Le troisième cadeau du Parminou : le Théâtre du Campus

Pour souligner son 45e anniversaire, le théâtre Parminou de Victoriaville a décidé en septembre dernier d’offrir huit cadeaux à la population. Mercredi (28 novembre), il a remis son 3e, la pièce «Rien à faire, rien à perdre», de la troupe belge Théâtre du Campus.

Les étudiants de sciences humaines du Cégep de Victoriaville ont eu droit à la première des deux représentations dans le cadre des Mercredis des sciences humaines, directement à l’auditorium de l’endroit. Puis en soirée, c’est la population en général qui était conviée au Centre de création du Parminou où la même pièce était de nouveau offerte gratuitement.

Présentée par des fonctionnaires du Délégué général aux droits de l’enfant de Wallonie-Bruxelles, qui ont joué les acteurs pour l’occasion, la pièce avait pour thème le radicalisme violent. L’équipe dans ce projet a été appuyée par le Théâtre du Campus qui a, tout comme le Parminou, une mission de théâtre d’intervention. Ils sont donc une dizaine de personnes qui sont venues à Victoriaville cette semaine pour offrir cette pièce et également voir comment la radicalisation est vécue et perçue par la population d’ici.

«Rien à faire, rien à perdre» est une pièce de théâtre qui mélange des récits de vie de jeunes belges dits «radicalisés», entrecoupés d’animations théâtrales qui viennent mettre en lumière les comportements des adultes face à ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur dans différentes communautés. «C’est aussi l’occasion de donner la parole aux jeunes», explique David Lallemand, fonctionnaire-comédien. Ce dernier mentionne également que cette pièce donne la chance à l’équipe de sortir de sa zone de confort en faisant ce qu’elle ne fait pas d’habitude. «Ça nous permet d’aborder le sujet différemment, d’exprimer de choses qu’on n’aurait pas pu faire autrement», apprécie-t-il.

Outre David, la pièce met en vedette Bernard Devos, Julie Bierlaire, Karin Van der Straeten et Jean-Luc Nsengiyumva. On les voit jouer tantôt une vieille femme qui a peur de ses voisins, des musulmans, ou encore la mère d’un jeune de 17 ans qui a laissé une lettre et qui est parti en Syrie. Il y a aussi ce père d’une adolescente qui craint que sa fille ne se mette à porter le voile ou cette directrice d’école qui a peur pour la réputation de son établissement à cause d’un élève, Mohamed, qui tient des propos convaincus, qu’elle n’a même pas pris le temps d’écouter.

Quant aux récits de vie, il s’agit de véritables histoires de jeunes belges qui ont accepté d’en témoigner. Quelques points communs à ces témoignages dont le racisme dont ils sont victimes et l’utilisation d’Internet pour répondre à des interrogations, notamment sur la religion. «Ces jeunes veulent être entendus et avoir une utilité sociale», expliquent  les intervenants à la fin du spectacle.

En effet, ils ont pris du temps pour répondre aux questions des élèves en avant-midi et discuter avec eux de ce sujet qui est toujours d’actualité en Belgique, surtout depuis les attentats du 22 mars 2016 (à Bruxelles). Les fonctionnaires-comédiens ont présenté jusqu’à maintenant la pièce à 25 reprises en Belgique et ont accepté de remettre les costumes pour venir la présenter à Victoriaville. Une autre représentation est prévue pour le début du mois de mars du côté de Tunisie.

Toutefois, le message pour expliquer le radicalisme violent continuera d’être porté par le Théâtre du Campus qui a élaboré une autre version de la pièce, campée cette fois par des comédiens professionnels et qui porte le titre de «Radicalement vôtre». Jusqu’à maintenant, les deux versions auront permis de rejoindre presque 20 000 personnes. Prochain cadeau du Parminou? En janvier avec la présentation d’une lecture théâtralisée du texte «Autrement que comme une grande frayeur».

Et le Parminou à Paris

Profitant de cette représentation, Jean-François Gascon codirecteur artistique du Parminou (hôte de la troupe belge), a fait un petit compte-rendu de la participation, la semaine dernière, du théâtre d’intervention de Victoriaville aux Journées de la philosophie organisées par l’UNESCO à Paris.

Jean-François, qui accompagnait les comédiens de la pièce «Qui a tué Freebird?», qui porte également sur la radicalisation, a expliqué qu’ils avaient eu un très bel accueil. «La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a même assisté à une représentation», a-t-il indiqué avec fierté.

Jean-François a souligné que la pièce avait été vue une première fois par 250 élèves parisiens de 14 ans. «C’était le public idéal et nous avons eu une belle discussion ensuite. Pour la deuxième présentation, c’était plus festif comme public, mais il était quand même attentif et ça s’est bien passé», a-t-il raconté. Finalement, la participation a été couronnée de succès et il faudra voir si des retombées suivront, notamment avec le Théâtre Action de Belgique ou le Théâtre de l’Opprimé.