Père incestueux condamné à 13 ans de pénitencier

Un père indigne, qui a agressé sexuellement ses trois filles, a été déclaré délinquant à contrôler et condamné à 13 ans de pénitencier, mardi midi, au palais de justice de Victoriaville.

Le juge Bruno Langelier a ainsi entériné la suggestion que lui avaient soumise les procureurs de la poursuite et de la défense lors de leurs représentations le 15 janvier.

Pour assurer la protection des victimes, une ordonnance de non-publication interdit de révéler, non seulement l’identité de l’infâme père, mais aussi la localité concernée. «Dire que tout est survenu dans la région est suffisant dans les circonstances», a fait valoir le magistrat.

Le 13 octobre 2017, l’individu a reconnu sa culpabilité à une kyrielle d’accusations d’inceste, d’incitation à des contacts sexuels et à des contacts sexuels, des crimes passibles jusqu’à 14 ans d’emprisonnement.

Il a aussi plaidé coupable à une accusation d’avoir accédé à de la pornographie juvénile.

Les crimes commis par l’homme se sont échelonnés sur plus d’une dizaine d’années. «Il n’est pas nécessaire de relater en détail les gestes, les procureurs les ayant résumés en partie. Des gestes des plus graves qu’on ne peut imaginer», a souligné le juge parlant notamment d’actes de sodomie et de pénétration vaginale.

Le président du Tribunal a retenu plusieurs facteurs aggravants, à savoir la gravité des gestes, le nombre de victimes, leur très jeune âge, l’étendue de la période délictuelle, le lien de confiance, de même qu’un risque de récidive présent et bien documenté par les rapports des experts (sexologue et psychiatre).

Comme facteurs atténuants,  le juge a signalé le plaidoyer de culpabilité, la renonciation à l’enquête préliminaire et à une audience pour sa remise en liberté, sa collaboration entière à l’enquête policière. «Il a exprimé aussi des regrets sincères dans une lettre. Il s’approprie son entière responsabilité et reconnaît sa sérieuse problématique», a indiqué le juge Langelier.

Un tel cas, selon le magistrat, mérite que l’accent soit mis sur la dénonciation, la dissuasion et l’isolement de l’accusé en raison «du besoin important de protéger la société».

«Si la peine peut apparaître excessive à l’accusé, aucune autre peine moindre ne peut être justifiée ou envisagée. Cette peine sérieuse pour des crimes commis dans des circonstances dramatiques doit refléter les torts causés aux victimes», a expliqué le magistrat, faisant valoir que les «victimes étaient prises au piège, trop jeunes pour crier à l’aide et pour comprendre, au début, ce qui leur arrivait.»

Les rapports des experts ont révélé que l’accusé présentait une personnalité limite avec une grande impulsivité, de même qu’une instabilité affective, des traits antisociaux et un trouble de pédophilie. Les spécialistes estiment qu’il présente un risque élevé de récidive en matière de délits sexuels. L’accusé, toutefois, se montre ouvert à un processus thérapeutique.

Le juge Bruno Langelier a donc imposé une peine globale de 13 ans de pénitencier à laquelle il doit retrancher la détention provisoire équivalente à 30 mois et 12 jours. Ainsi, à compter d’aujourd’hui (19 février), le sombre individu purge une peine de 10 ans, 5 mois et 18 jours d’emprisonnement.

De plus, le Tribunal le déclare délinquant à contrôler de façon à ce qu’il soit surveillé pour une longue durée, à savoir 10 années.

Il doit aussi fournir son ADN et son nom figurera à perpétuité au registre national des délinquants sexuels.

Il lui sera également interdit, à vie, de se trouver dans des lieux publics, terrains de jeux, écoles, garderie, centres communautaires où se trouvent des personnes de moins de 16 ans.

Il ne pourra non plus occuper un emploi qui le place en relation de confiance ou d’autorité avec des enfants de moins de 16 ans, ni utiliser un ordinateur pour communiquer avec des personnes de ces âges.

Autre interdiction, celle de ne pas posséder d’armes pour une période de 10 ans.

Le juge a conclu en adressant aux autorités carcérales une recommandation pour que l’individu puisse bénéficier, le plus tôt possible, des traitements et programmes disponibles pour traiter sa déviance sexuelle et favoriser globalement sa réinsertion.

Et avant que les agents des services correctionnels ne le ramènent dans les cellules du palais de justice de Victoriaville, l’homme a tenu à lire une lettre à l’intention de ses enfants.

En pleurs, il a remercié l’une de ses filles qui a permis son arrestation. Il dit avoir reconnu toute l’horreur et les souffrances qu’il leur a fait vivre. «J’ai été trop couillon pour demander de l’aide (…) Je vous aime toujours, mais je n’ai pas su vous le démontrer», a-t-il exprimé, disant espérer que les victimes puissent éventuellement pardonner ses graves erreurs.