Hugues Martel : Chinois d’adoption, mais toujours Victoriavillois de coeur

ARTS. Même s’il habite en Chine depuis une quinzaine d’années, Hugues Martel est toujours un Victoriavillois de cœur. En vacances dans la région cette semaine, il a parlé de sa vie là-bas, de son entreprise, mais aussi de sa fibre artistique qu’il continue à entretenir.

Le fils de Madeleine Garand et de Ronald Martel en est d’ailleurs à sa troisième visite dans sa ville d’origine cette année. «Je m’ennuie du Québec», dira-t-il d’entrée de jeu en entrevue devant un bon café. Il profite de ses séjours afin de rendre visite à ses parents et il n’exclut pas l’idée de venir installer une succursale de son entreprise dans la région, ce qui lui permettrait de diviser son temps entre la Chine et le Québec et être plus près de ses parents et amis. Il a aussi un jeune fils de 18 mois qu’il souhaiterait bien voir grandir ici…

Mais pour le moment, sa vie se déroule en Chine, plus précisément entre Shangai, Suzho et Shenzhen où son entreprise, PureArts, gère un studio d’animation 2D, un d’animation 3D (le 3e en importance en Chine) ainsi qu’une usine de jouets (figurines).

Et même si PureArts est encore une jeune entreprise (cinq ans), elle a déjà à son actif plusieurs récompenses pour des films d’animation. Il y a quelques semaines, elle a remporté le prix Snow Wolf Animation Comics (l’équivalent d’un Oscar chinois) pour son film Roco Kingdom 4.

Déjà, les films d’animation précédents crées par PureArts se sont taillés une bonne réputation dans le domaine, notamment avec, Zarafa (un film qui ressemble à ceux de Disney). Cette production de 90 minutes a été faite selon la bonne vieille méthode, avec crayon et papier avec des artistes de talent qui sont à la base de l’entreprise. Puis, pour le second film, les créateurs ont été outillés d’ordinateurs et de tablettes afin de faire un film digital 2D, L’iincroyable secret de Loulou , réalisé avec la boîte Française Prima Linea. «Un film qui avait la qualité du papier et qui a décroché le César du meilleur film d’animation», souligne Hugues.

Ensuite, avec la compagnie chinoise Tensent, c’est une idée de jeu vidéo qui a été transformée en film d’animation 2D avec décors en 3D (Roco Kingdom 4) qui a retenu l’attention. Et les projets actuels se dirigent de plus en plus vers le 3D.

Hugues Martel se retrouve à la tête de ces créations et continue de rechercher des projets pour en arriver à produire et réaliser des films.

Malgré le fait qu’il doit être un gestionnaire pour faire tourner la boîte, il demeure un artiste et n’hésite jamais à prendre le crayon pour certains projets, notamment pour la création des dessins des figurines (dont celles du dernier Assassin’s Creed Syndicate) tout simplement parce qu’il aime ça. «J’ai une gestion très main-à-la-pâte, mais je veux m’entourer d’une équipe de gestionnaires», souhaite-t-il. Cela lui permettrait de mettre son temps à d’autres projets, peut-être plus créatifs.

Et même s’il vient de fêter son 41e anniversaire, il garde son cœur d’enfant et aime encore les jouets, ce qu’il confie sans problème. «Pour ma fête, mon père m’a demandé ce que je voulais et j’ai choisi trois personnages de Star Wars vus chez Canadian Tire», indique-t-il.

Hugues raconte même qu’à l’âge de 5 ans, il écrivait à la compagnie Mattel afin de créer une ligne de jouets. C’est donc dire que sa passion des figurines ne date pas d’hier. Et dans ce créneau, PureArts se classe avantageusement parmi les plus grands fabricants.

Et parlant de jeux, son entreprise commence à s’intéresser aux jeux vidéo (les anciennes amours d’Hugues) en ouvrant un petit département en ce sens. «Je me considère toujours comme un artiste qui veut se donner les moyens de faire de très grandes choses», ajoute-t-il.

La sculpture demeure une autre grande passion lui qui sculpte des nus qu’il fait parfois couler à Inverness. Il achète aussi et restaure des pièces magnifiques qu’il aimerait bien pouvoir exposer ici au Québec.

«Mais j’aime encore beaucoup la Chine. Là, on a encore le droit de rêver», apprécie-t-il. Mais cela n’empêche pas que ses grandes réussites et ce rêve qu’il vit là-bas, il voudrait le partager avec ses proches. «Je suis heureux, mais c’est un gros sacrifice que d’habiter aussi loin», termine-t-il.