Le Pavillon de l’Assuétude en péril?

«Si le règlement sur les coupures à l’aide sociale est adopté par le gouvernement, ça pourrait entraîner la fermeture pure et simple de nos deux points de services qui comprend une quarantaine d’employés.»

C’est ainsi que dénonce la réforme annoncée par le ministre François Blais le 28 janvier dernier par le directeur général du Pavillon de l’Assuétude, Alexandre Ratté.

Selon ce dernier, les 11 centres de thérapie en Mauricie et Centre-du-Québec sont menacés. 80% de la clientèle toxicomane reçoit de l’aide sociale. «Ce n’est pas la première fois que nous sommes menacés par des coupures gouvernementales. Je ne suis pas surpris, mais je commence à être tanné. Je travaille ici depuis 1997 et c’est la 4e ou 5e fois que ça arrive. Pourquoi si souvent? Parce que si je me fie à l’opinion publique, la clientèle toxicomane n’est pas bien vue.»

Le Pavillon de l’Assuétude détient deux points de services, un à Shawinigan et l’autre à Saint-Guillaume, et de 300 à 350 personnes font appel aux services. «Nous avons un budget de 1,8 M $ dont l’ensemble est normé. Nous sommes un des rares centres de thérapie qui reçoit une subvention de l’Agence de santé, mais c’est insuffisant. On refuse autant de clients que nous en recevons par manque d’espace, et pour des clients dont nous ne pouvons pas répondre à leurs besoins comme des personnes avec une déficience.»

Advenant une fermeture des centres de thérapie, où cette clientèle pourra être soignée? «Il existe un réseau public de traitement qui est subventionné par le ministère de la Santé. Pour notre territoire, il s’agit de Domrémy. Il fonctionne déjà à plein régime. Je ne veux pas répondre pour eux, mais je suis convaincu qu’ils ne pourront pas répondre à la demande», ajoute M. Ratté.

L’effet domino

Si le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) réalise les coupures, «les économies seront ridicules, opine le directeur général. On va déshabiller Pierre pour habiller Paul, et ça prend plus de linge à Paul. Il y aura des impacts monétaires aux ministères de la Justice, de la Santé, et de la Sécurité publique. Les personnes toxicomanes qui passent par les palais de justice ont des contraintes légales de compléter une thérapie. En n’ayant plus d’endroits, elles devront revenir devant le juge, et plusieurs seront incarcérés. Tout est relié. Je me demande pourquoi les ministères au sein d’un même gouvernement ne se parlent pas entre eux! On est en train de s’organiser pour des moyens de pression.»

Rencontre

Mercredi dernier, le directeur général a rencontré le député de Saint-Maurice Pierre Giguère afin de l’informer du dossier. «La rencontre a bien été. M. Giguère a pris le temps de nous écouter et de comprendre l’enjeu. Il fera des représentations auprès du ministre Blais et si ça ne fonctionne pas, nous allons trouver autre chose.»

En chiffres

30 jours de thérapie dans un centre communautaire équivalent financièrement pour le gouvernement à:

2 jours en centre hospitalier; 10 jours en centre de réadaptation en dépendance; 12 jours en centre de détention.

Liste des organismes certifiés en dépendances en Mauricie et Centre-du-Québec

-Aux Rayons du Soleil

-L’Autre Côté de l’Ombre

-Le Grand Chemin inc. (Trois-Rivières)

-Le Refuge des Rescapés

-Maison Carignan inc.

-Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska

-Maison de transition de la Batiscan

-Maison Jean Lepage

-Pavillon Alternatif inc.

-Pavillon de l’Assuétude (Saint-Guillaume)

-Pavillon de l’Assuétude (Shawinigan)