Récolte record pour la Volte-Face

À Victoriaville, la maison d’hébergement la Volte-Face pour femmes et enfants victimes de violence a recueilli une somme record de 15 000 $ avec son cinquième tirage annuel.

Et c’est la toute première fois que l’organisme vend autant de billets, 1500.

L’activité de financement, sous la coprésidence d’honneur du député d’Arthabaska, Eric Lefebvre, et de sa conjointe enseignante Geneviève Laliberté, a connu son dénouement, jeudi, à l’occasion d’un 5 à 7 au pub O’Connell.

Pas moins de 15 prix totalisant 5300 $, dont un crédit-voyage de 1500 $, ont été tirés, en plus du tirage de prix de présence d’une valeur de près de 800 $.

Le choix du 6 décembre, journée internationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, pour la tenue de l’activité ne relève pas du hasard. «Le 6 décembre 1989, 14 femmes de l’École polytechnique ont été assassinées pour ce qu’elles étaient, des femmes. C’est très symbolique, cette journée. On a une pensée pour toutes ces femmes», a confié Jessica Dessureault, présidente du conseil d’administration de la Volte-Face.

La violence conjugale, a-t-elle ajouté, persiste et prend différentes formes et différents visages. «De vous voir ici, c’est que vous en êtes conscients. Vous posez un geste de solidarité avec nous ce soir. Merci de votre soutien à la fois financier et moral», a exprimé la présidente de la Volte-Face.

Geneviève Laliberté, coprésidente d’honneur de l’activité avec son conjoint, le député Eric Lefebvre qui était retenu à Québec. (Photo www.lanouvelle.net)

Le député Eric Lefebvre, retenu à Québec, sa conjointe Geneviève Laliberté a manifesté leur fierté devant les résultats obtenus. «Quand on nous a approchés pour la présidence d’honneur, on a d’abord voulu visiter la Volte-Face. Nous avons été à même de constater tout le travail accompli par l’équipe merveilleuse de Julie (Croteau). Dès lors, c’était clair que nous voulions nous impliquer et faire notre part», a-t-elle souligné, tout en remerciant les contributeurs à la campagne. «Merci à tous de soutenir cette si noble cause, de soutenir les femmes et les enfants pour leur offrir un milieu de vie sécuritaire.»

Représentant la Ville de Victoriaville, le conseiller municipal Yannick Fréchette a fait valoir que le cœur de la communauté réside dans le tissu social remarquable présent à Victo. «C’est grâce à des organismes comme la Volte-Face. Nous travaillons tous pour le même objectif : améliorer la qualité de vie des citoyens et travailler pour que chacun puisse se développer et évoluer dans un environnement sécuritaire. Voilà pourquoi, en juin 2017, le conseil municipal a adopté une résolution proclamant Victoriaville municipalité alliée contre la violence conjugale», a-t-il mentionné.

Cette violence, a-t-il renchéri, peut toucher tout le monde. «Elle n’a pas de visage, ni âge, ni classe sociale. Tel une onde de choc, elle affecte la vie des femmes et des enfants chez nous», a-t-il noté.

Lui, un spécialiste en psychoéducation en milieu scolaire, dit constater l’impact des actions de la Volte-Face.

Yannick Fréchette a plaidé l’importance de dénoncer la violence. «Et nous devons tenter de faire une différence, ne serait-ce qu’en sensibilisant autour de nous. C’est ce qu’on fait ici ce soir, c’est ce que fait la Volte-Face qui travaille d’arrache-pied», a-t-il terminé.

Le conseiller municipal Yannick Fréchette (Photo www.lanouvelle.net)

Le 5 à 7, qu’on voulait festif, a aussi été marqué d’un moment plus sérieux, plus émouvant, avec la présentation vidéo d’un extrait de l’émission Banc public présentant le témoignage d’une femme victime de violence conjugale. «Cela illustre très bien le quotidien, la tension que vit une femme de violence. On comprend aussi ce que vivent les enfants», a indiqué Jessica Dessureault avant la diffusion.

Cette année, justement, la Volte-Face a voulu  mettre l’accent sur le volet jeunesse. «C’est important de voir les impacts sur les enfants. Tout comme les femmes victimes de violence, les enfants ont aussi besoin de se sentir en sécurité, besoin de sentir aussi que leur maman est en sécurité. C’est terrifiant pour un enfant de penser que l’être qu’il aime le plus au monde, sa mère, puisse être blessé», a expliqué Julie Croteau, la DG de la Volte-Face qui propose, en tout temps, une sécurité.

«Les victimes ont besoin de parler de ce qu’elles vivent, besoin d’être entendues et crues, d’être appuyées et déculpabilisées. Elles ont besoin de comprendre qu’elles ne sont pas responsables de cette violence vécue. Les enfants aussi doivent comprendre qu’ils ne sont pas responsables de la violence vécue. Ils doivent comprendre qu’ils ne sont pas responsables de la dispute de leurs parents», a fait valoir Julie Croteau.

Des changements?

La violence conjugale, a exposé Mme Croteau, mène à l’isolement. Les victimes voient leurs liens s’effriter dans les réseaux sociaux et se retrouvent isolées.

«Une façon de les aider, a-t-elle précisé, c’est de rester dans le décor, de rester en lien. Et au moment où elles en auront besoin, elles pourront passer un coup de fil, sachant que vous êtes là. Et à la Volte-Face, on offre aussi des services pour les proches.»

La soirée a permis de nombreux tirages. (Photo www.lanouvelle.net)

Depuis quelques années, on a observé une prise de conscience dans la société à l’effet que la violence conjugale constitue un acte criminel. «Malheureusement, il y a encore des femmes et des enfants blessés et tués. Cependant, on constate un changement. Les femmes vont tenter plus rapidement de sortir de la relation. Elles seront plus conscientes de la violence conjugale. C’est positif, plus rapidement, ces femmes se sortent du cycle», a observé Julie Croteau.

Selon elle, ce que la société peut faire pour protéger femmes et enfants, c’est d’éduquer les jeunes hommes et femmes aux liens égalitaires, de promouvoir les rapports égalitaires. «Ce soir, je me réjouis de vous voir tous réunis, solidaires aux femmes et enfants victimes de violence conjugale. Ensemble, on peut faire avancer bien des causes lorsque nous sommes tous unis contre la violence», a-t-elle conclu.

La Volte-Face

La maison d’hébergement la Volte-Face, qui a ouvert ses portes en 2002, constitue une ressource essentielle, comme en font foi les statistiques.

En 2017-2018, la maison, qui dispose de huit chambres pouvant héberger un maximum de 16 ou 17 personnes, a connu un taux d’occupation de 114%.

Le montant de 15 000 $ généré par l’activité de tirage permettra notamment de payer une partie de la facture annuelle d’épicerie qui s’élève à 24 000 $.

L’argent aidera aussi à consolider les services offerts aux enfants, notamment l’accompagnement externe.