Marc Comtois intronisé au Temple canadien de la renommée agricole

Marc Comtois entrera officiellement au Temple canadien de la renommée agricole, un honneur rare qui reconnait l’impact de l’élevage Comestar sur l’économie agricole canadienne et internationale. De fait, l’on attribue même à cet éleveur une large part de l’amélioration de la race Holstein au cours des dernières décennies.

À 15 ans, Marc Comtois troque le pupitre contre la fourche. Son père, Edgar Comtois, lui insuffle la passion de l’élevage Holstein dans sa ferme de la route 116, nommée Comtoise. En 1976, à l’âge de 18 ans, Marc déménage à Princeville où il acquiert sa propre terre et sa première ferme. «J’ai commencé avec 125 acres en culture et 44 têtes Holstein», explique-t-il. Il se marie avec France Lemieux, qui s’engage à ses côtés dans tous ses projets. D’ailleurs, il estime qu’elle mérite autant que lui chaque titre obtenu.

À sa première participation à la foire agricole de Victoriaville, en 1977, il décroche une septième place. Déjà, en 1981, il remporte bannières et mérites, notamment pour un taureau. «Dans ces années est arrivée la transplantation embryonnaire. Nous privilégions à ce moment le commerce des animaux plutôt que la production de lait. J’étais passionné de l’élevage, des expositions et de la reproduction», raconte-t-il. De fil en aiguille, et à la suite de l’acquisition d’une vache, qui recueille les éloges de tous les concours et qui engendre la célèbre Laurie Sheik, son affaire grandit. À ce jour, cette vache compte un fils et trois petits-fils qui ont tous fourni plus d’un million de doses de semence, vendues dans 55 pays par l’Alliance Semex. Selon le Réseau Laitier Canadien, on retrouverait un peu de Laurie Sheik dans la généalogie de 40% des sujets inscrits au livre Holstein canadien en 2006, 20 ans après sa naissance.

En 1987, la terre paternelle devenue disponible, le couple l’achète. Ils y apportent leur troupeau. Au début des années 2000 arrive la fécondation in vitro. Toujours en avance, Comestar s’y intéresse. «C’était ça notre métier», de dire Marc Comtois. Des centres d’insémination du monde entier ont sélectionné des sujets issus de son élevage. Marc Comtois a aussi joué le rôle de juge lors d’expositions et de conférencier aux quatre coins de la planète. Car il ne suffit pas de connaître les animaux pour se prononcer sur leur beauté, il faut également détenir une bonne dose d’entregent et savoir communiquer de façon intéressante les résultats.

Pour accéder au titre de juge, le candidat doit rencontrer un comité d’Expo-Juges, duquel M. Comtois fait aujourd’hui partie, passer des tests écrits et procéder à un jugement. Si la personne est retenue, elle deviendra aspirante-juge pour une période de trois à cinq ans, explicite-t-il.

Pour se voir introniser au Temple de la renommée agricole, il faut que vos pairs, comme les experts, vous considèrent comme un grand parmi les grands, dans votre domaine. Lorsqu’on parle d’Holstein, Comestar arrive en haut de bien des listes. Le nom de Marc Comtois figurera bientôt aux côtés de ceux de scientifiques, d’agronomes et d’autres personnalités marquantes de l’agriculture canadienne.

Génomique

Dans l’élevage, la génomique s’impose depuis 2010. «Avec l’analyse de l’ADN, à la naissance d’un veau, on prend un poil et on sait tout de suite s’il est bon ou non. Avant, nous avions des indices génétiques, venant du père et de la mère», observe M. Comtois. Dès ses premiers instants, on peut savoir si un animal produira beaucoup de lait, par exemple. «Ça nous donne un bon aperçu, près à 75% de la réalité.» Les croisements, comme il les a longtemps faits pour se procurer des bêtes profitables, ne se font plus selon les mêmes considérations, ni selon les mêmes modalités. Entre autres révolutions, la semence sexée permet de choisir le sexe de l’animal souhaité. Les agriculteurs obtiennent plus aisément les femelles nécessaires à la production de lait. Et les centres d’insémination génèrent eux-mêmes leurs taureaux. Toutes ses transformations du secteur ont convaincu des éleveurs à ajouter d’autres cordes à leur arc.

Depuis 2003, Comestar investit dans ses quotas de lait. «On continue dans la génétique. Cela représentait 85% de nos revenus, avant la crise de la vache folle», confie M. Comtois. Avec la fermeture soudaine des exportations, il aura fallu à ce moment se tourner vers la production de lait, qui contribue aujourd’hui à 80% du chiffre d’affaires de Comestar.

Marc Comtois note que les standards d’évaluation des Holstein ont évolué. «La race a bien changé en 30 ans. On a eu des grosses vaches à un moment donné, puis là on revient avec de plus petites bêtes, à cause des robots de traite. Elles doivent être performantes et on est plus agressif du côté du système de reproduction, des pieds et des membres. Les critères de conformation ont complètement changé», précise-t-il. En ce sens, l’exposition sert de vitrine pour permettre au grand public de voir les plus belles bêtes de la région, mais aussi de procéder à des comparaisons entre celles-là.

De 1993 à 2007, France Lemieux et Marc Comtois ont été associés à Freddy et Nicole Steen. Depuis 2012, leurs filles Kathleen et Julie, leur fils, Steve, et leur beau-fils, Julien Turmel, leur sont associés dans l’aventure Comestar.