L’art pour une meilleure gestion des matières résiduelles

«Pourquoi placer nos précieuses matières organiques dans des bacs de plastique de 240 L et les transporter par camion vers une usine de compostage où elles serviront ultimement de recouvrement pour le site d’enfouissement?»

Voilà la question que se sont posés des dizaines de citoyens de la petite municipalité rurale de Ham-Sud. Plusieurs d’entre eux font déjà leur propre compost pour fertiliser leurs plates-bandes et potagers. D’autres mettent simplement leurs déchets de cuisine et de jardin dans un coin de leur terrain où la nature fait son oeuvre.

Partant de l’obligation de détourner de l’enfouissement les matières organiques qui composent environ 40% de nos déchets, leur cueillette est certainement une pratique adaptée en milieu urbain où peu de gens disposent d’un terrain et où la densité de population justifie un ramassage de porte-à-porte. Transposée en milieu rural, cette pratique s’avère un non-sens écologique.

À l’heure des scandales entourant le recyclage au Québec, sommes-nous en train d’assister à un nouveau scandale? Matière première inestimable, comment se fait-il que notre compost devient un recouvrement bon marché pour sites d’enfouissement, alors que nos maraîchers de village doivent acheter leur compost à l’extérieur – et bien plus cher que de la terre à remblai?

Actuellement, plusieurs municipalités au Québec, et même dans notre région, cherchent à diminuer les matières résiduelles transportées, par exemple en faisant de l’éducation au compostage à domicile, en instaurant des mesures incitatives telles que la diminution du nombre de collectes, un rabais sur les taxes pour ceux qui font leur propre compost ou encore en facturant les citoyens seulement quand ils mettent leur bac au bord du chemin.

Contrairement à ces initiatives porteuses d’avenir, d’autres municipalités, dont Ham-Sud, ajoutent des circuits de camion supplémentaires pour ramasser le compost à travers leur vaste territoire. Sans s’informer des habitudes de leurs citoyens, elles choisissent d’imposer un bac brun à chaque ménage, distribué par la municipalité et facturé directement ou via les taxes municipales.

Afin de stimuler la réflexion, des artistes de Ham-Sud ont invité les citoyens faisant leur propre compost à rapporter leur bac en vue d’une installation devant le bureau municipal. Un deuxième groupe, sans connaitre ce projet, avait simultanément organisé une collecte des bacs de tous ceux qui ne prévoyaient pas les utiliser afin de les ramener à la municipalité. C’est ainsi qu’une vingtaine de bacs bruns ont été joints ensemble en une installation artistique évoquant un géant ver de terre, ce petit animal essentiel à la production de notre compost naturel maison.