La croisade de Fernand Noël contre la drogue

Fernand Noël ne manque jamais d’initiative. L’an dernier, le cofondateur de la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska, a remercié les donateurs et bienfaiteurs du centre en leur offrant du miel qu’il produit depuis une quarantaine d’années. Cette fois, en guise de sensibilisation, il a fait imprimer des «t-shirts» au message on ne peut plus clair : «La drogue, c’est d’la marde».

L’idée a surgi après avoir entendu les propos d’un jeune toxicomane lors d’une réunion des Narcotiques Anonymes. «Il venait d’avoir droit à son jeton pour ses trois mois de sobriété. Il a prononcé un discours d’une trentaine de secondes et il a lancé : en tout cas, la drogue, c’est d’la marde», raconte Fernand Noël, amusé de cette phrase lancée par le jeune homme. «J’ai trouvé ça drôle et l’idée m’est venue de faire imprimer des t-shirts avec cette mention», ajoute-t-il.

Fernand Noël concrétise son projet pour le moins original en faisant imprimer 100 t-shirts qu’il vend 10 $. «Je les vends pour que les gens qui en achètent, qui paient pour, s’en servent vraiment. Moi, je le porte plusieurs fois par semaine», dit-il.

Fernand Noël a même fait inscrire son nom et son numéro de téléphone sur le gaminet. «Je ne suis pas gêné. S’il y a des «dealers» qui ne sont pas d’accord, ils m’appelleront», lance-t-il avec humour.

Reste que le message est sérieux. Fernand Noël, toujours très impliqué comme bénévole à la maison de thérapie, connaît fort bien les ravages de la drogue chez les jeunes. «C’est effrayant!», exprime-t-il.

D’ailleurs, Fernand et sa conjointe Thérèse ne ferment jamais la porte aux gens qui se présentent à leur domicile. «Des personnes intoxiquées viennent partager un repas, le seul qu’ils auront parfois pour plusieurs jours», souligne-t-il.

Ces gens, Fernand et Thérèse les accueillent et les écoutent sans jugement.

«À la maison de thérapie, on essaie de les aider à s’en sortir. Si on pouvait régler le problème de toxicomanie chez plusieurs, cela rendrait disponible une main-d’œuvre dont les entreprises ont bien besoin en cette période de pénurie», fait-il remarquer.

Pour Fernand Noël, la légalisation du cannabis n’était pas l’avenue à emprunter, privilégiant plutôt la décriminalisation. «Il aurait fallu décriminaliser la possession simple qui, auparavant, entraînait un dossier criminel», souligne-t-il.

Le gilet de Fernand a de quoi faire sourire et réagir. «À la caisse, on m’a interpellé en me disant : c’est vrai ça! On me le dit souvent : tu as bien raison», relate-t-il.

À ce jour, il en a vendu près d’une trentaine. Si tous trouvent preneurs, il en retirera un profit de 400 $ qu’il entend réinvestir pour imprimer d’autres messages relatifs à la consommation ou aux problèmes de jeu.

Certaines études montrent, relève Fernand Noël, qu’un «t-shirt» constitue un bon moyen pour promouvoir une cause. «Les objets véhiculent des messages», observe-t-il

Une série télé?

Il ne sait pas encore si on acceptera son projet, mais Fernand Noël a approché la Télévision communautaire des Bois-Francs pour réaliser une série de 10 émissions sur la drogue. Le titre proposé : «La drogue, c’est d’la marde».

Une série d’émissions au cours de laquelle il proposerait notamment des entrevues avec des consommateurs, d’ex-toxicomanes et des vendeurs. «Je ne sais pas si le projet sera accepté. Le comité de programmation doit l’analyser avant de l’approuver ou non», confie-t-il.