La certification «10 ans 5 étoiles» dans la mire

Ce n’est pas d’hier que Victoriaville travaille à mettre l’eau à la bouche de ses citoyens. Beaucoup d’efforts ont été consentis pour accéder aux plus hauts niveaux d’excellence en la matière. Reste qu’il faudra bientôt penser à s’occuper de sa principale source d’approvisionnement.

Pour une septième année consécutive, soit depuis que la récompense existe, la Ville a reçu du Réseau Environnement, en octobre, une attestation 5 étoiles pour son eau potable. Toutefois, pour renouveler ce titre d’une année à l’autre, la qualité doit être constante, précise Serge Cyr, directeur du service de l’environnement, qui souhaite atteindre la certification «10 ans 5 étoiles».

À l’emploi de la municipalité depuis 1985, Serge Cyr en a vu de l’eau couler sous les ponts en matière de filtration, d’épuration et de réseau. D’abord, il explique que trois sources d’eau approvisionnent la population de Victoriaville. Il y a le puits de Saint-Christophe d’Arthabaska, que le directeur juge très performant, celui d’Arthabaska, qui est lui-même alimenté par cinq puits artésiens, puis l’usine d’eau potable Hamel. Cette dernière dessert la moitié des habitants et pallie la demande lorsque la pression sur le service s’élève. Elle va donc parfois combler jusqu’à 70% des besoins de la ville. «Les puits sont toujours utilisés au maximum, l’usine de filtration fournit la différence», résume-t-il.

Turbidité

Pour évaluer la qualité de l’eau, on mesure sa turbidité ou, a contrario, sa limpidité. «Si tu prends un verre d’eau et que tu ne vois pas à travers, c’est qu’il y a certains problèmes», image M. Cyr. La norme provinciale est établie à 0,30 UTN. Pour se classer parmi les meilleurs, il faut atteindre une turbidité de 0,10. «La turbidité peut révéler plusieurs éléments, car les matières en suspension peuvent représenter toutes sortes de choses. En réduisant la turbidité, on enlève des particules solides, mais aussi d’autres substances nuisibles.» La limpidité s’avère donc un gage de qualité de l’eau. Pour obtenir les plus hautes distinctions, la turbidité se trouve pondérée par la continuité. «À la sortie des filtres se trouvent des appareils de mesure et le but est d’avoir ce 0,10 et moins 100% du temps», de dire le directeur. Le défi réside dans cette constance et si Victoriaville maintient une moyenne de 0,05, c’est pour précisément ne jamais dépasser les normes qu’elle s’est fixées.

M. Cyr signifie que pour arriver à un tel degré de performance, la Ville a misé, entre autres, sur la «redondance des équipements». Par là, il entend l’acquisition de certains appareils en double, afin de s’assurer qu’en cas de bris, on puisse continuer à ravitailler la population en eau de qualité.

Enfin, le système d’ozonation, acquis dans les années 1990, ainsi que la filtration sur charbon actif biologique permettent à la municipalité de se hisser en tête des plus hauts standards de qualité de l’eau au Québec.

Source d’approvisionnement

Si l’usine de filtration rencontre ses objectifs de pureté, du travail reste à venir concernant la prise d’eau de l’usine. De fait, le réservoir Beaudet perd 1% de son volume par année. «Dans les prochaines années, il faudra s’assurer que le réservoir Beaudet ne se transforme pas en marais», annonce-t-il. Pour ce faire, il prévaut d’une part de freiner l’érosion des berges, due au fort débit de la rivière Bulstrode, pour réduire la quantité de sédiments qui se déversent dans le bassin, qui lui agit comme un «décanteur». D’autre part, le dragage du réservoir, la création d’une réserve d’eau brute et l’installation d’une nouvelle prise d’eau s’inscrivent sur la liste des travaux à réaliser.

Vu l’urgence de procéder, le conseil municipal a sollicité des engagements des candidats lors des dernières élections provinciales pour ce projet de 42 M $ (https://bit.ly/2PotPNi). Puisque le député élu, Eric Lefebvre, et la Coalition avenir Québec ont promis d’y contribuer (https://bit.ly/2OGglXR) dès un premier mandat, on attend désormais de chiffrer cette aide.

Serge Cyr précise que les travaux de dragage devraient commencer en 2021, date butoir pour éviter tout problème et assurer la pérennité du réservoir.

Du côté de l’usine de filtration, la prochaine acquisition pourrait bien être un système ultraviolet. «Ce système désinfecte l’eau. Si l’ozonation tombe en panne pour une raison x, l’ultraviolet pourrait prendre la relève. Actuellement, on utilise aussi du chlore. L’ultraviolet deviendrait un troisième système de désinfection», plaide-t-il.

Mythe du caca d’oie

Certains mythes ont la vie dure. Celui de l’eau souillée par les déjections des oies blanches, en visite au réservoir chaque automne, persiste. Pourtant, les tests effectués au fil des ans démentent toutes contaminations. «C’est une discussion que nous avons depuis longtemps. Nous avions engagé l’Institut Armand-Frappier pour mener une étude complète et ils avaient conclu qu’avec nos traitements, nous n’avions aucun problème pour s’assurer que l’eau était potable.»  À cela, il ajoute que les oiseaux ne sont guère enclins à déféquer dans l’eau. Ils préfèrent procéder à ce besoin sur les berges plutôt que dans l’eau. «Ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, mais le système en place élimine le peu qui s’y retrouve. L’ozone tue tous les micro-organismes dès le départ. Il y a d’autres produits, comme le permanganate de potassium, qui garantit que le traitement est 100% adéquat.» Le directeur confirme donc que les oies ne représentent pas un problème, pas plus qu’une forte pluie, qui lave les terres et les chemins, ramenant d’autres indésirables dans la rivière.

Meilleure qu’en bouteille

Il ne faut pas se leurrer, l’eau embouteillée ne vient pas nécessairement des glaciers. La plupart du temps, elle provient de l’eau des villes, qui a été retraitée puis embouteillée, signale Serge Cyr. Il rappelle que la Ville a produit et distribué des contenants de 5 litres, il y a quelques années, pouvant être mise au réfrigérateur. Il s’agissait tout simplement ne pas revisser le bouchon totalement afin de laisser le chlore s’évaporer. On peut toujours se procurer les récipients à l’hôtel de ville.

«Il faut savoir que l’eau en bouteille est moins contrôlée que l’eau que nous distribuons. Elle se promène en camion, ce qui produit des gaz à effet de serre. Puis le plastique constitue un fléau pour la nature», conclut-il. L’usine d’épuration et le réseau de distribution de la Ville de Victoriaville s’inscrivent aussi dans les groupes d’excellence du Réseau Environnement.