Sainte-Hélène reçoit les doléances de ses citoyens

La salle du conseil municipal de Sainte-Hélène-de-Chester, bondée de citoyens venus assister à l’assemblée du mois de février, a constitué le lieu d’échanges au sujet de l’importante variation de 25% du taux d’imposition résidentiel. Tous y sont allés d’observations et de suggestions dans l’espoir de voir leur compte redescendre dans les prochaines années.

La période de questions a permis à la population de s’enquérir d’une foule de détails concernant l’administration des finances de leur village. Les interventions citoyennes s’avéraient parfois incises, mais somme toute respectueuses. Dans la municipalité de quelque 380 âmes, tout le monde se connaît par son nom. Malgré la frustration, l’atmosphère n’était pas à la querelle, car tous s’entendaient sur un point : le compte de taxes 2019 représente une mauvaise surprise.

Une question était sur toutes les lèvres : Sainte-Hélène vit-elle au-dessus de ses moyens? Et surtout : que faire pour y remédier? Les idées ont fusé et la gestion de certains dossiers a été pointée du doigt. Le maire Lionel Fréchette a répondu aux interrogations tandis que l’ensemble du conseil prenait note des commentaires.

Gestion

Martine Lambert a brisé la glace en parlant des 6000 $ affichés au bas de sa facture, soit 2000 $ de plus que l’an passé. La hausse de son évaluation foncière y jouant aussi un rôle. «Je ne sais pas si l’on est mal géré et je ne connais pas la solution, mais j’attends un changement», a-t-elle commencé en soulignant l’absence des services d’aqueduc et d’égout, notamment. «La bâtisse ici (l’ancienne école), qui nous coûtait très cher, a été vendue. J’imagine que des sous ont été obtenus. Et puis les dépenses en chauffage et en entretien, nous ne les avons plus», a-t-elle exemplifié, entre autres, avant de demander au maire d’expliquer pourquoi la charge foncière des citoyens s’avère si importante. «Notre gros problème, ce sont les chemins d’hiver, a rappelé le premier magistrat. C’est 60% d’augmentation. La dernière année que nous les avons ouverts nous-mêmes, nous étions à plus de 5000 $ du kilomètre. Avec l’entrepreneur, à 3300 $, c’était mieux. Cette année, nous n’avions plus de contrat. Nous sommes allés en soumission. Les deux premières fois, personne n’a soumissionné.» Il a évoqué le dilemme similaire vécu par les paroisses voisines et les solutions mises en oeuvre. Pour Sainte-Hélène, la seule issue a été d’opter pour l’unique soumissionnaire à 5400 $ par kilomètre. L’avantage demeure qu’il n’y a pas de variation due aux surprises de Mère Nature. «On ne paiera pas pour des imprévus.»

Quelques citoyens ont demandé si la municipalité n’avait pas perdu au change en délaissant son autonomie de déneigement. «Dans les années 1980, il y avait une économie à faire. Les lois étaient différentes pour les chauffeurs. Reculons à l’époque, les gars faisaient parfois 10 et 12 heures d’affilée. Aujourd’hui, ça nous prendrait quatre personnes à 25 000 $ par année pour ouvrir nos chemins», a rappelé M. Fréchette. Pour plusieurs, la question de l’octroi du contrat de la route 263 aurait pesé dans la balance pour l’intérêt de certains déneigeurs. «Il fallait aller en soumission. Mais les élus ne peuvent pas solliciter les soumissionnaires», a-t-il tranché avec amertume au sujet d’un nom en particulier qui circulait dans la salle.  Enfin, plusieurs ont fini par se plaindre de la qualité du déneigement actuel «du chemin du ministère».

Parmi les autres dépenses municipales qui ont suscité le questionnement citoyen, notons l’asphaltage entre Trottier Mills et Sainte-Hélène, les investissements dans le presbytère, l’aréna de Trottier, la location des locaux municipaux, la bibliothèque et l’emploi d’une adjointe administrative en plus d’une directrice générale. Au sujet de ce dernier point, le maire Fréchette a rappelé que les gouvernements élèvent de plus en plus leurs exigences, multipliant les tâches des employés.

Suggestions

«Saint-Norbert enlève de l’asphalte dans des rangs, car les chemins sont plus beaux quand ils sont sur la gravelle», a lancé un Chesterestois réclamant simplement des routes carrossables pour l’été, lui qui affirme payer 1500 $ en taxes et ne pas jouir de ce privilège. Mario a suggéré d’aménager les bureaux municipaux dans un édifice appartenant à Sainte-Hélène-de-Chester plutôt que d’en louer. Pour Yvan, l’augmentation serait mieux passée si elle avait été graduelle.

Les démêlés judiciaires entre un résident et la Municipalité, qui exige la démolition d’une maison jugée dangereuse, a également refait surface. «À partir du moment où une municipalité est au courant qu’une personne reste dans une bâtisse dangereuse, on est obligé d’intervenir. Si l’on n’avait rien fait et que ça lui tombe sur la tête, on pourrait se faire actionner pour des millions», a débattu le maire. Ce dossier devrait se dénouer en avril.

L’achat de terrains par Sainte-Hélène dans le but d’y installer un développement résidentiel a aussi été avancé comme solution. «Si l’on achetait pour 80 000 $ de terrains, on se retrouve encore avec un 80 000 $ qu’on n’a pas. On l’a étudié, mais il aurait fallu y faire une rue, etc. Oui, on y a pensé, mais on n’était pas capable. Aujourd’hui, on a des demandes pour bâtir dans les montagnes», a signifié M. Fréchette au sujet de démarches en cours auprès de la Commission de protection du territoire agricole du Québec.

Il a en outre été question, par un citoyen, d’encourager les propriétaires qui n’ont toujours pas construit de bâtiment sur leur terrain à le vendre afin que d’autres puissent s’y établir et rapporter à la communauté. Enfin, Lionel Fréchette a parlé des subventions pour les chemins qui devraient être supérieures en montagnes que dans les plaines. «Je veux que géographiquement, on nous classe autrement.» Maintenant que les doléances citoyennes ont été entendues et les précisions des élus apportées, il faudra voir quelles formes prendront les actions pour ramener le taux de taxation à un niveau qui correspond à la capacité de payer des Chesterestois.