Un ex-employé de collège condamné

Pierre Ellyson, un ex-employé du Collège Clarétain de Victoriaville trouvé coupable de délits sexuels, a été condamné à une peine de neuf mois d’emprisonnement.

En retranchant les cinq mois de détention provisoire équivalant à sept mois et demi (à temps et demi), il lui reste donc à purger, à compter d’aujourd’hui (lundi), 45 jours de détention.

Pierre Ellyson, 66 ans, a été reconnu coupable, le 31 août, d’agression sexuelle par une personne en situation de confiance ou d’autorité et de contacts sexuels.

Les gestes ont été posés entre 1991 et 1994 alors que Pierre Ellyson travaillait pour le Collège Clarétain. (Photo www.lanouvelle.net -Archives)

Les gestes ont été commis entre les années 1991 et 1994 sur un adolescent qui fréquentait le Collège Clarétain.

C’est en toute fin de journée, lundi, que le juge Simon Ricard de la Cour du Québec a imposé la peine après les représentations tenues en fin d’avant-midi.

Comme Pierre Ellyson n’avait pas d’avocat et qu’il souhaitait se représenter seul, le magistrat lui a d’abord expliqué en quoi consistent les observations sur la peine avant qu’entre en scène le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville.

Ce dernier a procédé au dépôt de certains cas de jurisprudence, tout en signalant qu’avec Pierre Ellyson, il ne pouvait s’appuyer sur un rapport prédécisionnel pour évaluer le risque de récidive.  «Mais sa condition de santé et le fait qu’il se soit isolé en lien font en sorte qu’il présente un risque de récidive plutôt faible», a fait valoir le représentant du ministère public.

Dans ses observations, Me Verville a considéré comme facteurs aggravants l’abus de confiance, le lien de confiance, de même que la répétition des gestes qui s’inscrivaient, a-t-il noté, dans une sorte de routine instaurée par Ellyson.

Me Michel Verville, procureur aux poursuites criminelles et pénales Photo www.lanouvelle.net – Archives

Les crimes commis, a aussi dit le procureur, se situent dans le bas de la fourchette des peines. «Je vous suggère une peine entre 6 et 12 mois. En imposant, par exemple, 9 mois et demi, cela signifierait une peine de 60 jours à compter d’aujourd’hui (en tenant compte de la détention provisoire), ce qui pourrait être adéquat», a plaidé Me Verville.

La victime, dans cette affaire, n’a pas assisté à l’audience. «Il ne tenait pas à se faire entendre. Le processus a pesé lourd. Il est passé à autre chose. Mais il se dit satisfait du verdict rendu et il n’a pas formulé d’attente précise concernant la peine à imposer», a confié le procureur de la poursuite.

Appelé à s’exprimer à son tour, Pierre Ellyson a d’abord mentionné qu’une peine de sept mois et demi serait appropriée.

Invité à en dire davantage, le sexagénaire a évoqué des problèmes de mémoire. «Ça fait tellement longtemps que c’est arrivé, je ne me souviens de rien. Et je ne veux pas faire d’efforts pour me rappeler», a-t-il souligné.

Sa situation change une vie, a-t-il précisé aussi, en laissant entendre une possibilité de déménagement. Pierre Ellyson a aussi fait part des difficultés d’adaptation au centre de détention. «Le problème, c’est de vivre dans de petits espaces. Il survient parfois des frictions (avec les autres). Mais c’est correct, ce n’est pas un hôtel, c’est une prison», a-t-il exprimé.

Quand le juge Ricard a évoqué la possibilité d’une probation avec un suivi, Pierre Ellyson s’y est opposé, indiquant qu’il ne rencontrerait pas d’agent de probation. «C’est très difficile de sortir de ça», a-t-il mentionné.

La décision du juge

En faisant connaître sa décision, le président du Tribunal a rappelé les faits, le contexte dans lequel ils se sont produits, «des gestes fréquents, répétés dans le temps» s’échelonnant sur une période d’un peu moins de trois ans.

Le juge Ricard a fait valoir que des distinctions s’imposaient en comparaison avec d’autres cas, qu’ici les gestes posés se situaient au bas de l’échelle de gravité des crimes en matière sexuelle.

S’il note que l’accusé n’avait jusqu’ici aucun antécédent judiciaire, qu’il n’a commis aucune récidive depuis et qu’il n’a pas la preuve d’une détresse, d’une pathologie ou d’une déviance, en revanche, le magistrat a souligné les conséquences importantes subies par la victime.

«Il a longtemps porté un lourd secret, vécu des sentiments de honte et de colère», a indiqué le juge en reprenant des extraits de la déclaration rédigée en juin par la victime.

«Encore aujourd’hui, il doit vivre avec les conséquences des gestes posés par l’accusé qui a profité de sa vulnérabilité pour en abuser», a souligné le juge Simon Ricard précisant qu’en matière d’agression sexuelle, la dénonciation des comportements doit primer.

Simon Ricard avant de devenir juge à la Cour du Québec Photo www.lanouvelle.net – Archives

Bien que tous les types de peine s’offraient au magistrat puisqu’à l’époque, aucune peine minimale n’était établie, le juge a cependant conclu qu’une peine, qui n’inclurait pas une privation de liberté, ne correspondrait pas aux critères de dénonciation et de dissuasion.

Le juge Ricard l’a donc condamné à neuf mois de prison tout en soustrayant la détention déjà purgée, en plus de lui imposer une période de probation de trois ans au cours de laquelle il ne pourra communiquer avec la victime, ni se rendre à son domicile ou à son lieu de travail. Il ne pourra non plus se retrouver seul adulte en présence de personnes de moins de 16 ans.

Pour une période de 10 ans, par ailleurs, il lui sera interdit de se trouver dans un parc, un lieu public où peuvent se trouver des personnes de moins de 16 ans, ni se trouver dans une garderie, un terrain de jeu, un centre communautaire.

Pierre Ellyson ne pourra accepter, non plus, un emploi qui le mettrait en relation de confiance ou d’autorité avec une personne de moins de 16 ans, ni entrer en contact avec ces personnes.

Par ailleurs, Ellyson a réagi quand le juge, comme le prévoit la loi, lui a interdit de posséder des armes pour une période de 10 ans. «Ça n’a aucun sens», a-t-il répliqué faisant valoir que cela n’avait aucun lien avec la présente affaire.

«Si vous n’êtes pas d’accord avec ma décision, adressez-vous à la Cour d’appel», lui a répondu le juge Ricard.

Enfin, Pierre Ellyson verra son nom inscrit à perpétuité dans le registre des délinquants sexuels, ce qui signifie que chaque année, il devra se présenter dans un poste de police pour la mise à jour de ses informations personnelles.

«Je ne ferai pas cela chaque année», a confié l’homme de 66 ans. «Si vous faites défaut aux ordonnances, ce sont des infractions criminelles», l’a prévenu le magistrat.