Droits humains et pauvreté

Il y a quelques jours, lors de la période de questions à l’Assemblée nationale, le chef de l’opposition, Jean-François Lisée, demandait au premier ministre du Québec s’il était prêt à soustraire 20 millions $ des 700 millions $ correspondant à la hausse salariale des médecins québécois, et cela, dans le but d’augmenter le crédit d’impôt à la solidarité pour les personnes les plus vulnérables de notre société.

On annonce une hausse importante du coût de l’alimentation pour 2017 et il y a explosion des demandes dans les banques alimentaires. Naturellement, en bon politicien, M. Couillard a parlé abondamment sans répondre à la question.

Le surplus budgétaire de 1800 millions $ qu’a réalisé le gouvernement du Québec en coupant dans les services à la population a fait particulièrement mal aux personnes les plus vulnérables, selon la Protectrice du citoyen, Raymonde St-Germain. Pourtant, au lieu d’améliorer le sort des personnes les plus vulnérables, le gouvernement prévoit des allègements fiscaux de l’ordre de 394 millions $ qui profiteront davantage aux contribuables les plus riches.

Le dernier rapport de l’ONU sur la situation des droits humains au Canada arrive à la conclusion suivante : «Compte tenu du niveau élevé de développement du pays, le Comité est préoccupé par le nombre important de personnes vivant dans la pauvreté. Il note aussi avec inquiétude que les peuples autochtones, les personnes handicapées, les mères célibataires et les groupes minoritaires ont toujours des taux plus élevés de pauvreté, et s’inquiète de l’efficacité limitée des mesures prises pour remédier au problème.»

La pauvreté est un déni des droits humains (civils, politiques, économiques, sociaux et culturels) en plus de réduire l’espérance de vie d’au moins 10 ans. Si on peut juger de la maturité d’une société par la façon dont elle traite ses membres les plus vulnérables, nous sommes obligés de constater que le Québec régresse actuellement et que les intérêts financiers, individuels ou corporatifs, sont en train de prendre le pas sur les valeurs de partage et de solidarité.

Saviez-vous que lors de l’adoption de la loi de l’aide sociale en 1970, la prestation qui était offerte à toute personne qui n’avait pas suffisamment de revenus, couvrait 73% des besoins essentiels ? Aujourd’hui, en 2016, la prestation ne couvre que 46% des besoins et avec les pénalités prévues dans le programme Objectif-Emploi, il ne restera que 23% des besoins qui seront couverts. Voilà comment on a réduit l’aide de dernier recours qui était censé protéger contre le dénuement total.

Comme citoyens et citoyennes du Québec, est-ce vraiment la société que nous désirons pour nous et les nôtres? Si nous en croyons tout le déploiement de générosité et d’énergie que nous sommes à même d’observer en cette période-ci de l’année (Noël du Pauvre, guignolée des médias, etc.), nous ne le croyons pas. Les valeurs de justice, de partage et de solidarité sont encore largement partagées par l’ensemble de la population. Cela démontre l’abime qui se creuse entre les aspirations de la population et les décisions prises par la classe politique.

Il s’agit maintenant de nous faire entendre haut et fort auprès de ceux qui prétendent être à notre écoute.

Coalition pour les droits des personnes assistées sociales de la Mauricie et du Centre-du-Québec (Droits Devant/Érable fait partie de cette coalition)