«C’est impensable que nous n’ayons pas de ligue ou d’équipes canadiennes représentées»

Les dirigeants de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) ont pris un peu tout le monde par surprise dimanche dernier (31 mars) en annonçant la fermeture du circuit à compter du 1er mai, faute de solutions. Cela fait donc en sorte les joueuses des six équipes de la ligue, dont fait partie la Victoriavilloise Marie-Joëlle Allard, se retrouvent complètement dans le néant quant à leur avenir sur la patinoire.

Mises au parfum qu’il y aurait une conférence téléphonique dans la matinée de dimanche, les joueuses des Canadiennes ne s’attendaient tout simplement pas à recevoir une telle gifle au visage. Tout ça, seulement une quinzaine de minutes avant que la nouvelle émane dans les médias. «Ça a été un choc pour tout le monde. Nous pensions que les dirigeants allaient nous appeler pour nous donner de bonnes nouvelles. Cette saison, il y avait plus de spectateurs à nos rencontres. Ça allait bien de ce côté pour les Canadiennes. Notre bilan était positif. Lorsque l’appel s’est fait, nous pensions que c’était un poisson d’avril. Nous nous posions des questions», a raconté Allard.

Lorsque questionnés par les différentes organisations sur ce qui expliquait cette fin prématurée du circuit féminin, les dirigeants ont tout simplement évoqué une organisation déficiente sur le plan monétaire. «Les dirigeants nous ont simplement raconté que ce n’était que le modèle d’affaires qui ne fonctionnait pas et qu’ils ne voyaient pas comment ça pouvait fonctionner dans le futur.»

Cette déplorable fin de la LCHF met ainsi en relief la faible visibilité accordée au hockey féminin et ouvre vers une réelle réflexion par rapport aux actions qui doivent être mises en œuvre pour développer ce volet du sport national canadien. «Nous en sommes à évaluer les pistes de solution. Le fait de voir la ligue fermer ses portes force les équipes à chercher chacune de son côté la meilleure option pour l’an prochain. De mon côté, je crois que d’avoir une ligue, qui profite de l’appui financier et de la visibilité de la Ligue nationale de hockey (LNH), serait l’option la plus facile et fonctionnelle.»

Celle qui évolue au poste de défenseur constate cependant que les joueuses ont eu un fort appui de la part de leurs partisans.

La LNHF comme possibilité

Il y a cependant certaines options qui se pointent le bout du nez. La Ligue nationale de hockey féminin (LNHF), qui compte cinq équipes, dont le Pride de Boston, a démontré un réel intérêt à procéder à une expansion du côté canadien. Selon ce que le réseau ESPN a rapporté, la LNHF pourrait même recevoir un appui financier de la Ligue nationale de hockey (LNH), le commissaire Gary Bettman ayant fait preuve d’ouverture quant à cette possibilité. «Rien n’est confirmé par rapport à cette avenue. J’ai vu la nouvelle sur les réseaux sociaux, mais nous n’avons rien su à ce sujet pour l’instant. Je ne sais pas s’il y va y avoir une nouvelle ligue qui sera créée ou si nous allons nous diriger avec l’autre circuit. C’est un peu le néant en ce moment.»

La patineuse de la région martèle qu’il est essentiel que, pour le bien-être du hockey féminin, une ligue professionnelle pour les femmes soit en activité au Canada. «C’est impensable que nous n’ayons pas de ligue ou d’équipes canadiennes représentées. À Montréal, nous avons tellement une belle organisation. Il y a de gros noms qui sont venus ici, car l’équipe est géniale. Les partisans sont géniaux. Nous avons même eu plusieurs rencontres disputées à guichet fermé cette saison.»

Une inspiration pour les jeunes filles

Active de 2002 à 2019, la LCHF a permis à de jeunes joueuses d’aspirer à poursuivre leur carrière au-delà du niveau universitaire. Auparavant, les jeunes filles ne semblaient pouvoir qu’espérer participer aux Jeux olympiques, mais la présence de la LCHF a permis aux choses de changer. Un retour en arrière serait donc hautement néfaste pour celles qui désirent évoluer à un haut niveau pendant de nombreuses années. «C’est une nécessité une ligue comme ça. Quand j’étais plus jeune, la seule chose que nous pouvions voir pour le hockey féminin, c’était les Jeux olympiques. Auparavant, les petites filles rêvaient de jouer dans la LNH, ce qui était impensable. Aujourd’hui, elles veulent jouer pour les Canadiennes de Montréal et s’inspirer de joueuses comme Marie-Philip Poulin et Hilary Knight. Nous sommes des modèles pour ces petites filles. C’est important pour nous de permettre à celles-ci de savoir qu’elles peuvent jouer au hockey sans être un garçon. C’est crucial pour le développement du hockey féminin. Ça leur donne espoir de se développer au-delà du niveau universitaire», a commenté le produit des Stingers de l’Université Concordia.