J’ai finalement franchi la ligne d’arrivée en 7:21. C’est comme ça que je me suis classée pour les Jeux du Canada.»

Grâce à sa qualification au 2000 m steeple-chase, elle a finalement obtenu celle pour le 5000 m, terminant respectivement 5e et 7e lors de ces épreuves. La carrière de Lacourse était lancée.

2024 en ligne de mire

Aujourd’hui âgée de 22 ans, la carrière de celle qui a grandi dans les Bois-Francs ne fait qu’aller en pente ascendante. Elle a pris part aux Championnats mondiaux universitaires en plus de dominer sur la scène nationale et provinciale. Son palmarès comprend notamment le titre canadien universitaire au 3000 m, le titre universitaire et senior au 8 km de cross-country ou encore les titres provinciaux universitaires au 1500 m, 3000 m et au relais 4 x 800 m. La liste pourrait s’allonger encore. Cependant, on sent que l’athlète du Rouge et Or de l’Université Laval a encore faim pour de plus grands défis. «Jusqu’à maintenant, ce que mon entraîneur et moi visons, ce sont les Jeux olympiques de 2024, à Paris, en steeple-chase. D’ici là, j’aimerais avoir fait une autre équipe nationale chez les seniors. Ce serait ça l’objectif afin d’être dans le lot des filles qui peuvent aspirer aux Jeux de 2024. J’aimerais donc avoir mon standard olympique et être dans le top 3 canadien.»

Concernant les Jeux olympiques de 2020, présentés à Tokyo, Lacourse sait qu’elle n’est pas encore assez rapide. Elle s’approche cependant tranquillement du standard tant espéré. Avec les coureurs qui peuvent souhaiter une progression jusqu’à la fin de la vingtaine, le temps ne presse pas encore pour Lacourse. «Si je peux courir jusque-là, si le corps tient, je vais le faire. Mon baccalauréat avance bien. Je le fais en quatre ans. Je ne sais pas si je vais travailler tout de suite après. Je prévois faire une maîtrise. Il me reste trois ans à faire au niveau universitaire. Je vais peut-être me concentrer deux ou trois ans sur le sport après ça.»

En attendant les Jeux olympiques, celle qui est née à Québec tentera de se qualifier parmi les sept premières au Canada en cross-country afin de prendre part au Championnat du monde universitaire.

Une discipline de fer

Déjà que d’être un étudiant à temps plein peut s’avérer une tâche fastidieuse, Lacourse doit se soumettre à de nombreux entraînements, des compétitions et quelques séances où elle joue le rôle d’entraîneure pour gagner un petit peu d’argent. Pour arriver à jumeler tout ça, elle doit donc faire preuve d’une rigueur immense. «Mon agenda, c’est mon meilleur ami. Je tiens à faire mes cours universitaires dans le cheminement normal.  Cette session, par exemple, j’ai cinq cours et une journée de stage, en plus de tout l’entraînement que je dois faire. C’est pour ça que je donne quelques entraînements seulement. Je n’ai pas le temps pour avoir un emploi. […] J’aime ça cependant, ce rythme.»

Un nom de famille prédestiné?

Évidemment, en portant le nom de famille «Lacourse», la coureuse semblait à première vue prédestinée à connaître une carrière dans cette discipline. Et elle s’en fait parler très souvent. «Quand je regarde mon entourage, il n’y a pas beaucoup de Lacourse qui court. J’ai rarement croisé d’autres Lacourse en fait! […] Je me le fais toujours demander (si mon nom de famille a un lien), surtout quand je suis au Québec. Dans un milieu anglophone, Lacourse n’évoque rien évidemment, mais quand je leur dis que ça se traduit par the race, ils n’en reviennent pas.»

Pour la petite histoire, le nom de famille Lacourse est apparu au courant du 18e siècle lorsque Pierre Gellineau est devenu Pierre Lacourse. Les Gellineau sont les ancêtres des Gélinas, des Bellemare et des Lacourse.

Fière de représenter Victoriaville et sa région

Bien qu’elle soit née à Québec et qu’elle y réside maintenant, Lacourse a passé une grande partie de sa vie à Saint-Valère. Lorsqu’on lui parle de sa région, on sent la fierté qui l’habite. «Dès mes 5 ans, j’étais dans la région. Je suis vraiment fière de ma région. J’ai fait mon primaire, mon secondaire et la moitié de mon parcours au cégep ici. Pour moi, c’est important de revenir et de participer à des activités de l’organisation du Grand Défi. Ça me tient à cœur, car j’ai grandi avec ça. Chaque année, j’attendais le Grand Défi et c’était un plaisir de le faire. Je l’ai toujours.  J’aime revoir mes amis. Je pense que d’oublier d’où je viens, ce ne serait pas moi. Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce à ma ville et les personnes qui m’ont aidée.»