Victoriaville, il est temps pour toi de te réinventer

Ma chère Victoriaville, Statistiques Canada dit de toi (et des environs), dans son recensement datant de 2016, que tu es une région québécoise tout ce qu’il y a de plus semblable aux autres. Région administrative du Centre-du-Québec numéro 17, population largement francophone, non immigrante et bordée de grands champs.

Un portrait somme toute assez classique de la ruralité québécoise, il faut bien se l’avouer. Statistiques Canada dit peut-être de toi que tu es plutôt banale, mais te rappelles-tu du temps où tu étais audacieuse? Quand les autres te regardaient aller, admiratifs, curieux et même inspirés. On dit quand même de toi que tu es le berceau du développement durable, alors j’imagine que tes actions passées en sont pour quelque chose, non?

Berceau du développement durable parce qu’on te devait, entre autres, cet astucieux système de recyclage qui montre aujourd’hui de plus en plus ses limites dans un monde plus globalisé que jamais. Ce système jadis visionnaire prend aujourd’hui de plus en plus des airs de grande illusion.

Est-ce un signe? Je crois bien que oui.

Les temps ont bien changé et à t’enliser toujours plus dans un immobilisme vaseux, tu risques d’y sombrer. Il est temps pour toi de te réinventer. D’aspirer à être toujours plus. De revendiquer fièrement, tête haute, ce qui te rendait unique, originale sans pour autant te reposer dans ce berceau. Tu as été précurseure, inspirante et à l’avant-garde à une époque où l’environnement ne préoccupait pas grand monde. Maintenant, on en parle beaucoup plus et les nouvelles idées tendent peut-être plus à nous montrer la voie de la décroissance que du développement durable.

Je ne veux pas te faire peur, mais tu risques bien d’être dépassé bientôt (si tu ne l’es pas déjà), cher berceau du développement durable. En écrivant ces mots, je sais que ma plume écorche tes oreilles et érafle au passage ton ego. C’est rugueux à entendre, je sais, mais si je te le dis, c’est bien parce que je t’aime.

Le 27 septembre, les citoyen.nes sont invité.e.s à manifester chez toi, devant ton Cégep. Porte cette idée d’un changement nouveau, crie fort dans la rue Changeons le système, pas le climat! Je sais que tu te souviens encore de l’euphorie grisante de ta première manif, de l’émergence d’un sentiment de nous, de collectif. Et de la certitude qu’ensemble, il était possible de tout accomplir.

Le 27 septembre, j’ai envie de t’y voir parce que je suis persuadée que tu peux te réinventer et qu’ensemble, on peut rêver à de beaux projets collectifs et les faire naître.

C’est un rendez-vous. À 13 h, devant le Cégep.

Alysée Lavallée-Imhof