Après Rio, Charles Moreau rêve à Tokyo

Le paracycliste victoriavillois Charles Moreau est de retour au bercail. Un comité d’accueil l’attendait, mardi soir, à la vélogare du Grand-Tronc pour célébrer ses succès paralympiques à Rio.

Moreau a exhibé ses deux médailles de bronze, précieusement conservées dans des boitiers de bois brésilien. L’athlète n’a pas seulement ramené ces disques métalliques de Rio, mais aussi une fierté palpable et un sentiment du devoir accompli.

Il a rêvé de cette aventure pendant nombre d’années. Rio a été pour lui le couronnement d’années d’efforts et de sacrifices. Réaliser cet ambitieux projet l’a notamment contraint à développer une expertise dans les campagnes de financement de tous genres puisque les athlètes paralympiques sont loin de bénéficier du même traitement que leurs compatriotes olympiques.

Avec l’or au cou, un olympien canadien touche 20 000 $ par médaille décrochée. L’argent permet d’encaisser 15 000 $ alors qu’une médaille de bronze rapporte 10 000 $. Cette prime valorisant la performance est octroyée par le Fonds d’excellence des athlètes du comité olympique canadien. Les athlètes paralympiques n’y sont pas admissibles. Moreau n’a donc pas touché un sou. Il espère néanmoins que ses performances à Rio paveront la voie à de nouvelles ententes importantes visant à le soutenir financièrement. Sa renommée sur la scène nationale a été galvanisée par ses deux podiums.

«J’espère bien être en mesure de dénicher des ententes à long terme avec d’autres partenaires majeurs. Ça me permettrait de diminuer la fréquence des campagnes de financement. C’est exigeant et ça devient tannant de toujours solliciter les gens», a-t-il commenté, remerciant au passage ses partenaires de longue date pour leur soutien.

Moreau croit en ses chances de ficeler quelques pactes de commandite au cours des prochains mois. Il a, par la même occasion, confirmé que son rêve olympique n’est pas terminé. À 34 ans, Moreau est l’un des plus jeunes athlètes de l’élite mondiale dans sa discipline. Une fenêtre s’ouvre devant lui. Il amorcera un autre cycle olympique en vue des Jeux de Tokyo, au Japon, dans quatre ans. «La crème mondiale avoisine actuellement 40 ans. Le défi est donc très intéressant pour moi», a-t-il poursuivi.

Moreau ne cache pas que la poursuite de son rêve olympique est intimement liée à l’appui financier qu’il recevra. Déjà supporté par plusieurs entreprises de la région, il voudrait diversifier quelque peu la source du soutien financier obtenu. Si les astres s’alignent comme il l’espère, il sera de retour en piste avec une expérience olympique de surcroît.

L’équipe paracycliste canadienne a ramené neuf médailles au pays. Elle en avait raflé deux à Londres il y a quatre ans. «On visait trois médailles à Rio. L’objectif a donc été largement dépassé. Ce devrait être bon pour la Fédération, qui devrait bénéficier d’un soutien accru», a-t-il souligné.

Rio a été la meilleure performance de l’histoire paracycliste nationale, éclipsant Atlanta, en 1996, où sept médailles avaient franchi les douanes canadiennes.

Aussitôt revenu du Brésil, Moreau prépare déjà sa prochaine activité de financement. Son traditionnel cocktail dînatoire aura lieu le 11 octobre, à la Place 4213.

Présent à la vélogare, le maire André Bellavance a par ailleurs fait savoir que Victoriaville honorera très prochainement ses deux paralympiens, les premiers à vivre l’aventure des Jeux depuis la bosseuse Stéphanie St-Pierre, lors d’une cérémonie protocolaire. Outre Moreau, Guillaume Ouellet s’est aussi rendu à Rio pour prendre part aux finales du 1500 mètres et du 5000 mètres. Il a terminé respectivement neuvième et quatrième.