Il y 25 ans… le regroupement

C’est le 5 juillet 1993, il y a donc 25 ans, que s’est tenue la première réunion du conseil provisoire des ex-municipalités de Victoriaville, Arthabaska et Sainte-Victoire d’Arthabaska, les trois villes ayant accepté de se regrouper.

Un moment historique qui venait mettre un point final à une démarche, initiée à quatre, mais à laquelle la municipalité de Saint-Christophe-d’Arthabaska a finalement renoncé. À cette époque, Pierre Roux était maire d’Arthabaska, Robert Camiré de Victoriaville et Michel Desfossés de Sainte-Victoire.

Dans son livre «Récit d’une vieille gare jamais oubliée», Claude Raymond résume bien le cheminement ayant mené à ce regroupement. «C’est le 11 mai 1992 que le maire Pierre Roux, ainsi que les conseillers Jean-Paul Croteau et Claude Raymond déposaient devant le conseil d’Arthabaska, une étude préliminaire sur un éventuel regroupement avec Victoriaville, Sainte-Victoire et Saint-Christophe d’Arthabaska. Auparavant, MM. Roux, Croteau et Raymond avaient présenté la même étude devant les conseils des municipalités concernées. Dès lors, chacune de celles-ci a adopté une résolution demandant au ministère des Affaires municipales qu’il procède à une étude détaillée du projet. Un comité intermunicipal, coordonné par le conseiller Croteau, a été mis sur pied pour participer, avec le Ministère, à cette étude.

Avant que le projet ne se concrétise, on a décidé de tenir à Arthabaska, où la population était plus réticente, un référendum sur la question. Le conseiller Raymond a alors été chargé de concevoir et d’orchestrer la stratégie référendaire. Finalement, la nouvelle municipalité a vu le jour le 23 juin 1993. Un conseil provisoire, formé des membres des trois anciens conseils (Saint-Christophe-d’Arthabaska s’était retirée du projet entre-temps), a assuré l’intérim jusqu’aux premières élections générales qui ont eu lieu quelques mois plus tard. À ce moment, Pierre Roux, dont l’influence dans le milieu a largement contribué à la concrétisation du projet, a été élu maire de la nouvelle municipalité.

Première réunion historique

La première réunion du conseil provisoire a été présidée par Michel Desfossés et les 22 élus des trois municipalités y siégeaient. Ne manquait que l’ex-maire d’Arthabaska, Pierre Roux, qui, comme l’explique le journaliste Gilles Besmargian de L’Union dans son article du 9 juillet, était en voyage planifié depuis longtemps. Tous ont signé le livre d’or de la municipalité qu’on appellerait jusqu’au référendum, Victoriaville-Arthabaska.

Le nom

Une fois le regroupement décrété, un autre sujet chaud a dû être débattu, celui du nom de la nouvelle municipalité. Plusieurs ont tenté de tirer la couverture de leur côté. C’est un référendum, tenu le 7 novembre, qui a finalement décidé que la ville regroupée porterait le nom de Victoriaville. Mais les citoyens rivalisaient d’imagination pour trouver une appellation à la ville nouvellement créée. Dans L’Union du 30 juillet 1993, on résumait, en ordre alphabétique, tous les noms qui ont été suggérés à l’hebdomadaire qui en avait fait, pendant trois semaines, sa «question de la semaine» : Arthabaska, Arthabaska-Victo, Arthavic, Arthavic Jonction, Artavictoire, Baskavicto, Bois-Francs, Centre des Bois-Francs, Le Tandem, Les Bois-Francs, SylviFranc, Unionville, Univille, Val Saint-Michel, Vallée Saint-Michel, Victabaska, Victo-Arthabaska, Victobaska, Victoriabaska, Victoriaville, Victoriaville-Arthabaska, Ville de Laurier, Ville des Bois-Francs.

Aujourd’hui

Interrogé à savoir comment il trouvait que cette Victoriaville regroupée avait grandi, Claude Raymond, qui était conseiller municipal d’Arthabaska à l’époque de la fusion, a expliqué que tout le monde avait gagné dans le processus de regroupement. «La population était rendue là. Il fallait simplement lui dire», a-t-il souligné en entrevue téléphonique.

Pour corroborer ses propos, il dit avoir vérifié, à l’époque, auprès de plusieurs citoyens des trois municipalités concernées et personne n’était en mesure de définir clairement les limites des trois villes. «Nous étions déjà un seul territoire, une seule et même ville», a-t-il ajouté. Ayant vécu le processus de l’intérieur, il indique que le regroupement a permis à Victoriaville d’avoir une force économique qu’elle n’aurait pas eue autrement. «C’était le bon coup à faire», ajoute-t-il. Un seul bémol, il aurait souhaité que le regroupement se fasse à quatre, en incluant Saint-Christophe-d’Arthabaska. «C’est dommage qu’elle n’ait pas embarqué. On aurait été plus forts», croit-il.

Claude Raymond, avec le recul, a remarqué qu’il y avait eu «une bonne séquence de maires» depuis le regroupement. «Pierre Roux qui a créé l’harmonie pour mettre la nouvelle ville sur les rails. Roger Richard qui a mis de l’argent dans la caisse et consolidé les finances et Alain Rayes qui a mis Victoriaville sur la carte.» Aujourd’hui, il considère que Victoriaville est une belle ville, mais s’inquiète un peu. «Elle est plus discrète à l’échelle provinciale et n’est plus beaucoup dans les débats intermunicipaux», déplore-t-il. Selon lui, en 2018, toutes les villes sont en perte démographique et se battent pour accueillir les nouveaux résidents. «Les villes sont comme un produit sur une tablette de supermarché. Il faut se vendre et il y a de la compétition. Cela demande une présence publique et on est moins dans l’écran public à ce que je constate», termine-t-il en ajoutant toutefois que le développement municipal n’était pas une mince tâche.