Je refuse l’euthanasie active…

… c’est-à-dire que la mort soit provoquée par administration de substances, faisant de cette « aide médicale à mourir » un mode de suicide étatisé . Il est primordial de bien nommer un acte aussi grave, qui sape la base morale de l’humanité : « Tu ne tueras point ». L’euthanasie passive qui est assimilée à la suspension des soins, d’après le dictionnaire, est un droit fondamental tout comme l’est le refus de traitements si invasifs qu’ils réduisent la qualité de vie (même s’ils en allongent la durée). Les maisons de soins palliatifs sont nées d’un grave manquement de l’état qui ne se soucie guère d’accompagner chaque personne jusqu’à ses derniers jours dans la dignité.

Ayant vu ses conditions de travail se dégrader atrocément ces vingt dernières années, un préposé aux bénéficiaires m’a dit récemment qu’ils ne peuvent laisser un patient manger par lui-même si c’est «trop long» et que, avant d’être changée, «la couche doit être bien pleine » par souci d’économie! Avec 14 personnes gravement atteintes par préposés, il n’est bien sur pas question de pouvoir les accompagner aux toilettes…

Si le ministre Barrette et cet avocat Jean-Pierre Ménard, d’une arrogance imbuvable (Le Devoir du 3-9-2015 pA5), s’ils subissent un jour de telles conditions, cette aide médicale à mourir pourrait bien les tenter…

Le mandat des maisons de soins palliatifs assure à la personne en fin de vie qui en bénéficie, d’être accompagnée jusqu’au bout avec respect et amour. Ça mérite une immense gratitude. Ce devoir humain primordial pallie presque toujours à l’idée d’hâter sa fin. Quand on constate que dans de nombreux hôpitaux, les naissances naturelles sont maintenant des cas d’exception car provoquer la naissance, «ça facilite la job », on peut bien craindre dans une telle société que de pouvoir officiellement précipiter un décès soit bientôt comptabilisé dans la case rentabilité.

La vie est sacrée et je refuse catégoriquement votre « aide médicale à mourir ».

 

Sylvie Berthaud

Bénévole pour la Fondation Albatros offrant du répit aux aidants naturels

qui accompognent un proche en fin de vie.