Anne-Marie Croteau, une Victoriavilloise devenue doyenne

C’est une Victoriavilloise d’origine, Anne-Marie Croteau, qui, le 1er juin, sera la première femme à occuper les fonctions de doyenne de l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia à Montréal.

Créée il y a une cinquantaine d’années, cette faculté d’administration accueille quelque 9300 étudiants de tous les coins de la planète.

En entrevue au téléphone, la nouvelle doyenne manifeste sa joie, n’ayant jamais pu imaginer qu’un jour une «fille de Victo» – née à Arthabaska, précise-t-elle – puisse ainsi accéder à la direction d’une école anglophone, l’une des plus importantes en Amérique du Nord.

Dès l’annonce de la nouvelle de sa nomination – le 25 mai – Mme Croteau recevait une avalanche de courriels de félicitations. «Je pense que les gens sont contents que je provienne de l’interne; ça fait 20 ans que je suis à Concordia. Je pense aussi que les gens me font confiance, que j’apporterai un côté rieur à la fonction sans négliger l’aspect performance. «We can talk to you», me disent certains.»

Un long et riche parcours

Fille de la regrettée Madeleine Aubert et de l’ex-maire de Victoriaville, Jean-Paul Croteau (1999-2001), Anne-Marie Croteau possède une longue et riche feuille de route, tant comme professeure, chercheuse qu’administratrice. Elle siège d’ailleurs au conseil d’administration de la Société de l’assurance automobile du Québec et à celui d’Hydro-Québec.

Lorsque la spécialiste en technologies de l’information raconte son parcours, partant de ses études au cégep de Victoriaville en sciences de la santé jusqu’à son doctorat en administration de l’Université Laval d’où elle a été, en 1998, la première femme à obtenir un diplôme spécialisé en systèmes d’information organisationnels, on a l’impression que c’est tout en douceur et toujours sur invitation qu’elle a fait ses choix.

«C’est vrai, je n’ai jamais eu de plan de carrière. En apprenant la programmation, dans les technologies de l’information, j’avais choisi un domaine où les métiers n’existaient pas vraiment.»

Sa carrière a été ponctuée de nombreux prix, tant pour ses recherches que pour son enseignement. La revue Maclean’s l’a classée, sept années consécutives, parmi les professeurs les plus populaires de Concordia.

Au cégep, elle avait un rêve, celui de devenir médecin. «Mais je n’avais pas les notes.» Remarquant toutefois ses performances en mathématiques, le conseiller en orientation l’aiguillait vers les mathématiques actuarielles. Elle a choisi ce programme et Concordia pour apprendre l’anglais. Elle y a décroché un baccalauréat pour ensuite en décrocher un autre en administration à l’École des hautes études commerciales, puis une maîtrise en sciences de la gestion, toujours versée dans les technologies de l’information.

Elle dit avoir eu la «piqûre» de la vie académique aux HEC par le prof d’économie Jacques Raynauld, duquel elle a été assistante de recherche. «Il cherchait quelqu’un capable de dessiner des caractères graphiques.»

Doyenne, elle ne pourra plus enseigner les technologies de l’information comme elle le faisait jusqu’à maintenant. Mais elle garde à l’esprit la mission pédagogique qui l’a toujours animée.

«Il faut pouvoir répondre aux besoins des étudiants, s’assurer que nos programmes soient à jour. Il faut aussi se projeter dans le futur, faire en sorte que nos étudiants puissent occuper des emplois pertinents et stimulants.»

Elle pourrait parler longuement de l’évolution des technologies de l’information, de la «quatrième révolution», celle des objets connectés. Elle dit qu’il faut appuyer tout autant les chercheurs que les entrepreneurs. Que ces derniers puissent, par exemple, trouver des solutions et des stratégies d’affaires dans les technologies… plutôt que le contraire.

La dame de 53 ans, mère d’un adolescent de 14 ans, n’a jamais envisagé de se lancer en politique… comme son confrère de classe, André Bellavance, ex-député fédéral et maintenant maire de Victo.

«Comme doyenne, on a un devoir de neutralité absolue; il n’est donc pas question pour moi de politique partisane.» Mais de la «politique», elle considère qu’elle en fera d’une certaine façon… pour défendre les intérêts de l’École de gestion John-Molson (JMSB).

«Sa vision globale, son engagement auprès des étudiants, sa facilité à obtenir des résultats de même que son ouverture à la collaboration entre facultés en matière de recherche et de programme cadrent parfaitement avec nos vecteurs stratégiques. Réfléchie et authentique, elle a acquis la confiance et le respect de ses collègues de la JMSB et de toute l’Université», a affirmé Graham Carr, vice-recteur exécutif aux affaires académiques, dans le communiqué annonçant sa nomination, publié sur le site de Concordia.