Des Tigres résilients et surprenants

Alors que la plupart des observateurs ne donnaient pas cher de leur peau, les Tigres de Victoriaville ont réussi à surprendre le petit monde de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) en terminant 4e de l’Association de l’Ouest et 12e au classement général du circuit.

Alignant près d’une douzaine de recrues en début de saison, Victoriaville devait compter sur un Tristan Côté-Cazenave en pleine possession de ses moyens, des vétérans efficaces et des jeunes joueurs émergents pour espérer causer quelques surprises. C’est finalement exactement ce qui s’est produit. «Ça a été une belle saison, car nos jeunes ont progressé pendant toute l’année. Nous avions des objectifs internes, mais qui ne concernaient pas les victoires ou les défaites. Notre but était de développer nos jeunes en les faisant jouer. Nous voulions aussi que nos meneurs prennent les choses en main et c’est ce que nous avons eu. Nos recrues, je pense notamment à Mikhail Abramov, Egor Serdyuk, Sean Larochelle, Vincent Sévigny ou encore Conor Frenette, se sont améliorées tout au long de la saison tout en jouant dans des rôles clés», a relaté l’entraîneur-chef des Tigres Louis Robitaille.

Concédant que le format éliminatoire actuel leur a donné la chance de profiter de l’avantage de la glace pour amorcer les prochaines séries, Robitaille espère que son équipe pourra en profiter. «Nous avons eu le beurre et l’argent du beurre comme le dirait mon ami Martin Raymond. Nous avons gagné et nous avons réussi à développer. Le fait que les conférences aient changé nous a donné un avantage cette saison. Peut-être que ce sera l’inverse l’an prochain, qui sait? C’est pour ça que nous ne basions pas notre évaluation par rapport à ça, mais ça demeure une belle tape dans le dos. Ça finit bien la saison.»

Des blessés

Les résultats encourageants de cette très jeune formation sont d’ailleurs survenus au cours d’une saison où plusieurs joueurs importants ont été cloués à l’infirmerie pendant une certaine période. Il suffit de penser aux absences des vétérans à l’attaque Mathieu Sévigny (41 parties ratées), Édouard Ouellet (17 parties ratées), Isaiah Gallo-Demetris (20 parties ratées) et Simon Lafrance (7 parties ratées) ou encore à celle du gardien Tristan Côté-Cazenave (un mois à l’écart). Évoluant pour la Russie au Championnat du monde junior A des moins de 19 ans, Mikhail Abramov et Egor Seryuk ont également dû rater cinq rencontres.

«L’absence de ces joueurs a permis l’éclosion d’autres joueurs. Nous avons dû redoubler d’ardeur et nous avons modifié quelque peu le système de jeu à partir de la seconde moitié de saison. Nous avons plus protégé nos gardiens et nos défenseurs. Le fait qu’il manque autant d’éléments clés en a surtaxé certains autres. Il faut donc donner crédit aux vétérans de l’équipe. Ça nous a notamment fait réaliser qu’il ne faut pas paniquer même si de gros morceaux manquent à l’appel», a fait valoir le pilote de la formation des Bois-Francs.

L’absence d’un mois de Côté-Cazenave a notamment chamboulé les plans concernant le jeune gardien de 17 ans Fabio Iacobo, ce qui lui a permis de démontrer son potentiel. «Nous avons pu découvrir Fabio. En début de saison, il ne jouait pas énormément. Nous l’envoyions dans la mêlée aux deux semaines environ. L’absence de Tristan lui a permis de voir beaucoup de parties. Nous le sentions essoufflé vers la fin, mais il a livré des performances extraordinaires. Ça lui a prouvé qu’il pouvait jouer dans cette ligue tout en donnant confiance au reste de l’équipe. C’est plaisant de voir ça.»

La patience sans la rondelle

Tristan Côté-Cazenave a affiché cette saison une moyenne de buts accordés de 2,49 (5e de la LHJMQ) et une efficacité de 92% (3e). En plus de la solidité de son cerbère, Robitaille est d’avis que la qualité du jeu défensif de ses protégés constitue la principale force de sa troupe. «Ça a été notre patience sans la rondelle. Oui, nous avons donné des lancers, mais quand tu regardes les tirs de l’intérieur de la zone, ça tournait autour de 25% au total. Ce n’est pas énorme ce ratio. Nous ne donnions que 14 lancers dangereux en moyenne. C’est la statistique qui est importante pour nous. En deuxième moitié de saison, ça a vraiment diminué. En étant patients et en accordant des tirs de l’extérieur, nous amenions les équipes à être impatientes contre nous. Nous sommes restés concentrés. Nos jeunes joueurs ont acquiescé à notre identité.»

L’entraîneur a également tenu à souligner l’efficacité des unités spéciales dans la quête de succès des Tigres. Le désavantage numérique victoriavillois a terminé au 8e rang de la LHJMQ avec une efficacité de 78,9% et l’avantage numérique a pointé en 10e position avec un taux de réussite de 20%.