Une autre Trudeaumanie qui se déploie

Les libéraux ont connu une remarquable remontée dans les plus récents sondages. Selon les coups de sonde également, les Canadiens sont plus que jamais partants pour du changement à Ottawa. Le taux de participation record du vote par anticipation laisse présager que les conservateurs devront laisser leur place à un autre parti au pouvoir. La voici donc se déployer de plus en plus, cette deuxième «Trudeaumanie» appréhendée par plusieurs.

Je l’avoue, je suis un peu gêné de vanter les mérites du libéral Justin Trudeau, moi qui suis un nationaliste québécois. Mais dans les circonstances, Trudeau me semble être celui qui doit diriger le Canada dans les prochaines années. Son penchant pour la classe moyenne, ses idées de gauche et son attitude envers le Québec, me semble être autant de facteurs qui aideront la cause de la souveraineté du Québec, et ce, malgré lui! Du pire, il nous reste le meilleur, comme qui dirait! Alors, oublions Harper et Mulcair.

Bien sûr, il n’a pas le même charisme, ni le franc-parler, ni la culture dont jouissait son père et qui lui avaient assuré la victoire aux élections fédérales de 1968, devenant ainsi pour la première fois premier ministre du Canada. Mais Justin Trudeau conjugue jeunesse, humanisme et modernité. Ce n’est pas le plus grand tribun que nous ayons connu, mais parfois il est surprenant et déstabilisant.

On a dit de lui qu’il était vide, qu’il manquait de contenu et de substance. Ce n’est plus tout à fait le cas et sa performance lors des derniers débats en a surpris plus d’un. Ses attaques dirigées contre Stephen Harper ont été bien ciblées.

Cette longue campagne électorale nous a permis de mieux découvrir ce jeune politicien qui projette une image de renouveau et d’espoir, qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain John F. Kennedy en pleine campagne électorale au début des années 60. La comparaison peut sembler très exagérée, je sais, mais bon je l’ose. Son image de bon père de famille a son effet sur un pan de la population canadienne, particulièrement dans les autres provinces. Au Québec, on se méfie encore trop de l’héritage de son père.

Mais l’opération séduction Trudeau est tentante à certains égards pour bien des Québécois qui verraient un des leurs se porter à la défense des intérêts du Québec au fédéral. La tentation est belle aussi de revoir un Québécois redevenir premier ministre.

Trudeau a réussi à bien s’entourer et sa machine libérale a pris de la plus-value ces derniers temps. Des vétérans de son parti veillent sur lui et assurent ses arrières. Justin Trudeau est sans doute le libéral le plus à gauche que nous ayons vu depuis des lustres à la Chambre des communes. Mais bon, n’oublions pas qu’il est aux prises avec un parti figé dans ses traditions. Trudeau fils représente quelque chose qui peut ressembler à du renouveau au fédéral. Une vague rouge remplacera une autre vague orange qui était prévue!

Alors, au risque de faire rire de moi, le 19 octobre au soir, je prédis tout de même que Justin Trudeau sera le prochain premier ministre du Canada. Mais je n’aurai pas voté pour lui!

Yvan Giguère

Saguenay