Le bronze pour parler de la culture autochtone

Depuis quelque temps, l’artiste Nattaway (Chantal Simard) utilise le bronze pour ses œuvres qui ont toujours comme thème ou inspiration la nation autochtone.

Étant elle-même métisse, elle a à cœur la mise en valeur de cette nation et a toujours une multitude de projets artistiques en tête, notamment avec le bronze qui lui permet désormais de s’exprimer de belle façon.

Même si elle a été un peu ralentie par un accident de voiture l’hiver dernier, qui lui a laissé un léger traumatisme crânien, Nattaway est de retour dans l’atelier et lors de nombreux symposiums. Et peu importe où elle se retrouve, Chantal a toujours avec elle ses gardiens des quatre directions, autant de statues créées dans le cadre d’un projet réalisé avec des étudiants de niveau collégial des Premières Nations à l’école Kiuna d’Odanak.

La Victoriavilloise a profité de ce projet de 2014, intitulé Mi-l’un mi-l’autre mais tous uniques pour lequel elle a obtenu une bourse du CALQ, pour parler de métissage. De cela est née une œuvre collective faite avec les élèves, mais aussi les quatre personnages en bronze.

Déjà, ses gardiens ont été exposés du côté du Musée des Religions de Nicolet et ont connu un bel accueil. L’artiste est bien fière de ses sculptures qui ont nécessité une longue recherche et un souci du détail impressionnant. Et puisqu’elle les a réalisées dans le cadre d’un projet avec les jeunes, elle a promis de remettre une partie de l’argent des ventes en bourses d’études pour les participants. «Puisque j’ai déjà vendu une série, j’ai remis des bourses de 300 $ à cinq étudiants qui ont fait le projet», explique-t-elle en ajoutant qu’il est primordial pour elle de donner un retour sur ce que les étudiants ont fait avec elle.

Elle sait maintenant que ses œuvres sont reconnues et appréciées, ce qui lui fait dire que ses recherches sont solides. «Certaines de mes œuvres sont inspirées et d’autres sont plus documentées», note-t-elle. Dans le cas des gardiens, les œuvres ont été élaborées avec grand soin, respectant la symbolique des quatre peuples, des quatre saisons, des quatre étapes de la vie, etc.

«Il n’y a pas de mythologie qui indique vraiment à quoi ressemblent les gardiens. Mais on sait que tous utilisaient le même fondement», a-t-elle découvert. Les recherches lui ont permis de vêtir ses personnages de façons différentes. Même chose pour les mocassins qui respectent ceux de l’époque et les objets sacrés. «Ceux qui connaissent la culture vont reconnaître les détails», affirme-t-elle.

Chaque gardien se tient bien droit et fièrement. Il y a le gardien du printemps et de l’est, celui de l’été (on devrait dire celle de l’été puisque c’est une femme) et du sud, un autre pour l’ouest et l’automne et, le dernier, du nord pour représenter l’hiver.

Et une cinquième pièce viendra s’ajouter à l’automne pour compléter cette série qui suscite déjà beaucoup d’intérêt notamment pour la culture autochtone. «C’est un privilège pour moi de parler de cette culture. Je me dois donc de faire beaucoup de recherches», croit-elle. Nattaway prend son inspiration de départ dans son identité (son père était Algonquin et sa mère d’origine acadienne). Elle est parvenue à trouver sa place là-dedans et est une véritable ambassadrice pour les communautés autochtones même si elle-même n’a jamais vécu au sein d’une réserve. «Les gens ont appris à me connaître. Ils voient mon intérêt et savent que je redonne», apprécie-t-elle. Nattaway ne prétend pas tout connaître de la culture des Premières Nations, mais ce qu’elle donne comme message c’est la vérité. C’est la mission qu’elle s’est donnée.

Chantal Simard a choisi un créneau artistique bien particulier. Cela restreint un peu les événements auxquels elle peut participer. Elle continue à peindre des toiles, mais apprécie tout particulièrement les trois dimensions de la sculpture sur bronze.

Cette matière noble est pour elle tout à fait appropriée pour le sujet qu’elle aborde. «Même la méthode de fabrication des sculptures n’a pas changé au fil des ans. C’est toujours fait par l’être humain, ce que j’apprécie et qui va bien avec ce que je fais, souligne l’artiste. D’autres sorties sont prévues pour les quatre gardiens.