Le CIFIT innove pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre

Le Centre intégré de formation et d’innovation technologique (CIFIT) de Victoriaville tente de contribuer, à sa façon, à l’épineux problème de pénurie de main-d’œuvre que vivent de nombreuses entreprises.

Le CIFIT a présenté, lundi après-midi, une formule novatrice et unique au Québec. Non seulement a-t-on fusionné deux DEP (diplômes d’études professionnelles), ceux d’électromécanique et de mécanique industrielle, mais on enrichit cette formation d’une alternance travail-études (ATE).

La conseillère pédagogique à la formation professionnelle, Mélissa Barthell et la directrice de la formation professionnelle à la CSBF, Isabelle Cantin (Photo www.lanouvelle.net)

Ainsi, sur une formation de 2250 heures échelonnée sur une période de 19 mois, les élèves effectueront trois stages rémunérés totalisant 480 heures, ce qui leur permettra d’empocher un peu plus de 7000 $.

Ces stages, les étudiants les feront dans l’une des 21 entreprises partenaires du projet, des entreprises couvrant l’ensemble du Centre-du-Québec, des entreprises de près d’une douzaine de municipalités.

«Le déploiement de ce grand projet a nécessité près d’un an de travail. Et les entreprises en sont partie prenante. Il fallait qu’elles fassent preuve d’ouverture et qu’elles acceptent un changement dans leur structure. Elles ont embarqué parce qu’elles y croient», a indiqué Mélissa Barthell, conseillère pédagogique à la formation professionnelle.

Toutes les entreprises ne pouvaient être retenues. Il fallait qu’elles répondent aux deux particularités de l’électromécanique et de la mécanique industrielle.

Les responsables, en travaillant sur le projet, souhaitaient une rémunération pour les stagiaires. «Étudier, aller plus souvent en entreprise et être rémunéré nous apparaissaient un attrait pour les élèves», a précisé Mme Barthell.

Les élèves effectueront donc deux stages de trois semaines et un dernier d’une durée de six semaines. Le salaire passera de 14 $ l’heure au premier stage à 14,50 $ au second pour grimper à 15 $ l’heure au dernier stage.

Le CIFIT recevra trois cohortes d’une capacité de 22 élèves par année. Une première cohorte a commencé son parcours le 15 août. Une deuxième se mettra en branle le 12 novembre (il reste quelques places) et la troisième est prévue pour le 15 mars 2019.

Les motivations

C’est le contexte actuel qui a poussé l’équipe du CIFIT à agir. Statistiques à l’appui, la directrice de la formation professionnelle, Isabelle Cantin, a expliqué que le portrait régional, les enjeux économiques et scolaires, ont amené les intervenants à démarrer le projet. «La pénurie de main-d’œuvre nous a interpellés, tout comme la difficulté de recruter des élèves», a-t-elle souligné.

Le besoin est grand, révèlent les chiffres. Depuis 2014, plus de 50 postes d’électromécanicien et de mécanicien industriel sont affichés chaque mois sur le placement en ligne d’Emploi-Québec. «On ne fournit pas à la demande. L’an dernier, plus de 150 emplois étaient offerts dans ces domaines pour 40 élèves diplômés», a fait savoir Isabelle Cantin.

La profession, qui présente d’excellentes perspectives d’emploi, souffre donc d’un important déficit de main-d’œuvre, ce à quoi s’attaque donc le nouveau mode de formation présenté par le CIFIT.

Accueil enthousiaste des entreprises

La compagnie Canneberges Atoka, en raison d’un manque de main-d’œuvre ne pouvait passer outre à un tel projet. «Les électromécaniciens, chez nous, sont indispensables. On a de tout chez nous, soudure, mécanique, électronique et électricité.  Ce sont des métiers d’avenir», a confié Maxime Perron.

Des représentants de 4 des 21 entreprises ont pu témoigner de l’importance du nouveau mode de formation. (Photo www.lanouvelle.net)

Pour Croustilles Yum Yum de Warwick, la participation à pareille initiative était incontournable. «Chez nous, les électromécaniciens sont le gage d’une entreprise performante. Je suis très heureux qu’on revalorise ces métiers techniques qui sont super importants dans une région manufacturière comme la nôtre», a fait valoir le directeur d’usine, Marc-André Laroche.

Directeur des ressources humaines chez Victoriaville et Co (anciennement Vic Royal),  Sylvain Gagné, a dit aussi apprécier cette initiative qui regroupe des employeurs de partout. «Nous sommes plusieurs à mettre les efforts ensemble. Et même si on s’arrache les élèves, nous travaillons ensemble pour ramener le projecteur sur ces métiers indispensables. Nous devons revaloriser ces métiers techniques et encourager la relève dans ces métiers parmi les plus frappés par la pénurie de main-d’œuvre», a-t-il signalé.

Heureux des efforts louables mis de l’avant, André Simard, des ressources humaines de  Rovibec agrisolutions de Nicolet, a déploré le manque de soutien financier du gouvernement et a dit souhaiter que le nouveau gouvernement consolide le financement pour ces métiers en pénurie de main-d’œuvre. «C’est bien beau la main-d’œuvre immigrante, a-t-il dit,  mais on a des jeunes et des moins jeunes qui veulent intégrer le marché du travail.»

En début de rencontre, la présidente de la Commission scolaire des Bois-Francs (CSBF), Paulette S. Rancourt, a fait part de sa grande fierté au sujet de l’annonce d’un «partenariat aussi important». «S’il faut toute une communauté pour éduquer un jeune, il en faut toute une pour éduquer un citoyen et pour lui fournir du travail et pour profiter aussi de son employabilité», a-t-elle exprimé, tout en souhaitant que de tels partenariats se fassent de plus en plus nombreux puisqu’ils contribuent «à garder notre jeunesse dans la région».

La présidente de la CSBF, Paulette S. Rancourt (Photo www.lanouvelle.net)

Alexandre Mailhot et Pierre-Luc Turgeon, les représentants des députés Alain Rayes et Éric Lefebvre, ont aussi salué ce projet, un concept gagnant gagnant pour tous, ont-ils souligné, tant pour les élèves, pour l’école que pour les entreprises.

Campagne publicitaire

La contribution financière des 21 entreprises partenaires a permis l’élaboration d’une campagne publicitaire sur diverses plateformes afin de promouvoir le double DEP avec l’alternance travail-études. «Mais aussi pour démystifier ces métiers. Bien des gens ne connaissent pas ce que font les électromécaniciens et les mécaniciens industriels», a expliqué Mélissa Barthell.

Une campagne qui a pour image de marque «Deviens indispensable» illustrant ainsi le rôle important de ces métiers dans les entreprises.

Pour en savoir plus sur la formation : https://les indispensables.ca.