La présence rassurante des bénévoles à la cour

Un service méconnu, mais pourtant fort apprécié, celui des bénévoles qui, à raison de trois jours par semaine, prennent place dans le corridor du palais de justice de Victoriaville.

Le service «Bénévole à la cour» du Carrefour d’entraide bénévole des Bois-Francs existe depuis plus de 20 ans. Il remonte au milieu des années 1990. «En 1995, le ministère de la Justice a proposé au Carrefour d’instaurer le service. L’année suivante, un groupe pilote a été mis sur pied menant ainsi, en 1997, au lancement officiel du service», relate Johanne Thérien, la responsable du service.

Le rôle des bénévoles à la cour consiste, avant tout, à assurer une présence rassurante auprès des personnes, témoins, victimes et contrevenants, qui doivent se présenter devant les tribunaux. «Ces personnes peuvent être déstabilisées, nerveuses, craintives et gênées. Les bénévoles les accueillent, vont à leur rencontre pour savoir si ces gens ont besoin d’un conseil ou d’être dirigés», souligne la responsable.

En équipe de deux, les bénévoles à la cour s’y trouvent en avant-midi (de 9 h à 11 h) trois fois par semaine, les lundis, mardis, et vendredis.

On ne peut les manquer, au fond du corridor. Les bénévoles sont bien identifiés et une affiche est installée au mur. On leur demande d’assurer deux présences au palais par mois.

Un bénévole à la cour requiert des qualités particulières. «Le respect constitue la qualité de base, tout comme la courtoise. Mais il faut aussi savoir faire abstraction des préjugés, ne pas avoir le jugement facile. En fait, on ne doit pas porter de jugement, peu importe l’apparence, le vocabulaire de cette clientèle particulière. Une facilité d’approche, de contact avec les gens tout en n’étant pas trop intrusif, fait aussi partie des qualités nécessaires», fait valoir Johanne Thérien.

Le service que proposent les bénévoles du Carrefour, observe-t-on, est fort apprécié par les avocats et le personnel du palais de justice. «Un service hyper apprécié parce que les bénévoles éteignent des feux en quelque sorte en apaisant les gens, en les calmant, des gens qui éprouvent diverses émotions, stress, peur, colère», fait remarquer la responsable.

Un bénévolat valorisant

Thérèse Tremblay, qui a donné de son temps dans différents domaines, en est à sa troisième année comme bénévole à la cour. «Curieuse de nature, je manifestais une «curiosité juridique». Je voulais apprendre. Je suis allée voir et j’ai accroché à ce service», raconte-t-elle.

Elle dit avoir bien apprécié la formation de près d’une vingtaine d’heures «qui sécurise». «Et quand on commence l’intégration, on a toujours, pendant un an, quelqu’un d’expérience qui nous accompagne. Ce ne sont jamais deux nouvelles personnes ensemble. On apprend ainsi tranquillement, un cheminement progressif», explicite-t-elle.

La bénévole dit avoir développé le sens de l’accueil et de la discrétion. «J’aime accueillir les gens avec un sourire, ces gens aux besoins particuliers. Je leur dis bonjour, leur signifiant ainsi que je les accueille comme ils sont», exprime-t-elle. Le sourire des gens, les remerciements qu’ils expriment constituent une véritable paie pour elle. «L’écoute de ce que les gens ont à dire, c’est ce que j’aime le plus dans ce bénévolat affirme Mme Tremblay. On suggère des choses, on répond à leurs questions, on peut les informer sur l’existence de ressources. Comme bénévole, on en retire beaucoup de satisfaction.»

Même son de cloche chez Diane Fréchette, présidente du conseil d’administration du Carrefour d’entraide bénévole et bénévole à la cour depuis la toute première heure. «J’ai beaucoup travaillé auprès de la jeunesse, à vérifier avec les jeunes s’ils avaient un avocat, à informer les parents que leur enfant avait droit à l’aide juridique. On les aide aussi à attendre. C’est très satisfaisant», commente-t-elle.

Prochaine formation en octobre

Le Carrefour d’entraide bénévole cherche à recruter d’autres bénévoles pour son service «Bénévole à la cour». Déjà quatre candidats ont été retenus pour une formation dispensée au mois d’octobre. «Des avocats et une spécialiste en communication viennent donner la formation lors de quatre matinées durant quatre jeudis. Les sujets traités sécurisent les bénévoles dans leur travail à accomplir», indique Johanne Thérien.

Au cours du cinquième jeudi, les candidats participent à une intégration, à la visite du palais de justice. Les personnes intéressées doivent s’inscrire d’ici le 13 septembre auprès de Jade Massicotte, la responsable des bénévoles au Carrefour, au 819 758-4188.

Ce service s’adresse tant aux femmes qu’aux hommes. Mais un seul représentant de la gent masculine fait actuellement partie du groupe de 8 à 10 membres des bénévoles à la cour. Les candidats doivent aussi présenter un dossier vierge, sans antécédent judiciaire. Le besoin est bien présent. «Selon les statistiques mensuelles, rares sont les moments où il n’y a aucune intervention de nos bénévoles. C’est hyper valorisant. Nous sommes fiers d’avoir ce service d’autant qu’on sait qu’il est apprécié», exprime la responsable.

«Mais oui, ajoute-t-elle, il s’agit d’un environnement particulier. Ce n’est pas tout le monde qui s’y sent à l’aise. Il faut être bien dans ce qu’on fait. Le bénévolat vient du cœur. On se doit d’être heureux et à notre place.»

«Si le candidat n’apprécie pas, il existe bien d’autres types de bénévolat qu’il peut faire», renchérit Diane Fréchette.