La langue à terre tournera au Québec!

La Société Saint-Jean-Baptiste du Centre-du-Québec (SSJBCQ) a annoncé fièrement avoir recueilli une somme de 10 000 $ pour soutenir le travail des coréalisateurs, Michel Breton et Jean-Pierre Roy, afin de rendre accessible, en version DVD, leur percutant documentaire La langue à terre, un long métrage à teneur politique sur l’anglicisation du Québec qu’ils avaient réalisé en 2013.

Pour souligner l’événement, une projection du film s’est déroulée, jeudi soir au Carrefour de L’Érable à Plessisville, la société locale ayant aussi contribué à la campagne de financement, et ce, en présence des coréalisateurs eux-mêmes et de la journaliste Louise Blanchard qui avait collaboré à l’œuvre.

Constatant la négligence et le manque de soutien du gouvernement libéral envers la langue officielle du Québec, la SSJBCQ considère qu’il appartient aux organismes qui oeuvrent dans le domaine culturel et aux divers mouvements citoyens de réagir pour éviter que la situation ne se dégrade davantage. «Ainsi, pour ne pas laisser dépérir encore plus le français au Québec, tous les moyens sont bons et la diffusion de ce DVD peut devenir un moyen puissant pour éveiller les consciences», a énoncé Gisèle Denoncourt, directrice générale de la SSJBCQ et initiatrice de la campagne de financement.

Dans un Québec qui s’anglicise à vue d’œil, ce film de 88 minutes, qu’ils avaient réalisé parce qu’ils s’inquiétaient de la bilinguisation accélérée du paysage visuel et sonore de Montréal, est plus que jamais d’actualité aujourd’hui «parce que c’est encore pire qu’il y a cinq ans», de commenter MM Roy et Breton.

«Il faut se prendre en main, car de toute évidence on dort au gaz. Nous laissons aller trop les choses. Ceux qui ont connu les batailles pour le Québec français sont amèrement déçus, surpris et choqués par le film qui présente un Québec français qui est en train de se faire envahir par l’anglais. Les Québécois sont tellement inquiets de ne pas être bilingues, eux et leurs enfants, qu’ils sont prêts à larguer le français comme langue d’usage commune dans l’espace public», relate M. Roy.

M. Breton met également en garde les gens qui vivent en région et qui ne se rendent pas compte de la situation à Montréal. «Il y a une déconnexion. Le Québec est coupé en deux et le film est là pour essayer de rendre les Québécois, dans leur ensemble, conscients de ce qui se passe réellement», a-t-il ajouté précisant que l’anglicisation débordait maintenant les frontières de Montréal atteignant aussi ses banlieues.

«On a survécu pendant 400 ans en français. Il faut que les nouvelles générations soient conscientes de ce patrimoine et de cette richesse culturelle, linguistique et historique que nous avons, et ça, c’est le travail des parents, des éducateurs et des médias de le promouvoir et de le protéger», a conclu M. Roy.